Tous les employés du Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) de Sainte-Dorothée ont commencé à être testés le lundi 6 avril alors que le Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CISSS de Laval-CSN confirme un total de 174 résidents infectés à ce jour.
Le Centre de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval continuait les tests du personnel encore le mardi en soirée à cet endroit devenu symbolique pour tout le Québec.
Jusqu’au dimanche 5 avril, seulement les employés avec des symptômes étaient testés. Or, après l’importante augmentation du nombre de cas parmi les infirmières, préposés et même le personnel de cuisine, l’ensemble des travailleurs a demandé à être testé.
«La décision de tester tous les employés repose sur l’importance d’obtenir un portrait complet de la situation, et, de limiter la contamination communautaire qui pourrait être occasionnée par des employés asymptomatiques, indique Judith Goudreau, porte-parole du CISSS de Laval. Cette décision est prise avec la collaboration de l’INSPQ et du MSSS (Institut national de Santé publique et ministère de la Santé) afin de respecter les meilleures pratiques recommandées par ces instances.»
Dépister les résidents
Le vendredi 3 avril, le CISSS de Laval avait déjà pris la décision de dépister tous les résidents du CHSLD Sainte-Dorothée. Cette opération a démontré que 69 résidents de plus étaient infectés à la COVID-19.
Cependant, le CISSS de Laval n’indique toujours que 105 cas pour le CHSLD Sainte-Dorothée dans le bilan qu’il dresse quotidiennement son site Web.
Du renfort
Du personnel clinique d’autres installations a été déplacé vers le CHSLD Sainte-Dorothée afin de soutenir le centre, l’un des plus durement touchés par la crise sanitaire dans tout le pays.
«Moi, je suis au bureau syndical au CHSLD Sainte-Dorothée tous les jours jusqu’à 15h pour donner de l’équipement aux employés si jamais ils en manquent, explique François Houle, premier vice-président de la CSN du CISSS de Laval. Tous les employés du CHSLD Sainte-Dorothée doivent désormais porter de manière obligatoire des masques, jaquettes, gants et de la protection oculaire. On a reçu vendredi, une grosse commande pour assurer ce port obligatoire.»
Des infirmières spécialistes en gestion d’intervention sont maintenant sur place pour s’assurer du respect des mesures de protection et prévention.
Masques N95
Le CISSS de Laval assure qu’il fera un suivi des équipements de protection pour chaque employé qui devra en porter. Deux livraisons par jour sont assurées pour l’instant.
«On est aussi en train de faire des démarches pour que des masques N95 soient débloqués pour le CHSLD Sainte-Dorothée, ajoute le vice-président du syndicat. On a une réunion (mercredi 8 avril) pour cordonner la possible réception de ces masques qui sont nécessaires à la réalisation de certaines procédures spécifiques.»
Transfert du personnel
Depuis le 26 mars, des employés avaient déjà sonné l’alarme en confiant leurs inquiétudes au <@Ri>Courrier Laval<@$p>. Ils déploraient une mauvaise gestion du matériel de protection depuis de nombreuses semaines. De même qu’ils considèrent que les mesures prises pour protéger le personnel n’ont pas été suffisantes alors que les cas explosaient.
Le Syndicat dit avoir mené son enquête sur l’origine des infections au coronavirus parmi ses membres.
«Deux préposés aux bénéficiaires avaient des symptômes le 22 mars, mais la direction du CHSLD Sainte-Dorothée ne voulait pas leur faire passer de test de dépistage», soutient François Houle, premier vice-président de la CSN du CISSS de Laval.
Le vice-président du syndicat est convaincu que le transfert de personnel entre les établissements du CISSS de Laval a contribué à répandre la COVID-19 à Sainte-Dorothée et dans trois autres CHSLD de la ville.
«Il y a au moins une centaine de cas confirmés et, pourtant, le personnel se promène encore d’un étage à l’autre, expliquait l’un des travailleurs désirant garder l’anonymat. On ne comprend pas pourquoi les employés ne sont pas testés alors qu’ils se promènent dans les différents centres depuis le début.»
Le syndicat affirme que depuis le dimanche 5 mars, le transfert des employés d’un établissement à l’autre a été complètement arrêté.
Sans masque au début
Rappelons que les employés du CHSLD de Sainte-Dorothée se sont vus obligés de rentrer travailler sans masque jusqu’au 29 mars alors qu’il y avait déjà 11 personnes infectées et 1 décès en lien avec la COVID-19.
«Les infirmières et préposés de jour n’ont jamais porté de masque et maintenant tout le monde est malade», affirment au moins deux travailleurs.
La situation a été seulement corrigée le lundi 30 mars. Depuis, les directives du CHSLD donnent accès à deux masques par quart de travail pour chaque infirmière et préposé aux bénéficiaires.
D’autres employés affirment que tout le monde porte des gants et jaquettes jaunes depuis le début de la crise. Par contre, «les problèmes sont survenus parce que des infirmières et préposés ont travaillé plusieurs semaines sans masque, tout en restant très proches des patients.»
«On suit toutes les directives de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) pour protéger les travailleurs de la santé à Laval, expliquait Dr Olivier Haeck, responsable de la prévention et du contrôle des infections au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval, la semaine dernière. On a envoyé plus de masques au CHSLD Sainte-Dorothée pour nous assurer que le personnel les utilise en tout temps. La direction du Centre nous assure que les mesures de sécurité ont été respectées.»
Isolement obligatoire?
Des travailleurs du CHSLD Sainte-Dorothée se sont aussi plaints des consignes données par leurs supérieurs concernant l’isolement obligatoire. Certains d’entre eux, qui ont travaillé sans masque et qui ont été en contact avec des patients testés positifs, n’ont pas été renvoyés à la maison.
«Ç’a été très mélangeant pour les travailleurs parce qu’en premier lieu, les directives du Centre étaient de renvoyer à la maison toutes les personnes ayant été en contact avec des cas confirmés, ajoute un employé. La journée suivante, ils nous ont dit qu’on devait rentrer travailler pareil.»