La Ville aura finalement recours à l’emprunt pour financer la construction de la nouvelle cour municipale qu’elle s’était pourtant engagée à payer au comptant en décembre dernier.
À l’assemblée municipale du 4 juin, un règlement d’emprunt de 30 M$ a été adopté dans la division au terme de 20 minutes d’échanges entre les élus.
«Il est temps de cesser d’augmenter le fardeau fiscal des Lavallois», a lancé le chef d’Action Laval et conseiller de Val-des-Arbres, Achille Cifelli, le premier à réagir. «L’endettement de la Ville grimpe à une vitesse incontrôlable», a-t-il soutenu en évoquant le programme triennal des immobilisations (PTI) 2024-2026 qui fera bondir la dette municipale de 500 M$ d’ici 2027.
Réserves insuffisantes
Au moment d’adopter le PTI, en décembre 2023, il avait été convenu de payer les 60 M$ à même «les liquidités de la Ville afin d’éviter un règlement d’emprunt supplémentaire», rappelle le Service de la planification et réalisation de projets dans un sommaire décisionnel soumis au comité exécutif dont le Courrier Laval a obtenu copie.
On y précise que «cette décision était basée sur un surplus estimé à 30 M$ pour 2023» alors que dans les faits, le surplus fut trois fois moindre.
«Le fait de maintenir le paiement du projet au comptant fragiliserait les excédents libres de la Ville. Il est donc recommandé par le Service des finances de procéder à un règlement d’emprunt visant le financement d’une portion du projet, soit 30 M$», poursuit-on.
Du coup, on suggérait «de retourner à l’excédent de fonctionnement non affecté un montant de 12 M$ en provenance de l’excédent de fonctionnement affecté au projet de la cour municipale».
Or, à l’ordre du jour de la séance municipale, le point 11.11 décrétant un emprunt de 30 M$ se résumait plutôt à «autoriser» un «virement» de 12 000 0000 à l’excédent de fonctionnement non affecté, ne manque pas de dénoncer au passage le chef intérimaire de Parti Laval et conseiller de Fabreville, Claude Larochelle, qui y voit une tentative de «camouflage».
Argumentaire
Conseiller d’Action Laval dans Saint-Bruno, David De Cotis a accusé le parti au pouvoir de manquer de «courage politique» en choisissant d’aller tout de même de l’avant avec ce projet qui n’est «pas nécessaire» à ses yeux.
«Dans l’entreprise privée, quand l’argent n’est pas là, les projets, on les arrête. C’est la façon responsable de gérer un budget», a fait valoir M. De Cotis, rappelant que c’est l’argent des contribuables dont il est ici question.
Le vice-président du comité exécutif et conseiller de Sainte-Dorothée, Ray Khalil, qui agissait en remplacement du maire Stéphane Boyer, a rappelé l’état de vétusté avancé de la cour municipale, soulignant que la relocalisation de ce «service essentiel» est inévitable si on veut éviter tout bris de service. M. Khalil a aussi indiqué que dans un souci de saine gestion des finances publiques, le comité exécutif «repousse des projets toutes les semaines».
Sa collègue de Duvernay-Pont-Viau, Christine Poirier, qui siège également à l’exécutif, a renchéri, affirmant qu’on ne gère pas une ville comme une entreprise privée: «On n’est pas là pour faire des profits […] on doit gérer de façon responsable et prévoyante.»
Gestion des surplus
Quant à Claude Larochelle, qui a voté contre le règlement d’emprunt de 30 M$, il ne conteste pas le besoin d’une nouvelle cour municipale, mais plutôt la façon dont l’administration gère ses surplus accumulés depuis des années.
Il s’est dit «surpris» de cette «nouvelle proposition de financement» quelques mois après qu’on a annoncé que ce projet de 60 M$ serait payé au comptant à même les «différentes réserves».
En rappelant les sommes colossales versées au comptant pour régler la facture de la Place Bell et du complexe aquatique, M. Larochelle a mis en lumière le fait que ces réserves se font aujourd’hui plus rares.
Le règlement d’emprunt a été adopté à 12 voix contre 6.
Emplacement
La nouvelle cour municipale s’érigera sur le terrain adjacent à l’hôtel de ville actuellement en rénovation au 1, Place du Souvenir.
Le futur bâtiment, qui couvrira une superficie de quelque 6200 mètres carrés, est prévu pour accueillir quotidiennement environ 300 personnes, employés et usagers confondus. Y logeront une magistrature, le greffe de cette cour, six salles d’audience, des bureaux pour les procureurs et une zone de détention temporaire.
Rappelons que l’actuelle cour municipale, qui loge dans l’ancien hôtel de ville de Pont-Viau, à l’entrée du pont, a atteint la fin de sa vie utile. Sa relocalisation est évoquée depuis l’inauguration de la station de métro Cartier au printemps 2007.
Avec la relocalisation à venir de la caserne de pompiers de Pont-Viau, la Ville disposera ainsi de 150 000 pieds carrés, équivalant à deux terrains de soccer, pour redévelopper ce secteur hautement stratégique du vieux Pont-Viau.
À lire également: Une cour municipale payée 60 M$ au comptant
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