Le controversé projet du complexe cinématographique Trudel Studios connaîtra son sort le mardi 30 janvier prochain.
Ce soir-là, les élus municipaux se réuniront en assemblée extraordinaire pour approuver ou rejeter les règlements modifiant le schéma d’aménagement et le code de l’urbanisme, dont la consultation publique tenue le 13 décembre se poursuit par écrit jusqu’au vendredi 12 janvier prochain.
C’est à cette même séance de la fin janvier 2024 que le rapport de consultation sera déposé au conseil, ce qui a fait réagir Stéphane Beaulac, un résident de Saint-François opposé au projet. «Comment le conseil municipal va pouvoir prendre une décision éclairée?» a-t-il demandé.
Présidente de la Commission de la révision du schéma d’aménagement et de développement du territoire de Laval, chargée de tenir la consultation, la conseillère municipale et membre du comité exécutif, Christine Poirier, a indiqué que les élus auraient accès au document quelques jours avant l’assemblée décisive. «On aura l’occasion de prendre connaissance du rapport en détail, ne vous en faites pas!».
Scepticisme
L’intervenante suivante, Diane St-Laurent, s’est montrée sceptique.
«J’ai l’impression que les dés sont déjà jetés et que la réunion de ce soir [13 décembre] n’en est pas une de consultation, mais pour faire avaler la pilule.»
Ce à quoi Mme Poirier a répondu: «On est ici pour écouter les citoyens; c’est sûr qu’on ne serait pas devant vous ce soir si on était pas favorables au projet […] Le projet a changé et est encore susceptible de changer […] On est vraiment ouverts à entendre vos commentaires qui sont importants et qui peuvent avoir un impact.»
La présidente de la Commission a alors évoqué le plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA), une approche d’évaluation qualitative des projets au moment d’une demande de permis. «On n’est pas demain matin à la première pelletée de terre», a-t-elle ajouté.
Reste que le calendrier des étapes à venir, selon que la Ville aille de l’avant avec le projet, prévoit une mise en chantier dès le printemps prochain.
À la toute fin de l’assemblée, une citoyenne prénommée Nadira, inquiète pour la suite des choses, a demandé si la Ville pouvait «quand même» autoriser le projet «malgré toutes ces interventions [défavorables] et le refus majoritaire des résidents de Saint-François».
Christine Poirier a aussitôt fait valoir que rien n’était joué, affirmant que dans le passé des projets ont déjà été retirés en raison d’une forte opposition citoyenne, sans toutefois être en mesure d’identifier au Courrier Laval un de ces projets.
Subterfuge dénoncé et pétition
Plus tôt en soirée, Jimmy St-Germain, cofondateur du groupe Facebook St-François – écosytèmes et résilience qui regroupe 1400 membres, a eu des mots durs à l’endroit de l’administration Boyer.
«Je considère que la pétition positive de l’an passé organisée par l’équipe de monsieur Trudel et, cette année, le changement au schéma d’aménagement pour empêcher la tenue d’un registre référendaire éventuel constituent des aveux implicites que le promoteur et la Ville ne veulent pas que la population du quartier se prononce sur le projet parce qu’ils se doutent que les résidents se prononcer[aient] contre».
Précisons ici que les modifications au schéma d‘aménagement tout comme les règlements de concordance visant à rendre la réglementation d’urbanisme conforme au schéma révisé ne sont pas assujettis au processus d’approbation référendaire.
«Il nous apparaît évident que cette situation se veut un moyen pour réduire le pouvoir d’agir des citoyens, à la limite de ce que permet la loi», déplorait pour sa part Jonathan Tremblay, co-porte-parole de la Coalition Mobilisations Citoyennes Environnementales de Laval, dans un courriel du 6 décembre.
Cinq jours plus tard, l’organisme mettait en ligne une pétition sur le site de l’Assemblée nationale afin de demander à la ministre des Affaires municipales de maintenir la possibilité d’ouvrir un registre pour la tenue d’un référendum. On lui réclame également de mandater la Commission municipale du Québec (CMQ) pour enquêter sur le processus de changement de zonage et la démarche d’acceptabilité sociale entourant le projet de la Cité du cinéma.
Enfin, qu’ils soient favorables ou non au projet, les citoyens peuvent transmettre leurs questions, avis et commentaires jusqu’au 12 janvier à l’adresse courriel assemblees.urbanisme@laval.ca
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