Le maire Stéphane Boyer, qui se dépeint comme un entrepreneur dans l’âme, a témoigné de l’importance de s’inspirer des meilleures pratiques dans le monde et d’oser le changement lors d’une conférence prononcée dans le cadre d’Évolution Laval, le 31 mai.
Un message qui cadrait parfaitement avec la thématique de cet événement initié par la Chambre de commerce et d’industrie de Laval, où de grands leaders reconnus à l’échelle internationale ont partagé avec la communauté de gens d’affaires leur expérience en matière de développement durable, d’écofiscalité et de culture d’innovation.
Modèles d’inspiration
M. Boyer a fait un retour sur la mission en Europe du Nord, qui l’a mené en mars dernier dans des pays qui affichent les indices de bonheur les plus élevés du monde. Quatre villes innovantes de taille et de climat comparables à Laval ont été visitées dans l’objectif d’apprendre de leurs succès en termes d’aménagement urbain, d’adaptation aux changements climatiques, de transport actif et collectif et de politique d’habitation.
«Ce que j’ai vu en Europe, j’espère pouvoir l’appliquer ici chez-nous», a-t-il fait valoir en évoquant deux développements majeurs à venir à Laval, dont le grand chantier prévu dans l’ancienne carrière Lagacé derrière le palais de justice.
Carré Laval
À Malmô en Suède, il a été inspiré par «l’un des premiers quartiers carboneutres à l’échelle mondiale», créé de toutes pièces en l’espace de cinq ans, qu’il décrit comme «un laboratoire d’architecture et de design».
Stéphane Boyer a rapidement fait le lien avec la Cité de l’innovation carboneutre à échelle humaine que son administration rêve d’implanter dans le Carré Laval, cette carrière désaffectée délimitée à l’est par l’autoroute des Laurentides et au nord par le boulevard Saint-Martin.
«Cet immense terrain appartient à la Ville», a-t-il rappelé. Dévoilé en 2020, le projet sur la table est un quartier sans voiture où cohabiteraient tout un écosystème en recherche et hautes technologies et quelque 3000 logements.
REM de l’Est
Un mois suivant cette mission en pays nordiques, le maire Boyer réunissait à Laval ses homologues de Montréal-Est, Terrebonne, Mascouche et Repentigny pour faire pression sur le gouvernement afin que le tracé du futur REM de l’Est relient ces quatre municipalités.
Le premier magistrat de Laval cite en exemple Ørestad, un écoquartier de Copenhague, au Danemark, qui s’est développé tout autour d’un mode de transport similaire au Réseau express métropolitain (REM) qu’on a osé construire dans un champ au milieu de nulle part, image-t-il.
«Une approche qu’on doit importer au Québec», poursuit le trentenaire qui voit déjà émerger un «quartier exemplaire» du dernier grand secteur voué au développement résidentiel sur l’île Jésus, celui situé au sud de l’avenue Marcel-Villeneuve, dans Duvernay-Est.
Si on veut en finir une fois pour toutes avec le «tout à l’auto», il faut repenser nos façons de faire, sinon on est condamnés à «reproduire les erreurs du passé», a-t-il soutenu.
Leader de l’écofiscalité
Exhortant les entrepreneurs à prendre, sinon à poursuivre l’inexorable virage du développement durable et ainsi réduire leur empreinte carbone, le maire Boyer prêche par l’exemple.
Il a abordé le Plan climat 2021-2025, qui se décline en quelque 375 actions au coût de 276 M$, mais surtout le train de mesures écofiscales qui en découle.
À ce propos, Laval fait figure de «leader», a-t-il pu constater aux assises annuelles de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) tenues il y a un mois à Gatineau. La conférence qu’il a prononcée sur le sujet a été la plus courue, attirant plus de 450 élus.
Mesures vertes
En clair, son administration encourage les bons comportements en taxant ceux qui occasionnent de lourdes dépenses à la Ville. Par exemple, cette nouvelle taxe imposée selon la superficie des surfaces pavées occupée par des immeubles à vocation commerciale et industrielle au centre-ville, un incitatif à verdir ou redévelopper ces aires de stationnement qui créent des îlots de chaleur et causent les surverses.
Le million de dollars que générera cette redevance en 2023 contribuera à couvrir une partie des coûts de construction des bassins de rétention souterrains, rendus nécessaires pour éviter les déversements d’eaux usées dans la nature lors de fortes pluies et en période de fonte des neiges.
Dans la même foulée, Laval taxe désormais les appareils de chauffage résidentiels alimentés au mazout, cette source d’énergie étant 100 fois plus polluante que l’hydroélectricité. Les fruits qu’elle récoltera de cette nouvelle taxe serviront à financer davantage la conversion de ces systèmes à l’électricité, l’aide financière municipale passant cette année de 1000 à 2000 dollars par foyer.
En plus de diversifier ses sources de revenus pour mieux financer ses pratiques écoresponsables, la Ville contribue à faire prendre conscience aux contribuables de leur impact environnemental et à favoriser leur transition écologique.