La Clinique de la douleur de l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé lance une pétition pour que les 2000 patients sur les listes d’attente élective depuis deux 2 ans puissent avoir accès à un spécialiste en douleur chronique.
«Il y a des demandes de consultation qui remontent à 10 ans, explique Pierre Mainville, spécialiste en douleur chronique à la Cité de la Santé. On fait des épurations régulièrement, mais elles ne donnent pas grand chose. En bout de ligne, ce qu’on fait, c’est éteindre les feux. Le plus souvent, on ne répond qu’aux demandes faites par des spécialistes à l’intérieur de l’hôpital.»
Selon la Clinique, en novembre 2019, il y avait encore 300 patients sur la liste prioritaire depuis 6 mois et 2000 autres sur une liste d’attente élective qui pourraient attendre deux ans ou plus avant d’avoir un rendez-vous.
La pétition, disponible en ligne jusqu’au jeudi 13 février, demande le recrutement de plus de spécialistes, un budget pour acheter de l’équipement de pointe et un programme d’intervention multidisciplinaire qui permettrait de mieux répondre à la demande.
Plus de spécialistes
«Il y a très peu de services, très peu de cliniques de douleur et l’accessibilité est quand même très réduite, déclare Pierre Mainville, spécialiste en algologie depuis 20 ans. Donc, on a besoin d’un programme d’effectifs médicaux (PEM) pour favoriser le recrutement de nouveaux médecins.»
Le principal problème réside sur le fait que les spécialistes en algologie ne sont pas reconnus par le Collège des médecins du Québec. Cette non-reconnaissance du programme empêche les cliniques de créer PEM qui permettrait de recruter et assurer la relève médicale.
«On a fait des nombreuses demandes auprès de la direction de la Cité-de-la-Santé pour implanter de nouveaux programmes multidisciplinaires, mais rien ne change. Aussi, on essaie de recruter des médecins de famille par la bande, mais le gouvernement ne favorise pas que les médecins de famille développent une spécialité.»
«Il y a deux ans, on a même essayé de faire venir un psychiatre français spécialisé en migraine et douleur faciale, mais compte tenu qu’il y a pas de PEM, ça n’a pas fonctionné.»
Maladie mécomprise
Le gouvernement aurait avantage à investir chez les personnes âgées qui vont représenter 50 % de la population au Québec d’ici 20 ans, croit l’équipe de la Clinique.
Selon le docteur Mainville, il y a énormément de préjugés envers les patients qui souffrent de douleur chronique parce que «les gens pensent que c’est dans la tête du patient, que c’est psychologique ou que c’est des vieux paresseux, comment-t-il. Du point de vue médiatique, pour le gouvernement, ce n’est pas payant non plus. Cela ne touche pas les enfants ou les maladies populaires comme le diabète.»
La Clinique de la douleur a réalisé une étude de cas pour calculer combien un patient coûte au gouvernement.
«On a calculé le nombre de jours d’hospitalisation avant la prise en charge par nos spécialistes et le nombre de jours après la prise en charge par la clinique, explique l’algologue qui travaille à la Cité-de-la-Santé depuis 11 ans. Le gouvernement pourrait faire des économies de 80 000 $ pour un seul patient pris en charge par la Clinique de la douleur.»
Contacté par le Courrier Laval, le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval préfère ne pas commenter le dossier.