Le dimanche 26 novembre, la présidente du Conseil du trésor du Québec, Sonia LeBel, a été accueillie devant les bureaux de Radio-Canada par des centaines de manifestant.e.s présents dans le cadre de sa participation à l’émission de télévision Tout le monde en parle.
Selon la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), c’est plus d’un millier de professeurs de partout au Québec qui étaient présents pour faire valoir leurs revendications à Sonia LeBel.
En entrevue à Tout le monde en parle, celle qui porte la parole du gouvernement aux tables de négociations a eu l’opportunité de se faire entendre sur plusieurs sujets, en commençant d’entrée de jeu par rassurer les manifestant.e.s: «Pour nous, leurs enjeux sont forts importants. On est très conscients du rôle qu’un.e enseignant.e joue dans la société et je les comprends de vouloir manifester leur point de vue.»
Au lendemain de l’émission, le Courrier Laval a discuté avec André Arsenault, président du Syndicat de l’enseignement de la région de Laval (SERL), qui a exprimé son point de vue par rapport à plusieurs enjeux abordés par l’élue lors de l’émission.
Syndicats et flexibilité
Le point le plus alarmant pour le président du SERL réside en la perspective qu’a Sonia LeBel des syndicats et de leurs objectifs: «Dans son message, elle disait vouloir prendre soin des enseignants, mais, en même temps, c’étaient les »méchants syndicats », a-t-il constaté. C’est comme si le gouvernement faisait une distinction entre les syndicats et ses membres. Pourtant, on est là pour représenter les enseignant.e.s et nos demandes viennent des enseignant.e.s à travers les assemblées générales.»
Lors d’une intervention centrée autour de la déclaration de François Legault demandant aux syndicats d’être plus «flexibles» la semaine dernière, Sonia LeBel a expliqué: «La flexibilité, il faut comprendre que ce n’est pas de prendre les enseignant.e.s et les infirmier.ère.s et de faire n’importe quoi avec eux. Il faut qu’on se comprenne. La flexibilité, c’est envers les syndicats, naturellement, pas envers les gens du réseau.»
«On est très souples et très flexibles, réplique André Arsenault. C’est drôle qu’elle utilise ce discours-là, parce que, dans les classes et les écoles, s’il y a des gens qui sont flexibles et souples, ce sont vraiment les enseignant.e.s. Ils se débrouillent avec rien pour que l’école puisse fonctionner.»
Affectations
L’une des priorités gouvernementales dans cette ronde de négociations est de déplacer le moment lors duquel les enseignant.e.s sont affectés à un poste d’août à juin.
«Pourquoi le réseau de l’éducation n’est pas capable de faire ses affectations de postes plus tôt pendant l’année?» interroge Sonia LeBel, lors de l’émission.
«Ça ne change rien, soupire le travailleur lavallois en réponse au questionnement soulevé. Que je fasse [les affectations] au mois de juin ou au mois d’août, s’il manque d’enseignant.e.s, il va encore manquer d’enseignant.e.s. Il faut vraiment qu’ils améliorent les conditions de travail.»
Le président syndical a aussi soulevé le point qu’il y a toujours un mouvement important du personnel à la saison estivale et qu’il juge important de permettre à ses membres d’accéder à ces postes.
«Ils veulent donner les classes les plus faciles aux nouveaux enseignant.e.s, ajoute-t-il. Mais, des classes les plus faciles, il n’y en a pas. Il faut qu’ils revoient la composition pour équilibrer les classes, c’est ça qui est important.»
Aides à la classe
«Aujourd’hui, on ne peut pas me demander aux tables de négociations des solutions qui semblent très logiques, mais qu’on ne peut pas mettre en œuvre, a déclaré la caquiste sur les ondes. Je vous donne un exemple: baisser les ratios; le nombre d’étudiant.e.s par classe. Je le comprends, mais si demain matin j’accepte, on ne sera pas capable de [respecter l’engagement], on manque d’enseignant.e.s. Pour l’instant, ce qu’on met sur la table, ce sont les aides à la classe.»
Tel que mentionné lors d’une précédente entrevue, André Arsenault juge que l’aide à la classe «empêche de parler de la vraie solution, qui est la composition de la classe.»
«C’est sûr que les enseignant.e.s vont être contents de recevoir de l’aide, c’est normal, complète-t-il. Sauf que, ça ne peut pas être juste ça la solution.»