L’administration Boyer songe à réglementer la distribution de sacs contenant du matériel publicitaire en sol lavallois.
Hier soir, le conseiller de Laval-des-Rapides et responsable des dossiers liés à la transition écologique au comité exécutif, Alexandre Warnet, a déposé un avis de proposition en ce sens.
Comme l’a fait Mirabel en 2019 et Montréal le mois dernier, M. Warnet suggère de revoir le modèle de distribution à la faveur du principe d’adhésion volontaire.
Cela impliquerait d’inverser le modèle existant, alors que TC Transcontinental distribue actuellement le Publisac à toutes les portes à l’exception de celles où est apposé l’autocollant «Pas de circulaires».
La proposition, qui sera débattue et votée à la prochaine assemblée du conseil municipal, le mardi 7 juin, est à l’effet de confier à la direction générale le mandat «d’analyser la possibilité d’interdire la distribution de sacs contenant du matériel publicitaire sur le territoire de la Ville de Laval, tout en autorisant la possibilité d’une adhésion volontaire pour les citoyens».
Motifs
Le proposeur, qui préside aux destinées de la Commission permanente sur l’environnement et la transition écologique au sein de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), a notamment évoqué les efforts que déploie Ville de Laval pour réduire son empreinte écologique et les déchets à la source.
Parmi les autres motifs étayant sa recommandation, M. Warnet fait valoir que «les sacs contenant du matériel publicitaire génèrent une quantité importante de plastique» et que leur «recyclage […] exerce une pression importante sur les centres de tri» tout en rappelant que «la vente et la distribution de sacs de plastique à usage unique sont déjà interdites pour tous les commerces lavallois».
Presse locale à consulter
Considérant que les hebdomadaires Courrier Laval et Laval News sont distribués avec le Publisac, la direction générale de la municipalité aurait également pour mandat «de consulter le milieu de la presse lavalloise pour trouver des pistes de solution concernant une possible diminution de leur distribution», peut-on lire dans l’avis de proposition.
Modèle «non viable»
De son côté, TC Transcontinental, propriétaire du Publisac, soutient que le modèle de distribution par adhésion – communément appelé opt-in – n’est pas viable pour la distribution de porte en porte en raison de «sa complexité et des coûts prohibitifs qu’il engendrerait».
Si bien que dans les jours suivant la récente décision de la Cour supérieure, rejetant sa requête en nullité du règlement de la Ville de Mirabel sur la distribution d’imprimés publicitaires, l’entreprise annonçait qu’elle mettait fin à son service Publisac dans cette municipalité de la couronne nord.
Dans l’attente de son appel de cette décision rendue le 20 avril dernier, TC Transcontinental a confié à Postes Canada la distribution du matériel publicitaire imprimé de ses clients à Mirabel.
Montréal emboîte le pas
Le 11 avril dernier, la mairesse Valérie Plante annonçait pour le mois de mai 2023 l’implantation du système d’adhésion pour la distribution de circulaires sur l’ensemble de l’île de Montréal. Ainsi, à pareille date l’an prochain, les publicités y seront uniquement distribuées à la porte des propriétaires et locataires qui en manifesteront le désir par le biais d’un autocollant prévu à cet effet.
«Ce règlement nous permettra de réduire à la source une quantité importante de papier et de plastique en circulation à Montréal», explique Valérie Plante, qui chiffre à plus de 40 millions le nombre de circulaires qui remplissent annuellement les centres de tri et les sites d’enfouissement de la métropole. Elle précise que son administration s’est fixé l’objectif ambitieux de faire de Montréal une ville zéro déchet d’ici 2030. «Avec ce règlement, nous permettons aux personnes qui le souhaitent de continuer de recevoir les publicités, tout en agissant avec ambition pour le bien de notre planète et de la population.»
Lors d’un sondage réalisé en 2019 dans le cadre d’un processus de consultation, 82 % des répondants montréalais s’étaient prononcés en faveur de la mise en place d’un système d’adhésion volontaire, n’a pas manqué de rappeler la mairesse Plante.
Réaction
Le jour même, TC Transcontinental réagissait en affirmant qu’une telle mesure entraînerait la fin de la distribution du Publisac à Montréal.
«Dans le contexte inflationniste actuel, et au moment où la population doit faire face à la hausse des prix sans précédent, la pertinence sociale et économique du Publisac est plus grande que jamais», a déclaré par voie de communiqué Patrick Brayley, vice-président principal du Groupe Distribution de TC Transcontinental.
«En effet, le Publisac, en plus de donner accès à des rabais aux consommateurs, permet la distribution des journaux locaux à un coût avantageux, répond au besoin des commerçants d’attirer la clientèle en magasin et faire face aux géants du commerce en ligne, et génère des milliers d’emplois directs et indirects. Nous comptons faire valoir nos droits et ceux de nos clients si nécessaire», ajoutait-il.
Quant à la présidente du conseil d’administration, Isabelle Marcoux, elle affirmait que TC Transcontinental collabore depuis trois ans avec la Ville de Montréal à l’atteinte d’objectifs de réduction à la source, d’optimisation du recyclage ainsi qu’à la création d’une économie circulaire du plastique au Québec. «Nos gestes et investissements récents démontrent d’ailleurs notre engagement solide envers ces objectifs.»
La multinationale réitère que l’option de retrait (opt-out), le système actuellement en vigueur, est simple et efficace pour ceux qui ne souhaitent pas recevoir le Publisac. Elle en donne pour preuve les 200 000 ménages québécois qui s’en prévalent, dont environ 120 000 foyers montréalais.