Suite au déclenchement d’une grève surprise au cours de la matinée du mardi 30 janvier, les travailleuses de la cafétéria se sont vues refuser le droit d’entrer au Collège Montmorency pendant deux jours.
Du mardi 30 janvier au lundi 5 février, les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses de la cafétéria du Cégep Montmorency-CSN étaient en grève.
Piquetant sur le trottoir devant le cégep lavallois, les employées militaient pour une augmentation de salaire.
En plus d’être déçues de la réaction de leur employeur, soit le Groupe Compass Canada, les femmes ont également profité de l’occasion pour souligner le manque de solidarité dont fait preuve la direction du Collège Montmorency à l’égard de leur lutte.
Déclenchement
Le mardi 30 janvier au matin, les travailleuses de la cafétéria ont déclenché une grève surprise, c’est-à-dire une grève sans dépôt de préavis.
Le groupe composé d’une quinzaine de militant.e.s a annoncé la grève aux personnes présentes devant la cafétéria, leur lieu de travail, pendant quelques minutes avant de se diriger vers l’extérieur, accompagné par la sécurité du Collège.
À l’extérieur, la situation s’est corsée. Selon les représentants syndicaux, les gardiens de sécurité se sont adressés au groupe de façon «cavalière et impolie» en leur demandant d’aller sur le trottoir. Ils auraient menacé d’appeler la police s’ils refusaient de se déplacer.
Les grévistes souhaitaient discuter avec la direction du Collège. La sécurité a donné l’assurance que la requête serait transmise aux personnes concernées. Entre temps, leur présence était interdite au sein de l’établissement, pas même pour aller à la salle de bain.
Interrogée face à la situation, Véronique Leboeuf, directrice du bureau de la performance institutionnelle et de l’innovation aux communications au Collège Montmorency, a répondu: «Je ne peux pas vous dire que cela n’a pas eu lieu, comme c’était une grève surprise, mais il y a eu rapidement un ajustement de part et d’autre et on a encadré la situation à l’interne, suivant les échanges tant avec eux que nous, et je vous confirme que tout le monde a eu accès rapidement aux toilettes et au Collège sans problème.»
Après plusieurs heures sans nouvelles, la conseillère syndicale et la présidente sont entrées dans le cégep pour faire un suivi. Les gardiens de sécurité qu’elles ont abordés auraient encore menacé d’appeler la police avant de les escorter à l’extérieur, laissant leur demande toujours sans réponse.
«[Les travailleuses] se sont senties méprisées, laisse tomber Chantal Ide, vice-présidente à la CSN. Soudainement, elles ne pouvaient plus entrer dans le cégep, comme si elles allaient faire un acte criminel.»
La directrice des communications du Collège soutient que la décision d’interdire l’accès des travailleuses au Collège ne relevait pas de la direction. Toutefois, l’instance syndicale a signalé que c’est ce que les gardiens de sécurité auraient indiqué lors des événements.
Contact
Toujours sans nouvelles de la direction du Collège à la fin d’une première journée de grève, le syndicat a envoyé une demande officielle de rencontre par communication électronique, le mardi 30 janvier en soirée.
Le jour suivant, un représentant du Collège leur aurait répondu ne pas être disponible pour discuter.
Motivé, le groupe aurait réécrit afin de connaître la personne à contacter pour pouvoir converser. Le mercredi 1er février en fin de journée, un employé montmorencien aurait contacté la représentante syndicale afin de convenir d’une entente qui permettrait aux grévistes d’accéder au Collège afin de se réchauffer et d’aller à la salle de bain.
«On s’est mis autour de la table avec toutes les parties prenantes pour mieux encadrer toutes les parties pour s’assurer que, de notre côté, on assure de la sécurité de notre communauté, mais de l’autre côté, qu’on respecte aussi leurs droits et qu’on leur donne un endroit, qu’on leur permettre justement de faire la grève et leur manifestation», relate Véronique Leboeuf.
Face aux conditions adjointes à l’accord proposé par l’institution d’éducation supérieure, le syndicat a refusé. Pour les trois jours restants à la période de grève, les travailleuses ont continué d’utiliser les locaux du campus lavallois de l’Université de Montréal pour répondre à leurs besoins.
«De se faire sortir du collège, se faire escorter, se faire interdire l’accès au terrain du collège, c’est vraiment outrant, déclare Amélie Therrien, présidente du Syndicat des enseignantes et enseignants du cégep Montmorency (SEECM). On pense que [la direction] oublie toute une partie, tout le côté humain d’une entreprise. Je ne sais pas si c’est parce qu’on est devenu trop gros ou quoi, mais il y a des choses qui n’ont pas de bon sens.»