Pour la présidente-directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie de Laval, Caroline De Guire, toute crise apporte son lot d’opportunités, certaines plus ambitieuses que d’autres.
Mme De Guire et son équipe souhaitent apporter leur pierre à l’édifice d’une éventuelle filière de la défense au Québec. «On mise sur deux grandes forces du Québec», dit-elle en citant la grappe aérospatiale et l’intelligence artificielle.
Sous l’impulsion de la Chambre, un événement est d’ailleurs en cours de préparation à Laval pour l’automne, confie en entrevue la pdg, enthousiaste à l’idée d’en explorer tout le potentiel avec ses partenaires et les grands joueurs de ces industries. «Les gens répondent très favorablement», mentionne celle qui entend également «faire appel» au ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIC), à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et à Investissement Québec.
«Dans tout contexte économique, il y a des opportunités à saisir et c’en est une qu’il faut regarder», reconnaît pour sa part la directrice de Laval économique, Lidia Divry.

Un ministre ravi
Quant au ministre délégué à l’Économie, Christopher Skeete, il se réjouit «de voir la Chambre de commerce et d’industrie prendre la balle au bond et de sa propre initiative faire ce genre d’événement-là».
Ces derniers mois, M. Skeete, qui est également ministre régional de Laval, a eu quelques rencontres avec les principaux acteurs économique lavallois, où il fut notamment question de la volonté du gouvernement de développer une industrie militaire.
«En 2024, ce secteur représentait 350 M$ au Québec comparativement à 7,2 G$ en Ontario», mentionne le ministre, qui soutient que le Québec possède tous les atouts pour se démarquer. Il souligne à cet égard l’expertise québécoise de classe mondiale dans les industries navale, aérospatial, aéronautique, quantique et de l’intelligence artificielle.
Créer une nouvelle économie
À la fin avril, en évoquant la guerre commerciale avec les États-Unis, la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, Christine Fréchette, déclarait sur les médias sociaux que «les mois à venir seront décisifs», ajoutant que «le Québec se mobilisera avec le Canada pour créer une nouvelle économie, fondée sur les forces de chacun».
En matière de défense, la ministre fait valoir que le Québec sera «un partenaire clé pour consolider et miser davantage sur le savoir-faire local dans nos chaînes d’approvisionnement», elle qui affirmait lors d’un Forum sur la diversification des marchés, tenu le 5 mai à Montréal, que le secteur de la défense figurait parmi ses trois priorités.
Incidemment, le premier ministre François Legault, dans une publication Facebook le 1er mai, mentionnait avoir discuté avec son vis-à-vis fédéral Mark Carney «de l’accélération des projets dans le secteur privé, en particulier dans les secteurs de la défense, de l’aéronautique, des minéraux critiques et de l’intelligence artificielle».

Leader mondial
Le Grand Montréal constitue non seulement la plaque tournante mondiale en intelligence artificielle, mais représente également le troisième centre aérospatial en importance, après Toulouse et Seattle.
Aéro Montréal, c’est 6 maîtres d’œuvre dont Airbus, une quinzaine d’équipementiers intégrateurs de calibre international et près de 200 sous-traitants et fournisseurs qui mettent au travail quelque 42 000 personnes. Avec un chiffre d’affaires annuel de 21 G$ et 80 % de sa production exportée, la grappe aérospatiale domine les secteurs d’exportation au Québec.
À Laval, l’aéropôle compte une vingtaine d’entreprises et quelque 1500 emplois.
L’alignement des astres
Les astres ne sauraient être mieux alignés alors que le Canada, qui cherche à réduire sa dépendance envers les États-Unis, s’apprête à réinjecter des dizaines de milliards dans la défense.
Durant la campagne à la direction du Parti libéral qu’il a remportée haut la main, Mark Carney s’est engagé à atteindre la cible de 2 % du PIB en dépenses militaires fixée par l’OTAN dès 2030. Il devance ainsi de deux ans l’échéancier avancé par son prédécesseur, Justin Trudeau.
Selon le vice-président, économiste en chef et stratège du Mouvement Desjardins, Jimmy Jean, ce rehaussement des dépenses militaires canadiennes – qui correspondent actuellement à 1,4 % du produit intérieur brut – impliquerait une hausse annuelle moyenne d’environ 15 %.
«Cet effort dépasse largement la simple mise à niveau des capacités de défense. Il pourrait s’agir d’une véritable politique industrielle, qui toucherait l’industrie, l’emploi, l’innovation et les finances publiques», déclarait-il le 21 mars dernier.
Une manne
Mine de rien, combler l’écart entre 1,4 et 2 % du PIB canadien nécessitera de doubler le budget annuel en matière de dépenses de la défense.
Dans un rapport publié le 30 octobre 2024, le directeur parlementaire du budget (DPB), Yves Giroux, estimait que «pour respecter la cible fixée par l’OTAN, les dépenses militaires du Canada doivent grimper à 81,9 milliards de dollars d’ici 2032-2033 [l’échéancier initial], soit près de deux fois plus que le montant de 41 milliards de dollars prévu pour 2024-2025».
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