Alors que se déroule cette semaine le 41e Salon du livre de Montréal, plusieurs femmes et hommes de lettres lavallois y prendront part dont Claire Varin qui, dans son 9e livre, signe un acte d’amour pour la protection de la vie animale intitulé Animalis, un récit engagé publié chez Leméac.
«Le vrai lyrisme, que je retrouve dans le livre de Claire (Varin), ce n’est pas sentimentalité, ce n’est pas superficialité d’émotion, c’est l’amour de la vie, de toutes les formes de vie qu’on défend et qu’on célèbre, et surtout les formes de vie qui sont menacées ou qui viennent de disparaître», exprimait récemment l’écrivain, professeur et directeur de collection Yvon Rivard, lors du lancement.
De Banff à Hemmingford
Il y a cinq ans, la vue de Claire Varin baisse encore. Craignant une cécité prochaine, l’amoureuse inconditionnelle des animaux sent le temps fuir avant de n’avoir pu admirer en direct ses merveilleuses espèces sur la planète.
«Avant de devenir aveugle, j’ai eu envie de voir la vie sauvage, ces grands mammifères, avant de ne plus rien voir du tout», de confier la présidente de la Fondation lavalloise des lettres.
Claire Varin écrit au parc national de Banff, en Alberta, avec pour dessein d’accompagner biologistes et écologistes dans leur travail. Elle y rencontrera plutôt un guide chevronné qui s’étonnera, malgré ses années d’expérience, d’apercevoir d’aussi près autant d’ours grizzlis!
En Mauricie, ce sera au tour des loups et ours noirs de susciter l’émerveillement de l’auteure qui habite Laval-des-Rapides, avant que les grands fauves du parc Safari ne l’émeuvent.
«Tolstoï a écrit que tant qu’on aura des abattoirs, on aura des guerres. Un jour, on dira que nous étions des barbares pour avoir traité les animaux ainsi, qui sont nos frères et nos sœurs, comme le disait François d’Assise.»
– Claire Varin, écrivaine
Parallèlement, elle recueille les propos de nombreux écrivains amants de la nature et vie animale, dont plusieurs observaient un régime végétarien bien avant la mode, entre autres, Tolstoï, Chateaubriand, Voltaire, Diderot, Marguerite Duras, Émile Zola et Clarice Lispector.
Désenchantement
«Toutefois, dans ma volonté de voir cette beauté, j’ai dû faire un détour par l’horreur du traitement réservé aux animaux, ce qui a opéré une profonde transformation en moi, jusqu’à donner toutes mes bottes et manteaux de cuir, ainsi que devenir végétarienne», raconte-t-elle.
Au gré de ses recherches, la Lavalloise découvre le traitement inhumain réservé dans les abattoirs pour la consommation humaine de viande et fourrures, sans oublier les conditions horribles réservées aux animaux de laboratoires. À Carignan, elle visitera d’ailleurs un refuge pour chimpanzés ayant été inoculés de virus afin de servir les travaux de chercheurs américains.
«La quantité de céréales utilisée pour nourrir les animaux, avec toute la pollution ainsi engendrée, suffirait à nourrir notre planète, souligne Claire Varin. J’ai appris qu’on ne peut pas culpabiliser un carnivore. On fait ce qu’on a à faire selon nos désirs, nos élans et notre éthique.»