Certains médicaments utilisés dans le traitement du cancer du sein pourraient servir à soigner les hommes atteints du cancer de la prostate, suggèrent des chercheurs de l’Université Laval.
Une étude publiée par une équipe de chercheurs de l’Université Laval dans The Journal of Clinical Investigation mentionne que certains médicaments ciblant les récepteurs d’estrogènes pourraient ralentir la progression des tumeurs chez environ 50 % des hommes qui ont un cancer de la prostate.
« Notre étude pourrait avoir des retombées cliniques importantes, parce qu’elle suggère que les médicaments anti-estrogènes utilisés pour traiter le cancer du sein pourraient aussi ralentir la progression du cancer de la prostate chez les hommes dont les tumeurs ont des récepteurs des oestrogènes. Nous souhaitons maintenant mener une étude clinique pour valider cette hypothèse», mentionne le chercheur Étienne Audet-Walsh, professeur agrégé au Département de médecine moléculaire à la Faculté de médecine, chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en vulnérabilités métaboliques des cancers hormono-sensibles.
Dans un premier temps, l’équipe de recherche a eu recours à des biobanques de tumeurs de la prostate conservées par des collègues en urologie-oncologie de l’Université Laval. « Nous avons étudié 280 tumeurs et constaté que la moitié d’entre elles possédait des récepteurs des oestrogènes. En croisant ces résultats avec le dossier médical des patients, nous avons déterminé que l’abondance de ces récepteurs était liée au risque de récidive du cancer, à sa progression, à la formation de métastases et à la survie des patients. Nous avons observé la même relation en étudiant des tumeurs provenant de plusieurs autres biobanques », souligne le professeur Audet-Walsh.
Les expériences subséquentes menées sur des cultures cellulaires en deux et trois dimensions ainsi que sur des animaux ont conduit à des résultats qui pointent tous dans la même direction. Lorsque les oestrogènes se lient aux récepteurs des oestrogènes, ils stimulent des mécanismes cellulaires liés au métabolisme et à la croissance des cellules cancéreuses de la prostate. À l’inverse, les anti-oestrogènes – des médicaments qui bloquent les récepteurs des oestrogènes – réduisent la prolifération et la croissance des tumeurs de la prostate.
Le nombre de nouveaux cas de cancer de la prostate dépistés chaque année atteint environ 7000 au Québec et 1,4 million dans le monde. « Si la moitié de ces hommes répondaient aux traitements anti-oestrogènes et qu’il en résultait une amélioration de leur qualité de vie et une meilleure survie, ce serait une avancée significative dans le traitement du cancer des personnes qui ont un cancer de la prostate», expose le professeur Audet-Walsh. (G.Q.)