Plus de 200 personnes se sont rassemblés aux portes de la Conférence nationale sur le logement organisée par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) afin de réclamer du changement au gouvernement fédéral dans ses interventions en habitation.
Parmi celles-ci, une vingtaine étaient des personnes en situation de précarité résidentielle ou d’itinérance et de travailleurs et travailleuses communautaires de Laval. Elles ont été mobilisées avec le (TRIL).
Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), qui était au coeur de ce rassemblement, a notamment réclamé que les investissements découlant de la Stratégie nationale sur le logement, présentée comme un plan de 82 milliards de dollars, soit réaffectés en logement social.
«Des dizaines de milliers de logements sociaux pourraient être financés chaque année si les fonds fédéraux leur étaient réservés plutôt que d’être largement dilapidés comme c’est le cas présentement», estime Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, par communiqué.
Elle ajoute que le budget du 16 avril est «l’occasion d’opérer un sérieux virage en ce sens, d’autant plus que, lors de sa mise à jour économique du 21 novembre, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a promis de réformer dès le début de 2024 le Fonds pour le logement abordable», peut-on lire.
Moment opportun
Le regroupement croit que les réformes annoncées sont une occasion pour s’assurer que les investissements fédéraux soient entièrement réservés au secteur sans but lucratif et qu’ils se suffiront à eux-mêmes à alléger les montages financiers complexes actuellement exigés.
«Le fédéral fait miroiter des milliards de dollars qui ont trop peu d’impacts sur l’offre de logements pour les personnes et les familles qui vivent le plus durement les crises du logement, dénonce Mme Laflamme. Les prêts et les fonds de co-investissement, ce n’est généralement pas fait pour des projets de logements sociaux, que ce soit des logements publics, des coopératives ou des organismes sans but lucratif d’habitation.»
Elle estime que «le gouvernement fédéral a déjà su comment intervenir efficacement dans ce domaine, lui, qui, entre 1971 et 1991, a permis que la part du logement social passe de 0,5% à 9,5% de l’ensemble des logements locatifs québécois».
À son avis, en réaffectant ses investissements vers des initiatives réellement structurantes, le fédéral pourrait contribuer à augmenter de nouveau ce nombre significativement.
Selon le dernier état d’avancement de la Stratégie nationale sur le logement, environ le tiers des logements financés avec ses deux principales initiatives, rebaptisées Fonds pour le logement abordable et Programme de prêts pour la construction d’appartements, ne pouvaient même pas être considérées comme abordables.
«Même l’Initiative des terrains fédéraux, qui aurait facilement pu être réservée au logement sans but lucratif, hors-marché privé, a été utilisée à 56% pour du logement inabordable », précise la coordonnatrice du FRAPRU Catherine Lussier. Les terrains publics excédentaires déjà payés avec les fonds publics doivent être réservées au secteur public et sans but lucratif pour accélérer la réalisation de logements sociaux.»
Rappelons que le FRAPRU appuie la demande portée par la campagne pan-canadienne Logement social et droits humains. Celle-ci vise que le gouvernement fédéral finance la réalisation de 500 000 logements sociaux sur 10 ans à travers le Canada. (N.P.)