Le conseil municipal a décrété un emprunt de 20,9 M$ pour l’acquisition de l’immeuble à bureaux du 1200, boulevard Chomedey.
Par ce geste, l’administration Demers consolide le pôle civique municipal avec un troisième édifice d’importance à l’intérieur d’un rayon de 300 mètres.
Bien qu’imprévue, cette dépense n’aura pas d’impact significatif sur les ratios d’endettement de la Municipalité, assure le Service des finances, considérant que d’autres déboursés projetés au programme triennal d’immobilisations (PTI) pour l’année en cours ont été reportés.
Une bonne affaire
Au dernier conseil municipal, le maire Marc Demers a parlé d’une occasion d’affaires.
Desjardins Sécurité Financière, le propriétaire de l’immeuble, l’a offert «à un prix très raisonnable, environ un million de dollars en bas du prix du marché», a-t-il fait valoir.
La perspective qu’«on achète ailleurs» et qu’«on vide les locaux» expliquerait cette aubaine, poursuit M. Demers, précisant que la Ville est le plus important locataire au 1200, boulevard Chomedey.
«On loue déjà plus de 30 % de l’édifice et on s’apprête à louer 50 %. Les besoins de locaux sont là. On va arrêter de payer des baux dans certains édifices.»
Employés à relocaliser
À plus court terme, cette acquisition permettra de déplacer des employés municipaux du 1333, boulevard Chomedey afin de rénover cet immeuble situé tout juste de biais au nord de la nouvelle propriété de la Ville, a signifié le maire.
Voisinant avec l’hôtel de ville, cet édifice stratégique de 9 étages, construit il y a plus de 30 ans, abrite le comptoir multiservice. En clair, on y retrouve les comptoirs des relations avec les citoyens, de vente de permis pour chats et chiens et de paiement de taxes de même que les Services de l’évaluation, ingénierie et urbanisme.
«Il faut se rappeler qu’il va falloir relocaliser [les employés de] l’hôtel de ville, a aussi mentionné Marc Demers. C’est un vieux bâtiment qui a besoin de rénovation.»
Incidemment, parmi les importants travaux qui attendent la mairie au 1, place du Souvenir, notons ceux de désamiantage. «On ne peut même pas nettoyer les conduits d’air», a évoqué le premier citoyen, soulignant que la propagation dans l’air de particules d’amiante présente dans les murs et l’entre-plafond présenterait un risque de contamination et d’effets néfastes sur la santé des employés.
Justification
Dans le sommaire décisionnel produit par le Service du greffe, on justifie financièrement l’acquisition de l’édifice à bureaux du 1200, boulevard Chomedey par «la relocalisation d’espaces à bureaux à venir dans les prochaines années pour environ 65 000 pieds carrés».
Pour l’heure, la Ville occupe 27 546 pieds carrés d’une superficie locative en totalisant 89 531. Le bâtiment fraîchement acquis pourrait ainsi combler la quasi-totalité des besoins de la Municipalité en pareille matière.
Par ailleurs, on apprend que le coût moyen de construction d’un nouveau bâtiment de superficie comparable s’élèverait à quelque 47 M$, terrain en moins.
En contrepartie, il en coûtera autour de 400 000 $ par année en termes de maintien d’actif, soit 2 % de la valeur d’acquisition de l’immeuble.
Valeur au rôle
Au rôle d’évaluation foncière, cet immeuble construit en 1990 affiche une valeur de 14,7 M$, soit 6 173 600 $ de moins que son coût d’acquisition.
Le prix payé par la Ville est donc 42 % supérieur à la valeur foncière établie selon les conditions du marché qui prévalaient au 1er juillet 2017.
Surpris
Nonobstant son appui, le conseiller de l’opposition officielle, Claude Larochelle, n’a pu s’empêcher de souligner le fait que l’administration municipale puisse engager une dépense imprévue de 21 M$ sans affecter ses ratios d’endettement, alors qu’«on n’a pas d’argent pour les infrastructures de quartier», a-t-il dit.
L’élu de Fabreville a cité en exemple Le Bergerac, un développement résidentiel de quelque 6000 habitants «complètement démuni de plateaux sportifs et d’édifices municipaux», avant d’ajouter que la Ville «manque probablement d’autres opportunités de mieux desservir» ses citoyens. À cet égard, il a évoqué qu’une telle somme pourrait permettre des investissements de 1 M$ dans chacun des 21 districts électoraux de la ville.
Membre du comité exécutif, Virginie Dufour a aussitôt répliqué qu’il s’agissait ici d’«un investissement qui va permettre d’économiser à long terme» et non «pas une dépense supplémentaire à long terme».
Autour de 30 $ le pied carré, le loyer qu’assumait la Municipalité pour l’espace qu’elle occupe dans l’immeuble à bureaux du 1200, boulevard Chomedey représentait une factuelle annuelle avoisinant les 800 000 $.