Trois organismes panquébécois appellent à un gel des tarifs d’Hydro-Québec, tant qu’elle ne se sera pas soumise à un exercice rigoureux devant la Régie de l’énergie.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), conjointement avec Option consommateurs et l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité (AQCIE), justifient cette demande afin de ne pas accabler davantage les consommateurs et les entreprises déjà fortement touchées par les hausses de coûts.
Ces augmentations atteignent actuellement des niveaux inégalés depuis plus de 15 ans, avec une inflation projetée à plus de 5% pour l’année à venir.
«Hydro-Québec, de son côté, a engrangé des profits record en 2021 de 3,5 G$, et s’apprêterait à augmenter ses tarifs généraux en les alignant sur l’inflation pour 2022 et 2023», spécifie la FCEI dans son communiqué conjoint, ajoutant que:
«Pour l’année 2023, la société d’État irait donc chercher plus de 600 M$ additionnels dans les poches des consommateurs québécois. Il est inconcevable que le gouvernement du Québec ne fasse pas appel à la Régie de l’énergie pour s’assurer que ces consommateurs ne payent pas plus que le nécessaire au monopole qu’est Hydro-Québec.» Le trio d’organismes rappelle ainsi que dans «le contexte actuel de forte inflation, si le gouvernement cherche véritablement des solutions efficaces et à sa portée pour réduire l’impact de l’inflation sur les citoyens et les entreprises, il doit considérer cette avenue.»
Hausse de trop pour les ménages
Avec l’inflation croissante qui touche grandement les dépenses de première nécessité comme l’alimentation, l’essence et le logement, une telle hausse des tarifs d’électricité risque de placer bien des ménages québécois dans une situation financière difficile, poursuit-on dans cette sortie publique
«Cette hausse sera particulièrement lourde à porter pour les ménages à faible revenu qui occupent souvent des logements mal isolés et qui ont peu de moyens pour réduire leur consommation d’énergie.»
En retirant à la Régie de l’énergie le pouvoir de fixer annuellement les tarifs d’Hydro-Québec pour plutôt les soumettre aux aléas de l’économie, le gouvernement expose les consommateurs québécois à subir des chocs tarifaires tout en permettant à la société d’État de faire des profits déraisonnables», a ainsi déclaré Christian Corbeil, directeur général d’Option consommateurs, via communiqué.
Les PME encaisseront un coup
L’augmentation moyenne pour un petit commerce de proximité avoisinerait les 200$ et pour le secteur commercial dans son ensemble, la facture supplémentaire moyenne serait de 518$, estiment les experts des trois organisations québécoises.
«Ces hausses arrivent au même moment où 74% des PME québécoises mentionnent que leur plus grand défi de 2022 sera de faire face à l’augmentation des coûts dus à l’inflation. En raison de la pandémie, les PME québécoises ont également contracté un endettement moyen de 100 000 $. Hydro-Québec devrait jouer un rôle stratégique pour atténuer les impacts de l’inflation qui affaiblissent les petites entreprises», fait savoir la FCEI dans sa communication aux médias
«Au moment où nos PME se relèvent de plusieurs vagues de restrictions économiques qui les ont presque achevées, elles se font frapper de plein fouet par la forte inflation. C’est dans ce contexte qu’Hydro-Québec va aller soutirer davantage dans les poches déjà vides des dirigeants de PME. Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles doit comprendre que ce n’est pas en étouffant nos petites entreprises de la sorte qu’on va soutenir notre économie à court, moyen et long terme», d’ajouter pour sa part François Vincent, vice-président pour le Québec à la FCEI, par voie de communiqué.
Perte de transparence
«Déjà, lors de l’adoption, sous bâillon, du projet de loi no. 34 en 2019, les organisations représentant les clients d’Hydro-Québec disaient craindre qu’en enlevant d’importants pouvoirs à la Régie de l’énergie, le gouvernement du Québec priverait l’ensemble de la clientèle d’un processus de fixation des tarifs d’électricité rigoureux et indépendant qui permettait de limiter l’appétit du monopole de distribution d’électricité», rappelle-t-on, avant de préciser qu’or:
«les tarifs applicables aux clients industriels de grande puissance d’Hydro‑Québec ont augmenté pour les deux seules années 2021-2022, cinq fois plus que l’augmentation des quatre années antérieures à l’adoption de cette législation soustrayant les tarifs d’Hydro-Québec à l’examen annuel de la Régie de l’énergie.»
«Nos appréhensions sont aujourd’hui confirmées. Hydro-Québec charge plus qu’elle a besoin de ses clients québécois pour assurer le service de distribution d’électricité. Alors qu’on anticipe une augmentation tarifaire générale d’au moins 5,1 % à compter du 1er avril 2023, cela rappelle la nécessité et le rôle primordial de la Régie de l’énergie pour favoriser, annuellement, la transparence dans l’exercice de fixation des tarifs d’électricité», de conclure Jocelyn B. Allard, président de l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité, dans cette même communication aux médias. (B.L.)