«Ce n’est pas normal», a convenu le maire Stéphane Boyer en réponse à un citoyen visiblement contrarié d’avoir été reçu par la controversée formule «Bonjour-Hi!» au comptoir multiservice où il allait payer son compte de taxes.
À la dernière assemblée municipale, Jacques Pilon s’est présenté au micro pour dénoncer la situation vécue la veille, le 6 mars.
«Je vous demande de [passer] une directive et de corriger la situation», a terminé l’intervenant en s’adressant au maire. Ce dernier lui a répondu: «On va s’assurer de rappeler aux employés que les citoyens doivent être servis en français; on va faire suivre le message.»
L’événement s’est produit au 1333, boulevard Chomedey, là où se trouvent les comptoirs de service voués aux Relations avec les citoyens, à la vente de permis pour chats et chiens, à l’évaluation foncière, aux taxes et à l’urbanisme.
Retour en arrière
Cette histoire n’est pas sans rappeler la controverse qu’avait suscitée il y a quelques années l’usage de l’expression «Bonjour-Hi» dans les commerces du centre-ville de Montréal.
Le débat s’était déplacé à Québec en novembre 2017, où les parlementaires avaient adopté à l’unanimité une motion à l’effet «que l’Assemblée nationale réaffirme clairement à tous que le français est la langue officielle et commune du Québec; qu’elle prenne acte que 94 % des résidents du Québec comprennent le français; qu’elle rappelle que le mot « Bonjour » est un des mots de la langue française les plus connus chez les non-francophones du monde; qu’elle rappelle que ce mot exprime magnifiquement la convivialité québécoise; qu’en conséquence, elle invite tous les commerçants et tous les salariés qui sont en contact avec la clientèle locale et internationale de les accueillir chaleureusement avec le mot Bonjour.»
Loi sur la langue
Mais que prévoit au juste la loi en matière de communication officielles dans les Municipalités?
Sanctionnée le 1er juin 2022, la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français est venue modifier la Charte de la langue française à laquelle sont assujettis les Municipalités et organismes municipaux.
Parmi les dispositions législatives dont l’entrée en vigueur s’en trouvait différée, notons celle qui encadre l’usage exclusif du français par les administrations publiques.
C’est ainsi qu’à compter du 1er juin prochain, à l’exception de certaines situations prévues par la Charte, les organismes publics devront utiliser exclusivement le français dans leurs communications écrites et orales.
Cette loi, qui a pour objectif d’affirmer que la seule langue officielle du Québec est le français, encadre l’utilisation de la langue de Molière par le gouvernement, les organismes municipaux et scolaires ainsi que les organismes du réseau de la santé et des services sociaux. En clair, la loi impose un devoir d’exemplarité à l’État.
Comité sur la langue française
L’ironie du sort a voulu que l’intervention de Jacques Pilon, qui dénonçait la formule de salutation «Bonjour-Hi» au comptoir multiservice de la Ville de Laval, soit suivie – quelque trois heures plus tard – par l’adoption d’une résolution à l’effet de constituer le Comité consultatif ad hoc sur la langue française et d’établir son mandat. Tel que l’avait proposé Claude Larochelle, chef intérimaire de Parti Laval, huit mois plus tôt. Ce comité, qui sera composé de 5 à 7 membres indépendants, serait, entre autres, chargé de faire rapport sur l’état du français à Laval et de présenter un plan d’action municipal pour la valorisation de la langue française.
Rappelons que le recensement 2021 indiquait un recul important du français à Laval, alors que le poids démographique des Lavallois dont le français est la première langue officielle parlée avait diminué de 3 points de pourcentage pour glisser sous la barre des 70 %.