25 médicaments par jour, 15 ans dans l’incapacité de travailler et deux paires d’implants mammaires plus tard, Carole Cusson (nom fictif) n’a pas réussi à se faire enlever ses prothèses en milieu hospitalier malgré de nombreuses tentatives.
Son état de santé actuel ne lui permet pas de subir un retrait d’implants dans une clinique privée. De plus, elle désire trouver un chirurgien qui acceptera de lui enlever les prothèses et les capsules qui les entourent.
«Je n’ai pas trouvé un seul médecin au public qui soit prêt à m’opérer même si j’ai une contracture de grade IV, raconte-t-elle. Ils n’ont pas l’expertise, ou ils me demandent de payer au privé pour faire une opération qui n’est pas d’ordre esthétique.»
La Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) couvre le retrait d’implants quand le médecin juge qu’il y a des symptômes reliés à une maladie et qu’il est médicalement requis de le faire, indique par courriel Caroline Dupont, relationniste de la RAMQ.
«J’ai visité deux médecins, explique-t-elle. Un souhaite m’opérer au centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), mais ne veut pas enlever les capsules. L’autre m’a proposé de m’opérer à l’hôpital à condition que je paye pour un lifting mammaire que je ne veux pas.»
Un document publié par la RAMQ en 2014 confirme que la capsulectomie en bloc est assurée quand il existe une capsulite de grade IV.
Dans les prochains mois, La Lavalloise espère trouver un chirurgien au public qui lui inspirera confiance et acceptera de l’opérer sans qu’elle ne doive débourser plus d’argent.
Médecins plus informés
Carole Cusson croit qu’elle aurait pu éviter cette tragédie si son médecin l’avait mieux informée.
«En 2005, je n’étais pas au courant des risques reliés aux implants, commente-t-elle. J’aurais dû faire un retrait avec une capsulectomie totale, l’un de mes implants étant brisé.»
Il y a 15 ans, Carole Cusson a pris la décision de changer ses implants de la marque Down Corning après qu’un recours collectif eut été conclu avec la marque.
«Par prévention, j’ai décidé de faire changer mes implants. Malheureusement, je me suis faite opérer par un chirurgien très incompétent. Quand je suis sortie de la salle d’opération, le médecin ne m’a donné qu’un implant. L’autre implant était en morceaux et je suis certaine qu’il y a encore du silicone dans mon système.»
Aujourd’hui, Marie a perdu 15 livres. Elle a de la difficulté à respirer, à bouger et avoir une vie normale.
«J’aimerais bien intenter une poursuite en justice, mais ça coûte 100 000 $ dollars pour commencer à jaser. Encore pire, ça me prend l’expertise d’un médecin qui va constater que les prothèses sont la cause de la maladie. Comme la maladie n’est pas reconnue, personne ne va vouloir parler. »
Enlever ou garder?
Depuis que les implants texturés de la marque Allergan ont aussi perdu l’homologation de Santé Canada, de nombreuses femmes sont inquiètes.
Les femmes porteuses de ces implants texturés doivent maintenant surveiller de près l’état de leurs prothèses et les faire enlever si jamais des symptômes associés à un cancer très rare apparaissent.
«Le rôle du chirurgien est d’informer et d’éduquer la patiente avant de réaliser une opération, commente Gaby Doumit, chirurgien plastique à Montréal. Quand je fais un retrait d’implants mammaires, c’est un travail d’équipe. J’informe mes patientes de tous les types de chirurgie qui existent et les risques reliés.»
Aussi professeur adjoint à l’Université de Montréal, Gaby Doumit soutient que chaque cas est différent. Pour lui, il est indispensable d’étudier, examiner et avoir des discussions avec la patiente pour obtenir un consentement éclairé.
Pour celles qui ne connaissent ni la marque ni le type de prothèse qui leur a été implantée, il ne reste qu’à surveiller l’état de santé général des implants.
Santé Canada consulte actuellement des organisations internationales et d’autres intervenants pour mieux comprendre les avantages, les défis et la faisabilité de registres d’implants, affirme André Gagnon, relationniste chez Santé Canada.
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