«Des actes de pure partisanerie empêchent non seulement la discussion, mais privent surtout les Lavallois de mesures qui seraient à leur avantage», déplore le conseiller de Fabreville et unique représentant élu de l’opposition officielle, Claude Larochelle.
Par voie de communiqué, il revient sur le dernier conseil municipal où ses 20 collègues sont demeurés muets quand est venu le temps d’appuyer ses deux avis de proposition déposés le mois précédent. Faute d’appuyeur, le débat n’a jamais eu lieu.
Compensation GES
«Ça s’appelle de la mauvaise foi, dénonce le chef de Parti Laval, Michel Trottier. On se vante de gagner des prix en environnement, mais on refuse de discuter de plantation d’arbres au conseil, simplement car l’idée vient de l’opposition. C’est honteux!»
Incidemment, la première proposition visait à débattre de la possibilité d’utiliser les sommes réservées à la compensation des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour planter davantage d’arbres sur le territoire lavallois.
Entièrement financé par les promoteurs et développeurs, ce fonds de compensation unique à Laval a notamment permis à la Ville de distribuer 800 000 $ en subventions pour l’achat de véhicules et vélos électriques au cours de la dernière année. Au 31 décembre, le solde de cette réserve excédait le million de dollars.
Justification
Au cabinet du maire, on fait valoir que depuis 2015, ce sont 17 692 arbres et 11 816 arbustes qui ont été plantés en plus des 6125 plantules plantées ou données.
«Ces gestes témoignent du fait que l’environnement et la lutte à l’émission des GES fait partie des préoccupations prioritaires du Mouvement lavallois, poursuit le conseiller spécial, Robert-Charles Longpré. Nous ne pensons pas qu’il est nécessaire que le représentant de l’opposition officielle décide de nous dicter notre conduite.»
Il rappelle par ailleurs la mise sur pied en 2017 d’un programme de récupération des appareils réfrigérants et de subventions pour la conversion des systèmes de chauffage au mazout, financés par le fonds de compensation.
«Nous avons l’intention de poursuivre nos initiatives et nous avons d’autres idées que nous communiquerons en temps et lieu», conclut-il.
Salaire du maire
L’autre rendez-vous manqué avait pour objectif d’établir une rémunération globale maximale pour le maire de Laval.
Cette proposition avait été déposée après qu’on eut appris la hausse salariale de 28 % de Marc Demers dans la foulée du déplafonnement des salaires des élus municipaux adopté par l’ancien gouvernement Couillard.
L’opposition officielle souhaitait que Laval emboîte le pas à Montréal, Gatineau et Québec qui ont plafonné le salaire de leur maire respectif.
«C’est un silence qui en dit long sur les priorités des représentants d’Action Laval et du Mouvement Lavallois, se désole M. Larochelle. Préférer faire de la petite politique que de prendre les décisions qui s’imposent, il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir de la démocratie lavalloise.»
Mandat à l’ÉNAP
Robert-Charles Longpré n’y voit pas de déni de démocratie.
«Si Action Laval [la seconde opposition] avait voulu discuter de la proposition en l’appuyant, nous en aurions débattu. Il semble cependant que le mandat donné à l’ÉNAP [École nationale d’administration publique], pour qu’elle examine la rémunération du maire et celle des conseillers, était un geste concret suffisant pour rassurer les conseillers sur la voie d’analyse et de réflexion à utiliser en cette matière.»
Faux, affirme le leader adjoint d’Action Laval, David De Cotis, qui qualifie plutôt d’exercice de relations publiques improvisé ce mandat annoncé à quelques heures du dernier conseil municipal.
«C’est un mandat bidon pour donner une apparence de transparence», dit celui qui juge abusifs les émoluments du maire, lesquels ont bondi de 170 000 à 217 000 $ en l’espace d’un an.
Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir appuyé la proposition de Claude Larochelle?
Pour deux raisons, répond-il, la première étant que la proposition n’allait pas assez loin au goût d’Action Laval.
«Nous, on veut réviser l’ensemble des salaires versés à tous les élus, incluant les montants versés à ceux qui siègent à différents comités et conseils d’administration. Pas juste plafonner le salaire du maire», explique M. De Cotis qui promet de revenir à la charge au prochain conseil avec une proposition détaillée.
Tenu pour acquis
La seconde raison pour laquelle Action Laval a refusé de débattre des propositions de Claude Larochelle au conseil est le fait que l’opposition officielle aurait fait cavalier seul.
«Ni monsieur Larochelle ni monsieur Trottier ne nous a approchés, déplore David De Cotis. C’est un peu difficile de travailler avec quelqu’un qui ne nous consulte pas et prend notre appui pour acquis. Ils avaient juste à nous en parler; ils ont eu un mois pour le faire et ne l’ont pas fait.»