Depuis l’automne 2018, les habitués du boulevard des Laurentides remarquent un important changement de paysage urbain alors que le Garage Martin, célèbre pour ses milliers d’enjoliveurs placés en vitrine et dans la cour arrière, a disparu au profit d’un terrain vacant servant d’agrandissement au concessionnaire automobile voisin.
André Martin a pris sa retraite définitive il y a deux ans, mais résidait toujours au 1471, boulevard des Laurentides, dans un secteur occupé principalement par des commerces tournant autour de la mécanique automobile.
«En raison de son état, la Ville a réclamé l’éviction des lieux l’an passé, raconte Gilles Pedneault, propriétaire des commerces voisin D.K. Pneus et Services et Magie Auto. J’ai racheté en août 2018, avant de tout mettre à terre et nettoyer en conformité avec la demande municipale.»
Devenu aujourd’hui un espace vacant, le terrain servira d’agrandissement au concessionnaire automobile de M. Pedneault qui est arrivé sur place en 1983, prenant le relais d’Émilien Rioux qui gérait une entreprise de réfrigération pour devenir un spécialiste de la mécanique.
«M. Martin et moi, nous avons toujours été des concessionnaires appréciés des Lavallois, continue M. Pedneault, qui a plus de 60 ans aujourd’hui. Il prenait soin de ses caps de roue sept jours sur sept, toujours à les nettoyer. Cet endroit-là était une référence pour des tas de gens qui venaient d’ailleurs en province.»
Histoire familiale
Autrefois, un abattoir puis un restaurant se seraient élévés au même emplacement.
«C’est mon père Joseph qui a commencé le garage, en 1939, du temps qu’on appelait le coin le Village Bélanger et que le boulevard des Laurentides se nommait boulevard Taschereau, raconte André Martin qui a travaillé dans le commerce familial de l’âge de 14 à 78 ans. Mon père était bon dans tout: peinture, débosselage, électricité. Il est mort en 1978, puis j’ai pris sa relève.»
«Ça fait du bien de voir que les gens ne m’ont pas oublié. Les caps de roue, ce n’était pas un travail mais une passion.»
– André Martin, 80 ans
Toutefois, alors qu’il peinturait la toiture de la maison, une vilaine chute de 14 pieds empêchera le natif de la rue Saint-Hubert, à Pont-Viau, de s’adonner à une mécanique automobile aussi complète.
«Avec ma blessure, je ne me voyais pas me coucher sous les carrosseries à longueur de journée, relate André Martin. J’ai décidé de me lancer dans la collection d’enjoliveurs. Ç’a finit par prendre une ampleur que je ne prévoyais pas au départ. Tout me plaisait dans les caps de roue, que ce soit les acheter en dénichant un modèle différent ou les faire briller.»
Célébrité médiatique
Vedette d’un topo sur les ondes la télévision de Radio-Canada, le Garage Martin et ses caps de roue est devenu populaire auprès de célébrités dont Luc Plamondon et Fernand Gignac.
En 2005, l’auteure de Saint-Vincent-de-Paul Louise Sigouin rendra hommage au lieu culte dans son ouvrage Les commerces immortels du Québec, qui fera d’ailleurs l’objet d’un reportage dans le Courrier Laval. Elle parle alors d’une «fleur sauvage qui pousse à travers l’asphalte.»
«Le Garage Martin, c’était de la pure antiquité automobile, d’ajouter Gilles Pedneault. Un gars qui cherchait un enjoliveur d’origine pour son Chevrolet 1964, il le trouvait là. M. Martin était un vrai spécialiste. Il possédait des pièces de collection.»
«À l’époque, je jouais régulièrement aux quilles avec l’auteur et comédien Pierre Daigneault (Les belles Histoires des pays d’en haut, IXE-13, Le Manchot), se souvient André Martin qui habite désormais la Villa Suzie Vincent, à Saint-Vincent-de-Paul. Les enfants allaient à l’école sur la montée Gagnon, aujourd’hui le boulevard Saint-Martin!»