Dix mois après le déluge du 9 août 2024, qui a inondé quelque 7200 propriétés privées à Laval, l’administration Boyer publie deux rapports produits par le Bureau de la résilience municipale et le Service de l’ingénierie.
Pour un, le rapport stratégique sur la gestion de crise visait notamment à identifier les enseignements tirés de cette douloureuse expérience et à proposer des recommandations pour améliorer la gestion des risques et rendre la Ville plus résiliente.
Quant au rapport technique sur la performance des infrastructures municipales, l’objectif était d’analyser les impacts de ces précipitations historiques sur les systèmes de drainage et réseaux d’égout de la municipalité.
«Ce bilan démontre notre volonté d’apprendre, de nous adapter et surtout d’agir, a déclaré le maire Stéphane Boyer dans un communiqué publié le 2 juin. Nous devons assurer à nos citoyens et citoyennes un niveau de préparation et de réponse à la hauteur des nouveaux défis climatiques». Il rappelle que la Ville investira 350 M$ d’ici la fin 2027 pour renforcer ses infrastructures d’eau, soit 100 millions de plus que ce qui avait été budgété dans le Programme triennal des immobilisations (PTI) précédent.
Infrastructures vieillissantes
Le rapport de l’ingénierie mentionne que la majorité des bâtiments inondés par la tempête Debby se trouvent dans des secteurs desservis par des réseaux d’égout de type combiné et pseudo-séparatif.
Construit jusqu’environ 1965, le réseau combiné collecte les eaux sanitaires et pluviales dans la même canalisation. Mine de rien, ce type de réseau dessert le quart du territoire (24 %) de l’île Jésus.
Le réseau sanitaire pseudo-séparatif, lui, a été majoritairement construit durant les années 1970, et ce, jusqu’au début des années 1980. Composé d’une conduite d’égout dédiée exclusivement au transport des eaux pluviales récoltées par les puisards de rue, ce réseau transporte les eaux usées et de ruissellement des immeubles jusqu’à l’usine d’épuration.
Or, ces systèmes plus anciens, qui représentent 60 % du réseau d’égout lavallois, surchargent le réseau lors de fortes précipitations, provoquant des refoulements d’égouts et débordements d’eaux usées dans l’environnement.
Il reste que «le remplacement d’une vaste proportion du réseau d’égout de la ville de Laval ne constituerait probablement pas une solution acceptable d’un point de vue social, temporel et financier», selon l’Ingénierie.
Cuvettes naturelles
On apprend également que le ruissellement généré par la tempête Debby aurait dépassé d’environ du double la capacité des ouvrages de rétention, dont la récurrence de protection est de 100 ans. En clair, cela signifie que ces bassins ont été conçus pour résister à un événement pluviométrique susceptible de se produire qu’une fois par siècle.
Sans surprise, les zones où on a recensé davantage de sinistres se retrouvent, pour la plupart, dans ces cuvettes naturelles vers lesquelles se déversent par gravité les eaux de surface et de débordements du système d’assainissement surchargé.
Par ailleurs, durant le déluge du 9 août 2024, l’équipe des stations de pompage du Service de la gestion de l’eau a dû composer avec des pannes électriques en plus de constater que certaines stations de pompage avaient atteint leur capacité de refoulement mécanique.
Cela dit, notent les auteurs du rapport, le «fonctionnement des trop-pleins gravitaires» à certaines stations de pompage «ont permis d’évacuer les eaux malgré les pannes électriques ou l’atteinte des capacités de refoulement».
Mesures mises de l’avant
À la lumière des constats et des recommandations formulées par les équipes à l’interne, la Ville déploiera à court terme une série de mesures parmi lesquelles figurent «l’ajout de génératrices aux stations de pompage, l’amélioration de l’entretien des réseaux pluviaux, surtout dans les zones vulnérables, ainsi que la mise en place d’infrastructures innovantes comme des rues éponges, des jardins de pluie et un bassin souterrain» pour renforcer la gestion des surverses.
Un plan intégré de gestion des eaux pluviales est en cours afin d’optimiser l’ensemble du cycle de l’eau à Laval, fait-on également valoir.
Gestion des risques
D’autre part, le rapport stratégique sur la gestion de crise, celui-là rédigé par le Bureau de la résilience municipale, dresse un bilan précis des interventions menées dans la foulée de l’ouragan Debby. On y souligne au passage la «réponse proactive» en matière de sécurité civile et les 25 000 heures de travail rendues par les effectifs municipaux en soutien aux ménages sinistrés.
Au chapitre des corrections à apporter, on relève toutefois «une difficulté à estimer rapidement le nombre de sinistrés et des enjeux dans la collecte et l’analyse des données en temps réel», résume le communiqué publié par l’administration municipale, qui s’engage par ailleurs «à implanter des mécanismes supplémentaires pour corriger les vulnérabilités identifiées, renforcer la gouvernance en sécurité civile, accroître la capacité d’adaptation du territoire et assurer un suivi rigoureux des actions».
Responsabilité partagée
Si elle reconnaît son «rôle crucial dans la planification urbaine durable [et] la mise en place d’infrastructures résilientes», la Ville souligne «que l’engagement et la mobilisation des citoyens et citoyennes s’avèrent tout aussi importants dans l’atteinte d’une plus grande résilience municipale».
À cet égard, le rapport de l’ingénierie illustre que lorsqu’un événement climatique extrême excède la capacité des réseaux d’égout, il faut s’en remettre aux «équipements de protection de la plomberie internes des bâtiments» pour éviter le pire.
«Les propriétaires d’immeubles doivent s’assurer que leur système de plomberie réponde aux différentes normes en vigueur et ils doivent effectuer un entretien régulier des appareils de protection.»
Le drainage des terrains privés fait également partie de l’équation. «Les pentes devront éloigner les eaux de ruissellement des murs de fondations et des mesures de mitigation en cas de présence de sol à faible perméabilité (dans le cas d’un sol argileux, par exemple) devraient être mises en place», suggère le Service d’ingénierie dans les conclusions d’un rapport de 50 pages.
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