Du 22 au 24 novembre avait lieu le premier Sommet mondial de l’entrepreneuriat féminin organisé par le Centre d’encadrement pour jeunes femmes immigrantes (CEJFI), au Centre de congrès Palace à Laval.
Pour la directrice et fondatrice du Sommet et du CEJFI, Régine Alende Tshombokongo, pour sortir les femmes immigrantes et marginalisée de la pauvreté, «le meilleur moyen, c’est l’entrepreneuriat».
Depuis 25 ans, son organisme accompagne les femmes à accéder à la richesse et l’autonomie par ce moyen. Formation, soutien psychologique, dépannage alimentaire, garderie et plus, c’est ainsi que l’organisme compte accomplir ce dessein.
Après une tournée mondiale, Mme Alende Tshombokongo remarque «que dans l’écosystème entrepreneurial, il manquait de femmes immigrantes et marginalisées». Plusieurs raisons peuvent l’expliquer: la discrimination, le manque d’accès au financement et crédit, les barrières religieuses, la place de la femme dans les sociétés patriarcales.
C’est pourquoi, elle a décidé de partager à la fois l’expertise du Canada en matière de programmes sociaux pour venir en aide aux femmes, mais aussi de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs.
L’idée d’y inclure le numérique était fondamentale pour les organisatrices.
«On ne peut pas miser sur l’intelligence artificielle avec les mêmes biais», a résumé Martine Musau Muele, conseillère de la ville, arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension dans son allocution.
La littératie des femmes surtout numériques et financières est un atout primordial, selon les intervenants du Sommet.
Édition lavalloise
Sous le thème — à l’ère du numérique et de la globalisation, quelle est la place des femmes entrepreneures, des femmes noires et rurales, dans l’écosystème entrepreneurial mondial — le Sommet souhaitait mettre l’accent sur les conditions des femmes noires et amener une réflexion sur l’accès aux richesses.
Le Sommet accueillait des dignitaires du Québec, mais aussi plusieurs femmes entrepreneures et délégations en provenance d’une dizaine de pays, notamment le Cameroun, le Congo, la Côte-d’Ivoire, la France et la Belgique.
L’événement était marrainé par l’entrepreneure Danièle Henkel et Laurentine Koa Fegue, présidente des femmes parlementaires à l’Assemblée nationale du Cameroun. Cette dernière n’a pu se déplacer en raison d’un problème de visa.
Programmation
S’étalant sur 3 jours, le Sommet a présenté plusieurs discours, conférences, entrevues et ateliers de réseautage.
La première journée, les représentants des pays participants au Sommet ont brossé un survol de la situation des femmes entrepreneures chez eux.
Presque toutes les délégations ont fait état des difficultés face au financement et à l’accessibilité aux formations. Les femmes en manque d’éducation peuvent avoir de la difficulté à comprendre les rouages du milieu des affaires et à s’y faire respecter.
«Vous devez être prêtes à toujours apprendre», a souligné Danièle Henkel dans une entrevue remarquée.
Plusieurs initiatives étaient mises de l’avant: concours de pitch en Guadeloupe, programme gouvernemental au Sénégal, ou encore accompagnement de femmes noires en Belgique. Ces pays tentent de renverser le manque de femmes en entreprise.
La deuxième journée abordait le numérique avec des conférences et ateliers qui touchaient l’intelligence artificielle.
La troisième journée était consacrée à la visite de deux entreprises lavalloises, les serres Cléroux et Axia qui fait de la réinsertion sociale.
Milieu plus riche
La présidente Alende inscrit son mouvement dans les 30 articles de la Convention des nations unies pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
Car l’entrepreneuriat aide à mettre les femmes hors des situations de précarité en plus de les rendre moins vulnérables à l’exploitation et aux violences.
Dans certains pays, il y a un gros travail à faire pour changer l’image de la femme accolée aux tâches domestiques et obéissante à son mari.
Il s’agit aussi d’un avantage pour le milieu alors que «les femmes noires apportent une expertise, une vision, du talent», explique Régine Alende. Selon les chiffres dans certains pays, leur entreprise se montre souvent plus pérenne que celle des hommes.
«Pour une première édition, on estime que c’est une réussite», se réjouit Anda Busaki, membre du comité organisateur. «Les gens ont aimé les thèmes choisis, apprécié le contenu, la richesse des interventions».
Néanmoins, il n’y a pas eu autant de visiteurs qu’attendus. Plusieurs problèmes de visa, surtout pour les gens en provenance d’Afrique, ont empêché des intervenants de venir en sol canadien. «La leçon qu’on a apprise, c’est de se préparer encore plus en avance», lance Anda Busaki.
Le comité espère pouvoir reproduire l’événement sur trois jours tous les deux ans et aller chercher encore plus de commandites et partenaires.