La structure de béton et d’acier qui prolonge l’A-25 est plus qu’une passerelle entre deux rives. C’est une artère qui alimente et redéfinit le coeur de la communauté locale. Où, quand, et comment se dessinera le Saint-François de demain? Jacques St-Jean, conseiller municipal, donne sa vision.
«Il y a quelques années, beaucoup de citoyens quittaient pour Terrebonne, Mascouche. Là, des familles reviennent», constate l’élu en poste depuis 1993. «On a développé beaucoup Sainte-Rose et Sainte-Dorothée.» L’ouverture du pont de l’est, en 2011, a sonné l’ère de Saint-François. Le remplacement du vieux pont de Terrebonne, en 2007, aussi. Entre les deux, un corridor nord-sud a vu le jour. Ce n’est pas la panacée: «à l’heure de pointe du matin, ça bloque jusqu’à Mascouche». Mais la perception du secteur a changé. «On dit toujours: « C’est loin, Saint-François ». Mais c’est de moins en moins loin parce qu’il y a des routes.» Et le train? «Je suis pour. On est déjà équipé d’une voie ferrée.»
Plaque tournante
Les infrastructures sont là. Les circonstances se mettent aussi de la partie, pour forger la nouvelle identité du secteur. Le centre communautaire St-Noël-Chabanel, sur le boulevard Lévesque, a fermé, en raison d’un problème d’infiltration d’eau et de qualité de l’air.
«Il faut relocaliser les services de loisir et de bibliothèque. Il faudra aussi créer une autre école primaire, pour répondre à l’augmentation de la population.»
À ces éléments, s’ajoute une nouvelle caserne de pompier qui pourrait s’établir sur le terrain de l’ancienne usine pétrochimique BASF.
Les astres s’alignent, pour faire du développement résidentiel projeté dans le quadrant sud-ouest de la rue de l’Harmonie et de l’avenue Marcel-Villeneuve une plaque tournante. C’est là que le coeur de Saint-François palpitera, avance M. St-Jean.
Plan quinquennal
Pour le conseiller, pas question d’improviser. «On a des plans d’aménagement. On a Évolucité. Pour l’Est, il faut un plan, sur cinq ans, pour prévoir les entrées d’argent.»
Les projets qu’il place en priorité feraient le bonheur des cyclistes, nombreux à fréquenter la pointe est de l’île. Une nouvelle piste pourrait humaniser la montée Masson, qui traverse un centre industriel coupe-gorge, pour les amateurs de bicyclette. La halte en bordure du pont Sophie-Masson (vers Terrebonne) est toujours dans les cartons.
Un stationnement incitatif à proximité du pont de l’autoroute 25 pourrait aussi s’insérer dans la planification, tout comme la revitalisation du secteur industriel.
Zone verte
Le développement a ses limites. Ici, c’est la zone agricole, qui occupe une superficie plus importante que partout ailleurs à Laval. Pour constituer un atout, plutôt qu’une contrainte, elle a besoin d’un dynamisme souvent étouffé par les règles strictes de la Commission de protection du territoire agricole, déplore Jacques St-Jean.
«J’aimerais qu’on puisse favoriser l’émergence d’une agriculture artisanale.» Il cite en exemple la Fromagerie du Vieux Saint-François et la cabane à sucre de la ferme Aux Vieux Chênes.
«C’est apprécié dans la communauté. Je comprends les règles du zonage agricole. Mais je trouve plate qu’ils ne se déplacent pas dans le milieu.
«On ne va pas assez sur le terrain. Pour le développement de Saint-François, ça prend un bon plan d’aménagement, mais il ne faudra pas le faire dans un bureau. Je voudrais qu’on le propose aux citoyens qui vivent dans le milieu, pour voir ce qu’ils en pensent.»