Le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval constate que 49 % de la zone agricole permanente lavalloise est aux mains de propriétaires non agriculteurs. Quatre organismes se joignent au CRE pour exiger de Québec un gel de 20 ans de ce territoire, dans la région métropolitaine.
Ces propriétaires sont des promoteurs, des développeurs, des compagnies à numéro ou de simples citoyens. La Ville de Laval possède également des lots. Certains louent leurs terrains à des agriculteurs, mais ne sont pas eux-mêmes cultivateurs.
Tous les ingrédients sont réunis pour la spéculation. «Ils attendent avec espoir un dézonage parce que le message n’est pas clair», estime le directeur du CRE de Laval, Guy Garand.
Subdivisions
L’étude réalisée par son organisme montre que 3403,24 ha échappent à ceux qui cultivent la terre. De ce nombre, 2590,59 ha appartiennent à 429 grands propriétaires.
Les 812,65 ha restants sont subdivisés en 3 733 petits lots, regroupant grosso modo le même nombre de propriétaires. Dans plusieurs cas, les futures rues sont la propriété de Laval.
«Ces terres sont préparées depuis longtemps pour le développement. Si la Ville était sérieuse, elle rétrocéderait ces chemins aux agriculteurs», dit M. Garand.
Gel de 20 ans
Le CRE de Laval a sonné l’alarme, le 13 décembre, en compagnie de représentants de Nature Québec, de la Fédération des producteurs maraîchers du Québec, du CRE de Montréal et de la Fondation David Suzuki. Le gel de cinq ans de construction au-delà de la zone blanche ne figure plus dans la version du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) de la Communauté métropolitaine de Montréal, adoptée le 8 décembre. «Pourtant, la vaste majorité des mémoires produits pendant la consultation publique prônaient un renforcement de cette mesure», fait valoir M. Garand.
Plusieurs voix
Coralie Deny, directrice générale du CRE de Montréal, a noté que l’engouement pour l’agriculture locale commande de préserver le reste des terres vouées à la culture dans la région, qui recèle des sols de grande qualité.
«Les terres agricoles sont devenues un casino, non seulement à Laval, mais fort probablement partout dans la CMM», a dit Karel Mayrand, directeur de la Fondation David Suzuki.
Pour Normand Legault, cultivateur lavallois et président de la Fédération des producteurs maraîchers du Québec, «il ne faut pas penser que parce que la zone a un statut que ce statut ne peut pas changer».
La majorité des milieux naturels font partie du périmètre agricole. Ne pas protéger ce dernier est en contradiction avec la volonté de Québec d’accroître les aires protégées à 17 %, défend Christian Simard, directeur de Nature Québec.
Le PMAD vise une hausse de 6 % de la superficie des terres cultivées à l’échelle métropolitaine, d’ici 2031. La porte est cependant ouverte à des révisions du «périmètre d’urbanisation», pour des besoins «exceptionnels». M. Simard y va d’une mise en garde contre le «régime d’exception» qui risque de s’instaurer.