Parmi les dizaines de chercheurs du Québec, des Amériques et de l’Europe ayant participé à la production de la Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’intelligence artificielle (IA) se trouve un résident de Laval-des-Rapides, Mario Ionut Marosan.
L’apprentissage chez les machines est un sujet majoritairement exploré à Montréal. «Je suis souvent au campus près de Montmorency, explique le philosophe, finissant à la maîtrise de l’Université de Montréal. Je sais qu’il y a des études qui se font en neurosciences, mais en intelligence artificielle, non.»
Le sujet est pourtant mis de l’avant dans l’actualité, en raison de la place grandissante des technologies dans la société. Les membres du G7 se sont d’ailleurs entendus, lors d’un sommet à Montréal, en mars 2018, sur des pratiques à respecter en matière d’IA.
«Pendans la dernière campagne électorale municipale, j’ai questionné tous les candidats ayant cogné à ma porte sur le développement de l’IA, mentionne M. Marosan. Personne n’en parlait dans son programme.»
Principes éthiques
Le document se veut une boussole éthique à utiliser par tous ceux impliqués dans le domaine des algorithmes, un mot plus approprié pour parler de l’IA, selon le jeune homme de 24 ans.
On y retrouve 10 principes, incluant le bien-être, l’autonomie, la solidarité et vie privée, qui doivent guider les applications des algorithmes.
Coconstruction
Des déclarations poursuivant un objectif semblable ont vu le jour aux États-Unis et en France. Cependant, celle de Montréal a été créée selon une démarche différente.
«Elles avaient toutes comme mode de fonctionnement des experts, dans leur tour d’ivoire, qui produisaient un rapport détaillant quoi faire et ne pas faire, ajoute M. Marosan. Nous trouvions qu’il y avait une trop grande distance avec la réalité.»
Pour obtenir la perception citoyenne des algorithmes, des rencontres dans plusieurs cafés de la province ont eu lieu.
«Notre point de départ, c’était que tout le monde a son expérience d’utilisateur, avec son téléphone ou GPS», affirme le Lavallois.
Dilemmes
Une voiture autonome devait-elle déraper vers la gauche, où un jeune enfant jouait dans la rue, ou vers une dame âgée dans l’autre direction? Dans le cas d’un décès ou d’une blessure grave, à qui revenait la faute?
Il s’agit là d’un des multiples scénarios sur lesquels les gens étaient invités à échanger.
«Ce qui m’a frappé, c’est que dans ce domaine, on retrouve beaucoup de gens de la France, des États-Unis et d’autres pays, mais j’étais le seul Lavallois.»
– Mario Ionut Marosan
Parcours
Né en Roumanie, Mario Ionut Marosan a déménagé à Laval en 2004, à l’âge de 9 ans.
«Depuis que je suis petit, je m’intéresse au fond des choses, indique-t-il. À l’école, je ne demandais pas aux professeurs quelle était la formule de Pythagore, mais pourquoi elle me l’enseignait.»
Sur l’île Jésus, il a étudié à l‘école Saint-Norbert, dans Chomedey, puis l’École d’éducation Internationale de Laval, avant de se diriger à Montréal pour un diplôme collégial en anglais, à Dawson.
Fort d’un baccalauréat en philosophie politique à l’Université d’Ottawa, il est ensuite revenu dans la région pour compléter une maîtrise à l’Université de Montréal.
À l’automne prochain, l’aventure se poursuivra à l’Université Laval, à Québec, pour un doctorat en philosophie des techniques. Il tentera alors de créer une approche pratique, c’est-à-dire collée au réel, de la réflexion sur les avancées technologiques.