Les plus petits producteurs en serre auront bel et bien droit à un rabais substantiel sur leur facture d’électricité, comme l’a demandé le gouvernement Legault.
La Régie de l’énergie du Québec a donné, le mardi 1er décembre, son aval à l’entrée en vigueur immédiate d’un tarif préférentiel de 5,59 ¢/kWh pour les cultures ayant un appel de puissance de 50 kW et plus, qu’elles produisent des aliments, des végétaux ornementaux ou du cannabis.
Ce tarif, qui représente un rabais de près de moitié sur l’électricité pour certains producteurs, n’était auparavant disponible que pour les serriculteurs ayant un appel de puissance d’au moins 300 kW. La Régie élargit ainsi l’accès au tarif aux plus petites installations pour l’éclairage de photosynthèse, mais aussi pour le chauffage d’espaces destinés à la culture de végétaux, y compris les bâtiments.
On stipule toutefois que l’admissibilité des productions de cannabis et des espaces chauffés pour la culture de végétaux devra être revue en 2025, alors que la consommation d’électricité risque d’avoir largement augmenté. On souhaite ainsi éviter une trop grande hausse du tarif pour l’ensemble des clients et donc de ne pas nuire à la visée première du décret gouvernemental : l’autonomie alimentaire.
«La Régie est d’avis qu’il n’y a pas lieu d’exclure les producteurs de cannabis du domaine d’application du tarif proposé, pour deux raisons, soit le contexte de surplus énergétiques et le fait que le présent dossier ne visait pas à remettre en question l’admissibilité des producteurs de cannabis au tarif existant de l’annexe I de la Loi sur Hydro-Québec, lequel est incorporé dans le nouveau tarif», peut-on lire dans la décision.
Durant les audiences, l’Union des producteurs agricoles avait plaidé pour que tous les types de culture en serre bénéficient du tarif et que même si le cannabis ne contribue pas à améliorer l’autonomie alimentaire directement, certaines serres pourraient éventuellement se convertir en serres de fruits et de légumes.
Du côté des serres de plantes et fleurs, la Régie a pris en compte la contribution à l’autonomie alimentaire de celles-ci, étant donné leur grande production de végétaux qui sont ensuite plantés dans les jardins du Québec. D’autant plus que 156 des 900 producteurs en serre du Québec produisent à la fois des légumes et des plantes, selon les données du gouvernement.
Plusieurs intervenants, notamment l’Association Hôtellerie Québec et Association des restaurateurs du Québec, le Groupe de recommandations et d’actions pour un meilleur environnement et le Regroupement CREE pour l’autonomie alimentaire avaient réclamé lors des audiences que le tarif préférentiel ne soit réservé qu’aux producteurs de fruits et légumes.
Le tarif plancher s’élèvera à 5,66 ¢/kWh pour la période 2021-2022 et aura grimpé à 6,13 en 2025-2026, selon la tarification soumise par le distributeur.
Par cette décision, la régie autorise également l’accès à ce tarif pour les très grandes serres qui bénéficiaient du tarif LG (tarif de grande puissance non liée à des activités industrielles).
Effacement
De nombreux suivis sont également exigés par la régie, notamment en ce qui concerne les périodes de pointes hivernales, où on demandera aux producteurs de réduire complètement leur consommation. Ceux-ci doivent s’effacer dans un délai de deux heures suivant la demande du distributeur, sans quoi ils recevront une facture salée de 50 ¢/kWh pendant cette période.
Des installations d’appoint, qui utilisent d’autres types d’énergie, sont donc à prévoir chez les producteurs pour compenser ces périodes.
Le gouvernement avait annoncé ce nouveau tarif par décret le 8 juillet dernier, mais devait obtenir l’accord de la Régie de l’énergie à cet effet.
Si la production en serre se voit doublée comme le souhaite le gouvernement, une augmentation des ventes de 300 GWh pour le chauffage et de 150 GWh est à prévoir d’ici 2030, selon Hydro-Québec.
(Texte de Jasmine Rondeau, Initiative de journalisme local, La Tribune)