Les élus dissidents du Mouvement lavallois ont imposé leur volonté à leur chef, le maire Marc Demers, lors d’une séance extraordinaire du conseil qu’ils avaient convoquée le 20 juin.
C’est ainsi que le conseil a choisi d’en finir avec le marquage bleu et blanc des bordures de trottoir dans les zones voisinant avec les parcs et les écoles et de faire disparaître toute trace de cette mesure controversée initiée par l’administration Demers l’été dernier.
D’emblée, le maire s’est objecté à ce que la résolution soit débattue séance tenante.
«Il serait plus sage d’attendre d’avoir toutes les données avant d’en débattre», a-t-il fait valoir en évoquant une présentation prévue le 28 juin par la Direction générale sur les coûts et enjeux de ce programme. La moitié de ses élus qui l’ont désavoué au début du mois en ont décidé autrement.
Durant les échanges qui ont suivi, M. Demers a chiffré l’effacement de ces bandes bicolores à 600 000 $ pour signifier aux dissidents l’impact de la décision qu’ils s’apprêtaient à prendre.
Ce à quoi certains ont laissé entendre qu’il en coûterait davantage de poursuivre ce programme, notamment en coûts d’entretien.
Pour le meneur des dissidents au sein du Mouvement lavallois, David De Cotis, cette mesure d’apaisement ne réglait en rien le problème de la vitesse en plus de soulever la grogne populaire. «On a même suspendu le programme durant les élections parce que le monde était contre.»
Contre toute attente, au moment du vote, le maire Demers s’est rallié à la majorité.
Une volte-face saluée par l’ancien maire suppléant qui a qualifié le geste de «décision responsable».
Ligne de parti
Quant à la décision des huit élus fidèles à Marc Demers de retourner leur veste et de voter également en faveur de l’abolition du programme, elle était tout à fait prévisible a réagi M. De Cotis, et ce, même si quelques minutes plus tôt les élus en question jugeaient prématuré d’en sceller le sort le soir même.
«On vivait ces moments-là depuis les quatre dernières années, a-t-il mentionné en faisant allusion à la ligne de parti. Ils ont écouté le vote de M. Demers et ont voté de la même façon.»
Le chef de l’opposition officielle, Michel Trottier, a pour sa part constaté que «la ligne de parti est toujours là et ne changera pas». Il a enchaîné en précisant que, jusqu’à la fronde du 5 juin dernier, «il n’y a jamais eu un conseiller du Mouvement lavallois qui n’a pas voté comme le maire en cinq ans.»
Rappelons que l’absence du droit à la dissidence au sein du parti du maire et le contrôle dit excessif de ce dernier sur ses élus avaient, entre autres, mené 10 de ses conseillers à lui tourner le dos il y a une quinzaine de jours.
Désobéissance
Au moment d’aborder le second point à l’ordre du jour, la présidente du conseil, Christiane Yoakim, a indiqué au conseiller Michel Poissant que telle que libellée, sa proposition de «mandater les services de la Ville» pour modifier l’emprise des pistes cyclables qui entravent la circulation sur les boulevards Saint-Martin, Saint-Elzéar et Dagenais était irrecevable.
En vertu d’une directive émise la veille par le directeur du Service des Affaires juridiques, Me Simon Tremblay, toute résolution visant la Direction générale doit désormais être adressée au comité exécutif (CE). C’est cette instance présidée par le maire qui, selon la charte de la Ville, assure le suivi.
«Est-ce que je comprends que tout ce qui a été adopté depuis cinq ans est nul et non avenue en termes de résolution?» a questionné le conseiller de l’opposition, Claude Larochelle, rappelant que cette disposition de la charte n’a jamais été appliquée auparavant.
De fait, le conseil a toujours mandaté directement la Direction générale pour mener toutes sortes d’études et analyses.
«On joue ici avec la vieille charte à Vaillancourt qui dépouillait le conseil de tous ses pouvoirs», a dénoncé M. Larochelle.
L’amendement proposé par le nouveau vice-président du CE, Stéphane Boyer, à l’effet de recommander le tout au comité exécutif a été rejeté à 11 voix contre 10.
«Je trouve ça dommage qu’on nous demande de voter sur quelque choses qui n’est pas légal», a réagi Ray Khalil qui, il y a une quinzaine de jours, a été promu au CE dans la foulée de la destitution de David De Cotis.
Puis, avant de passer au vote sur la proposition principale, le maire Demers a déclaré qu’il allait s’y opposer. «On n’a jamais voulu être contraire aux règles et aux lois qui nous régissent», a-t-il soutenu en ajoutant qu’il fallait «se donner» une façon de faire qui soit à la fois conforme à la charte de la Ville et la Loi sur les cités et villes.
Le groupe des 12 est demeuré solidaire et la résolution a été adoptée à 12 voix contre 9.
Enfin, le troisième et dernier point de la séance a fait l’unanimité, à savoir d’interpeller les élus provinciaux afin que le ministère des Transports et la Ville ouvrent les discussions au sujet de l’ajout de voies pour accéder aux autoroutes 13 et 15, et ce, à partir de l’A-440.
Convoquée à 17h par le groupe des dissidents et les conseillers de l’opposition, cette séance extraordinaire a été levée à 18h25.