Le conseil municipal a mandaté la direction générale d’élaborer un projet de règlement visant à imposer un moratoire sur l’installation d’appareils alimentés au gaz naturel dans le secteur résidentiel.
Adoptée à l’unanimité le 5 avril, cette décision permettra d’accélérer la transition énergétique et la décarbonation des bâtiments sur le territoire lavallois.
«À l’heure actuelle, le gaz brûlé dans les bâtiments représente 7 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre au Québec et 63 % des émissions du secteur des bâtiments», a fait valoir auprès des élus Alexandre Warnet, membre associé du comité exécutif responsable du dossier de l’environnement, la transition énergétique et l’urgence climatique.
Il a aussi souligné que le gaz naturel, renouvelable ou pas, est un combustible fossile composé principalement de méthane, «une énergie destructrice» incompatible avec la mission dont s’est investie Laval, soit de réduire ses émissions de GES de 33 % d’ici 2035.
Dans un communiqué publié le 14 avril, le mentionne que les Municipalités jouent un rôle de premier plan dans la lutte aux changements climatiques. «Alors que nous venons d’adopter notre Plan climat, Laval fait un autre pas en avant pour atteindre ses cibles de réduction de gaz à effet de serre», soutient celui qui veut «faire de Laval un leader au Québec» .
Incidemment, M. Warnet souhaite «que ce geste important saura inspirer d’autres Municipalités à accélérer l’atteinte rapide de la carboneutralité», Laval étant «l’une des premières Municipalités à se doter d’une telle politique» en devenir, se targue l’administration Boyer.
Une fausse bonne idée
Pour Hydro Québec, il s’agit d’une fausse bonne idée.
La société d’État a d’ailleurs sollicité, vendredi, une rencontre auprès du cabinet du maire et de la direction générale afin de discuter des enjeux liés à une telle politique.
Porte-parole en matière d’approvisionnements en électricité, Maxence Huard-Lefebvre fait valoir entre autres, le partenariat avec Énergir qui fait de la biénergie un moyen efficace dans la lutte contre les changements climatiques.
«Pour nous, cette offre-là est très importante dans nos outils de décarbonation et de gestion de la pointe [de la demande]» dit-il en entrevue au Courrier Laval.
Le système de chauffage hybride permet à Hydro-Québec de suffire à la demande lors des périodes de pointes hivernales, soit à raison de quelque 500 heures par année. En termes de consommation énergétique, le gaz naturel comme source d’appoint peut répondre jusqu’à 30 % des besoins de chauffage d’un logement, par exemple.
«Ce qui serait souhaitable , c’est que les gens qui chauffent aujourd’hui 100 % au gaz passent à la biénergie», soutient M. Huard-Lefebvre.
À Laval, on évalue entre 7000 et 8000 logements raccordés au réseau Énergir, autant de ménages qu’Hydro-Québec aimerait convertir à la biénergie.
Quant aux nouveaux clients du réseau gazier, ils seront désormais alimentés au gaz naturel renouvelable (GNR), souligne-t-il au passage.
«Dans un objectif de décarboner, la biénergie est un outil intelligent», insiste Maxence Huard-Lefebvre en rappelant la forte pression que la transition énergétique exerce sur la production d’électricité et les réseaux de transport et de distribution.
«D’ici 2050, c’est 100 térawattheures (TWh) d’électricité de plus qu’on aura besoin; c’est la moitié de ce que produit Hydro-Québec présentement pour décarboner l’économie actuelle; ça, c’est sans compter tous les nouveaux projets industriels et de développement économique», termine-t-il.