Le 8 juin, sept jeunes de l’école Saint-Martin à Chomedey ont pu présenter la pièce La disparition de Malika à la bibliothèque de leur école, et ce, après un an de travail avec le Théâtre Fêlé.
Le spectacle est le fruit du travail de la première année du projet Q.G. du Théâtre Fêlé qui crée des spectacles pour les enfants et adolescents depuis 2013.
La compagnie théâtrale voulait permettre à des jeunes de Chomedey de goûter à l’art de la scène en créant une pièce de A à Z.
En cours d’année, les adolescents de 12 à 14 ans, soit en secondaire 1, 2 ou classe de francisation, ont participé à de nombreux ateliers et séances d’improvisation pour définir une histoire.
Le Théâtre Fêlé a chapeauté le projet avec la participation d’artistes autant à la mise en scène, conception de la musique qu’à la dramaturgie et scénographie.
Carte blanche
Avec La disparition de Malika, ces élèves racontent, comme son nom l’indique, la recherche de Malika, une internaute qui a l’habitude de faire des vidéos en direct avant qu’un jour, la diffusion ne cesse et qu’elle disparaisse.
Dans cette pièce, les jeunes ont voulu explorer le thème de l’intimidation en ligne. Le dramaturge Olivier Sylvestre trouvait «intéressant qu’on mette cette idée vraiment actuelle, en lien avec les réseaux sociaux».
Marissa Nassar, une élève de 13 ans, pense que la pièce «donne un message qu’il ne faut pas faire d’intimidation. C’est plus facile d’intimider les gens en ligne.»
Yowanne-Musau Kalonji, 14 ans, s’est identifié au personnage de l’intimidatrice qu’elle interprétait, car elle sait que toutes sortes de mots peuvent sortir sous le coup de la colère.
L’aspect des réseaux sociaux a beaucoup stimulé l’esprit d’Olivier Sylvestre. «Oui, c’est une réflexion sur l’intimidation en ligne, mais c’est aussi une réflexion sur la personnalité qu’on a sur les réseaux sociaux. Est-ce que c’est la même que dans la vraie vie?».
Scène atypique
«La présentation finale est très importante parce qu’elle amène l’estime, la confiance en soi et bien sûr la fierté de montrer», explique pour sa part la metteure en scène lavalloise et directrice du Théâtre Fêlé, Talia Hallmona.
Plusieurs jeunes ont d’ailleurs apprécié le contexte différent dans lequel ils ont présenté leur oeuvre.
«C’est une des pièces que j’ai le plus aimé jouer, parce que ça changeait vraiment de ce qu’on fait habituellement, raconte Clara Litalien, 14 ans. C’était pas sur une scène, c’était dans une bibliothèque, entre les livres.»
Découvrir et s’améliorer
Pour Talia Hallmona, «les objectifs derrière ce projet-là, c’est de mettre des ados en contact avec l’art», en leur permettant de développer plusieurs habiletés, de créer et s’amuser.
«Il y’en a qui était là pour gérer leurs émotions, y’en a qui était là pour la langue […] Y’en a qui était là pour voir des gens en vrai», souligne-t-elle.
Marissa a beaucoup aimé le travail d’équipe, «ça m’a donné du courage pour parler». De son côté, Adchayan Pratheep, 14 ans, a pu travailler sa mémoire.
Pour d’autres, c’est la poursuite d’une nouvelle activité et rencontre d’autres jeunes qui les a poussés à participer. «Je me suis inscrite pour le théâtre, pour découvrir une nouvelle passion», explique Doriane Renaud, 12 ans.
«Un autre objectif est aussi de valoriser les adolescents», note Talia Hallmona. «Au Théâtre Fêlé, on aime créer, donc c’est sûr qu’on ne prend pas des pièces qui existent déjà». L’improvisation fait partie des points forts du processus créateur, selon les jeunes. Cet aspect a favorisé l’imagination et la créativité comme l’explique Yowanne-Musau.
«Ce que je peux retenir, c’est qu’on peut faire ce qu’on veut dans le théâtre. […] On peut passer de la mort de Michael Jackson jusqu’aux licornes», lance-t-elle, alors que Marissa a apprécié qu’on écoute les idées de tous et qu’aucune n’ait été imposée.
En partenariat avec la Ville de Laval, le projet devrait se poursuivre l’année prochaine avec de nouveaux artistes, thèmes et sujets.
Un autre groupe, basé à la maison des jeunes Val-Martin, devrait aussi être de retour pour l’activité.