En tournée panquébécoise depuis quelques semaines, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui représente 5150 enseignants à Laval, demande une importante hausse salariale afin de renouveler sa convention collective arrivant à échéance le 31 mars, a-t-on appris durant son arrêt sur l’île Jésus.
«Ce qu’on demande est de faire disparaître six échelons de l’échelle salariale, énonce Sylvain Mallette, président de la FAE. Un rattrapage salarial avec la moyenne canadienne.»
Selon des études menées par la FAE, les professeurs québécois seraient les moins bien payés au Canada et ceux qui attendent le plus avant d’atteindre le maximum de l’échelle salariale.
La rémunération de départ passerait donc de 42 000 $ à 56 000 $. L’échelon maximal, qui serait atteint après seulement 11 ans plutôt que 17, passerait de 82 000 $ à 92 000 $.
La FAE dénonce les conditions difficiles des enseignants à l’heure actuelle, en raison d’une pénurie de personnel, désertion professionnelle, de départs précipités et détresse psychologique. La Fédération indique que l’augmentation de salaire doit être accompagnée de meilleures conditions de travail.
Pénurie de personnel
«Toute la question de la pénurie de personnel est un phénomène réel qui a des conséquences graves dans plusieurs domaines, explique Sylvain Mallette. Ces phénomènes s’accompagnent d’un taux de désertion très élevé. On a de la difficulté à attirer de profs et avons de la difficulté à les maintenir en poste.»
Ce sont 25 % des enseignants québécois qui abandonnent le métier après une première année en poste selon une étude menée en 2014 par le ministère de l’Éducation.
La Fédération souhaite une amélioration des mécanismes d’octroi de contrats à temps plein et temps partiel afin de diminuer la précarité chez les enseignants et les encourager à rester. De même, ils proposent du mentorat pour les enseignants en début de carrière dans le but l’alléger leur tâche.
«Dans les écoles primaires et secondaires, 25 % de professeurs n’ont pas de contrat à temps plein et ça joue sur la stabilité, souligne-t-il. À l’éducation aux adultes, c’est 70 % de profs qui vivent la précarité. Il y a des profs qui arrivent à la retraite sans contrat à temps plein, alors que les besoins sont là année après année.»
Autres demandes
L’organisation syndicale a formulé aussi des demandes touchant l’intégration des élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage en classe ordinaire, la rénovation des services offerts dans les milieux issus de l’immigration et les normes entourant la formation de groupes.
«On veut que l’expertise des profs soit reconnue, explique M. Maillette. C’est à nous de choisir les approches pédagogiques et d’évaluer les résultats des élèves. Les gens qui n’ont jamais mis les pieds en classe ne peuvent pas venir dire aux profs comment faire leur travail. Depuis une vingtaine d’années, on a des cibles de réussite à atteindre. Dans cette logique, on ne parle plus de besoins des élèves, mais des résultats à atteindre tel qu’un chiffre d’affaires.»
À l’heure actuelle, les écoles n’ont pas atteint les mêmes niveaux de services quant aux ressources professionnels, ressources de soutien, coupures dans les contrats et services directs aux élèves, plaide la FAE.
«Le gouvernement de François Legault ne réinvestit pas, il rembourse les sommes qui ont été coupées, ajoute-t-il. Il rembourse les compressions imposées au réseau dans les dernières années.»