L’institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) du Québec a diffusé, le 29 juin, une étude démontrant que les gouvernements doivent changer d’approche pour mesurer et assurer l’accessibilité en matière d’habitation.
Cette même étude déconstruit trois mythes qui nuiraient à la résolution de la crise actuelle, dont celui qui indique que Montréal est plus abordable que Vancouver et Toronto.
«D’après Oxford Economics, Vancouver est la ville la plus inabordable en Amérique du Nord, suivie de près par Toronto», note Marie-Sophie Banville, chercheuse associée à l’IRIS et autrice de la fiche socioéconomique, par voie de communiqué.» Elle cite aussi le Demographia qui positionne Vancouver et Toronto aux troisième et dixième rangs des villes les plus inabordables à l’échelle internationale.
«Trop souvent, on oublie ainsi que la métropole québécoise évolue dans le marché immobilier canadien, qui est l’un des plus inabordables au monde», ajoute Mme Banville.
Le second mythe est le fait qu’il faudrait augmenter l’offre de logements pour résorber le problème. Selon l’étude, cette idée masque toutefois le fait que les gouvernements, à commencer par le palier fédéral, stimulent la demande avec plus de ferveur qu’ils ne soutiennent l’offre de logements. En effet, les mesures de soutien à l’accès à la propriété et la participation publique au financement hypothécaire auraient contribué à faire progresser la demande plus rapidement que l’offre au cours des dernières années.
«La pénurie de logements est condamnée à demeurer chronique si l’approche d’Ottawa, qui mise sur la stimulation et le soutien de la demande, n’est pas revue et corrigée en profondeur», poursuit la chercheuse.
Le troisième mythe concerne le rêve des jeunes pour l’accès à la propriété. L’analyse d’IRIS évalue que l’indice des prix des logements neufs de Montréal a progressé de 314 % entre 2000 et 2022. Il s’agit d’une trajectoire haussière plus rapide que celle d’autres grandes villes nord-américaines comme Los Angeles (+296 %), San Francisco (+267 %) ou New York (+158 %).
Cette progression fulgurante des prix des maisons au fil des reventes nuirait d’ailleurs tant aux aspirants propriétaires qu’aux locataires, dont les loyers sont sous pression face à la flambée des prix de l’immobilier.
Solution
IRIS juge que les mesures visant «l’aide à la pierre» peuvent générer une offre pérenne en habitation abordable, telle que les coopératives, fiducies foncières et logements sociaux, en réponse aux différents besoins en habitation de la population canadienne.
il faudrait toutefois, pour mieux protéger le droit à l’habitation, que les politiques publiques cessent d’alimenter la demande en s’articulant autour de mesures du type «aide à la personne», autant en matière de logement locatif que d’accès à la propriété.
Mme Banville estime d’ailleurs que «ce gouvernement ne pourra atteindre ses propres objectifs d’amélioration de l’offre de logement s’il ne pèse pas sur le frein d’une demande qu’il stimule lui-même». (N.P.)