Un groupe d’enseignants du réseau scolaire lavallois dénonce plusieurs situations problématiques se déroulant au sein du Syndicat de l’enseignement de la région de Laval (SERL) depuis plusieurs semaines.
Parmi celles-ci, notons des propos grossiers émis par l’élue Micheline Roby envers l’un des membres féminins, et ce, devant près de 90 personnes dans une conférence Zoom qui a eu lieu le 15 septembre. Cette rencontre regroupait les délégués syndicaux de différents établissements.
«Une femme a émise une proposition lors de l’assemblée, explique un délégué qui désire conserver l’anonymat. L’élue est arrivée dans le bureau d’une autre élue en ne sachant pas que son micro était ouvert. Elle a alors dit « qu’est-ce qu’elle veut la grosse vache avec sa proposition ». Tout le monde a entendu cela, c’est inacceptable.»
Celui-ci ajoute que la présidence du SERL n’est pas intervenue. La séance s’est terminée sans même un retour sur ce qui s’était passé. Mme Roby aurait ensuite contacté la déléguée seule à seule en soirée pour s’excuser.
«On s’attendait à ce qu’elle soit suspendue le soir même par le président du syndicat pour qu’il y ait enquête, ajoute un autre membre qui corrobore les faits précédents. Rien n’est arrivé et on dénonce vivement cette violence verbale.»
Depuis ce différend, le conseil d’administration du SERL a émis un communiqué à ses membres pour s’excuser des propos qui ont été tenus.
«[Les propos] n’ont pas été faits directement, explique Guy Bellemare, président du SERL. Ça n’excuse rien, mais ça met en contexte un peu la situation. C’est comme si quelqu’un avait explosé dans sa tête, mais de vive voix tout simplement. Ça faisait référence à la lourdeur de la rencontre.»
Les enseignants consultés soutiennent toutefois que la lettre était très impersonnelle et que l’organisation syndicale semblait justifier les propos tenus de par «un nombre élevé d’interventions au niveau de la procédure de l’assemblée qui ont considérablement alourdit et retardé le déroulement de la rencontre.»
M. Bellemare note que des excuses publiques ont été faites lors d’une assemblée plus récente. Toutefois, le groupe de délégués soutient que les excuses ont été formulées de manière impersonnelle puisqu’à aucun moment ils ont nommé, par son nom, la victime des propos grossiers. Il s’agissait plutôt d’excuses dirigées envers l’ensemble des délégués.
«Nous avons rencontré la personne qui a été victime de ces propos, poursuit le président. Il y a une démarche qui est entreprise. Je ne pourrai pas aller plus loin que ça, car nous sommes encore en communication avec cette personne pour voir à rétablir les choses.»
Pour le moment, aucune conséquence n’est prévue pour l’élue.
Silence
Plusieurs délégués affirment également qu’une certaine «culture du silence» est en place au SERL depuis plusieurs années.
«Il y a eu des élections comme à chaque mois de septembre pour les différents comités, explique un autre délégué sous le couvert de l’anonymat. Nous l’avons fait par voie électronique. Il y a eu un bogue, puis nous avons reçu les résultats sans aucune indication concernant le nombre de votes obtenus par les personnes qui se présentaient.»
Cette façon de faire amène les délégués à se questionner sur l’intégrité du vote à la surprise du président du SERL.
«Il y a un nouveau comité qui a été mis en place, précise M. Bellemare. Le nouveau président des élections qui a été élu a été pris à faire le pont entre l’ancienne présidente et lui-même pour être capable d’avoir les résultats et les publier le plus rapidement possible. […] Ça n’a rien avoir avec un manque de transparence, c’est vraiment un imbroglio par rapport au processus électoral qui a été retardé justement parce qu’il y a eu une passation.»
Un autre syndiqué relate quant à lui une assemblée durant laquelle la vice-présidente aurait reproché à l’un des membres devant tout le monde d’avoir adopté des comportements qui sont, à son avis, répréhensibles. Cela aurait créé une certaine tension.
«Si les gens se sentent mal à l’aise pour une situation, j’aimerais le savoir pour pouvoir intervenir, pour pouvoir rassurer cette personne ou ces personnes, mentionne le président du SERL. […] Il n’y a jamais personne qui a empêché quiconque de parler s’il y a un message ou une phrase qui a été mal interprétée, j’aimerais le savoir pour qu’on puisse rectifier s’il le faut.»
Insatisfaction
Les délégués rencontrés par le Courrier Laval se disent également insatisfaits de certaines décisions en lien avec les dépenses. Les heures de disponibilité des élus, qui ne concordent pas avec les pauses des enseignants qui tenteraient de les rejoindre, sont aussi sujettes à problème.
Les quatre personnes rencontrées affirment que leur objectif n’est pas «d’aller dans les rues prochainement avec des pancartes, mais tout simplement dénoncer ce qui se passe.»
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À noter que le terme «délégué» a été utilisé au masculin tout au long du texte uniquement afin d’éviter de bien identifier les sources qui souhaitent conserver l’anonymat.