À Laval, le loyer moyen des logements disponibles à la location s’élève à 1716 dollars par mois.
Voilà ce que révèle l’enquête menée en octobre dernier par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) sur le marché locatif.
Le loyer exigé est 60 % supérieur à celui des logements occupés (1075 $) sur le territoire lavallois au moment de l’enquête. En nombre absolu, le prix affiché pour ces rares logements disponibles – le taux d’inoccupation est de 2,1 % – coûte en moyenne 641 dollars de plus.
Près de 500 $ plus cher qu’à Montréal
«À Laval, le coût d’un logement inoccupé est beaucoup plus cher que pour l’ensemble de la RMR [région métropolitaine de recensement] de Montréal où le loyer disponible est à 1299 $, ce qui est déjà très cher», indique Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).
Sur l’île de Montréal, par exemple, les logements à louer s’affichent en moyenne près de 500 $ moins cher qu’à Laval.
«C’est un drame épouvantable pour chaque ménage qui doit déménager à la suite d’une éviction, d’une séparation ou en raison de la famille qui s’agrandit», poursuit-elle.
En l’espace d’un an, le loyer pour un logement libre à Laval a augmenté de 189 dollars, passant de 1527 $ en octobre 2022 à 1716 $ en octobre dernier. Il s’agit d’une hausse de 12,4 %.
Pendant la même période, le logement disponible à Montréal a diminué de 8 dollars alors que le coût moyen s’établissait à 1229 $ en octobre 2023.
Un mur
«La réalité, c’est que les locataires n’ont pas les moyens de payer ces logements», se désole Véronique Laflamme.
Celle-ci rappelle les chiffres du dernier recensement où plus d’un ménage locataire lavallois sur quatre (28 %) consacrait déjà plus de 30 % de ses revenus pour se loger, excédant ainsi le seuil à partir duquel un ménage paie trop cher pour un logement selon la SCHL.
«En 2020, la moitié de ces 16 000 ménages gagnaient moins de 26 600 $ et des milliers d’entre eux dépensaient plus de 50 %, voire 80 % de leurs revenus pour le loyer.»
C’était avant que n’éclate la crise du logement, souligne Mme Laflamme qui craint de voir se multiplier le nombre de locataires «en situation de précarité et à haut risque d’itinérance, y compris les aînés victimes d’éviction».
En hausse de 10 %
Au chapitre du loyer moyen, toutes typologies confondues et logements occupés ou non, la hausse de 9,7 % observée à Laval est également plus importante que celle enregistrée à Montréal (6,7 %) et dans la région métropolitaine (7,6 %).
À l’échelle du pays, la croissance du loyer moyen des appartements de 2 chambres à coucher a augmenté de 8 %. Pour mettre le tout en perspective, l’inflation a crû de 4,7 % et les salaires ont progressé de 5 % durant la même période, notait la SCHL au moment de publier son rapport le 31 janvier dernier.
… et de 19 % !
L’enquête met aussi en lumière une hausse deux fois plus importante du loyer moyen dans le marché du Grand Montréal lors d’un changement de locataire.
En 2023, la variation du loyer moyen a été de 18,9 % pour un 4 ½ ayant accueilli de nouveaux locataires comparativement à 5,7 % pour un renouvellement de bail.
Une statistique qui fait craindre le pire avec l’entrée en vigueur à venir du projet de loi 31 en matière d’habitation, qui conférera aux propriétaires de logement le droit de refuser une cession de bail sans motifs sérieux. Rappelons qu’actuellement, un locataire peut céder son bail au prochain occupant, qui reprendra le logement aux mêmes conditions et au même loyer.
«Au lieu d’améliorer les choses, on retire cette mesure qui protégeait les locataires contre des hausses de loyer abusives», s’insurge Véronique Laflamme.
Des demandes
À l’approche du budget, le FRAPRU demande au gouvernement Legault de financer la réalisation de 50 000 logements sociaux en 5 ans à la faveur de HLM, de coopératives et d’OSBL d’habitation et de prévoir un programme pérenne pour en assurer une mise en chantier rapide.
Ce regroupement pour le droit au logement presse aussi le gouvernement d’intervenir pour arrêter la hausse démesurée des loyers. Il joint sa voix au Regroupement des comités logements et associations de locataires du Québec (RCLALQ) pour réclamer «un contrôle obligatoire des loyers, un registre public et universel des loyers et des protections légales renforcées contre les évictions frauduleuses visant à augmenter les loyers».
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