Les dirigeants de la Ville ont voté à l’unanimité lors du dernier conseil municipal deux règlements patrimoniaux dont un vise la protection de 102 édifices principaux et 35 structures accessoires.
«Ils sont assez répartis, on les retrouve partout sur l’île, commente la conseillère de Sainte-Rose, Virginie Dufour. Même dans Chomedey et Laval-des-Rapides, moins connu pour leurs lieux historiques.»
Ces établissements se trouvent à l’extérieur des zones patrimoniales, secteurs ayant une grande densité de bâtiments d’intérêt historique et culturel, tels que le Vieux Sainte-Rose ou Vieux Saint-Vincent-de-Paul. Ils font donc partie d’un Programme d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) distinct.
Ce PIIA permet de contrôler la modification du lotissement, le déplacement, la démolition, modification, l’agrandissement et implantation d’un bâtiment principal ou accessoire, ainsi que l’installation et la modification de nouvelles enseignes.
Sélection
Les monuments ont été choisis par des experts lors de la mise à jour de l’inventaire des bâtiments patrimoniaux. Lors du premier recensement, en 1981, on en comptait 1949. Ce nombre a diminué de 25 % depuis, s’établissant à 1470 en 2015.
De ce nombre, 793 ont été identifiés comme ayant un intérêt important. Ceux-ci ont une fiche descriptive détaillée disponible sur le site Web de Laval.
Ensuite, 102 ont atteint l’échelon supérieur et ont été placé dans le PIIA. Auparavant, seules trois adresses figuraient à la liste d’édifices patrimoniaux hors zone patrimoniale.
Financement
Le second règlement soutenu par les conseillers permet l’augmentation de l’aide financière maximale pour rénovations. Les propriétaires peuvent donc recevoir 25 000 $ tous les 3 ans, plutôt que 12 500 $ par période de 5 ans.
«Ce qu’il reste de patrimoine, on doit le préserver comme on peut. Il n’en reste presque plus: 1400 sur le territoire de Laval, c’est infime.»
– Virginie Dufour, conseillère de Sainte-Rose
Certains travaux sont également reconnus pour un remboursement partiel, tels que la plomberie, l’électricité et l’achat ou la location d’outils.
«Il y a vraiment des trippeux de patrimoine, on veut les aider», raconte Mme Dufour.
Démarche participative
Les nouveaux encadrements légaux surviennent à la suite de consultations publiques avec des citoyens qui habitent des maisons ancestrales. Six rencontres ont eu lieu entre avril et juin 2018.
Les résidents ont présenté pas moins de 45 recommandations, dont certaines ont permis la formulation des règlements L-2001-3641 et L-12659 mentionnés plus haut.
Valorisation citoyenne
Pour mettre en valeur les vieux bâtiments, plusieurs groupes citoyens se sont exprimés. L’Association des citoyens et amis du Vieux Sainte-Rose a mis sur pied un projet de plaques patrimoniales expliquant l’historique derrière ceux-ci. Mme Dufour en a commandité quelques-unes dans son quartier, dont celle ornant la façade de la Brûlerie du Vieux Sainte-Rose.
Les Virées patrimoniales, animées par des acteurs et historiens du Réseau ArtHist, sont également financées en partie par l’administration municipale.
Par ailleurs, la Ville a développé sa première application mobile, Parcourir Laval, pour découvrir les endroits historiques méconnus de l’île Jésus.
La conseillère de Sainte-Rose partage sur sa page Facebook de vieilles photos tirées des archives de la Ville ou encore données par des voisins. «Je me souviens d’une photo d’époque des premiers déneigeurs sur des chevaux, se souvient Mme Dufour. C’était très drôle.»
Patrimoine moderne
En parallèle de la conservation des bâtiments anciens, un préinventaire du patrimoine moderne (1935-1975), religieux et institutionnel a lieu pour faciliter leur protection ultérieure.
«Un bâtiment considéré patrimoine moderne serait l’hôtel de ville, précise Mme Dufour. C’est d’ailleurs le résultat du premier concours d’architecture lancé par la Ville.»
Les propriétaires de maisons patrimoniales peuvent également s’attendre à un allègement de l’encadrement de certains travaux. «Certains se demandent s’ils peuvent repeinturer leurs murs ou si la Ville doit choisir la couleur, donne la conseillère en exemple. On veut donner plus de petites libertés.»