La plupart des secteurs d’activité ont été ralentis par la pandémie de la COVID-19. Le golf y fait toutefois exception, puisque les golfeurs se font plus présents sur les terrains depuis l’été 2020.
L’augmentation moyenne de l’achalandage observée dans les golfs du Québec a été de 19 % au cours du dernier été selon Stéphane Dubé, directeur général de l’Association des Clubs de Golf du Québec. Un sommet de 29 % aurait d’ailleurs été atteint par certains clubs de la province.
«Au mois de mai, l’an dernier, le golf était l’une des seules activités permises, rappelle François Roy, directeur général adjoint chez Golf Québec. Les habitués se sont rués vers les clubs, et, pour ceux qui avaient peut-être délaissé la pratique depuis quelques années, ç’a été l’occasion de revenir.»
Louis-Philippe Desjardins, directeur général du club de golf de Sainte-Rose, se dit d’ailleurs enjoué par cette nouvelle vague de joueurs.
«On a un gain sur l’ensemble comparativement aux années passés, assure-t-il. On compte encore sur beaucoup de nouveaux golfeurs cette saison. Il y a de plus en plus de jeunes, surtout ici, qui viennent jouer régulièrement à seulement 12, 13 ou 14 ans. C’est vraiment intéressant.»
Nouvelle clientèle
Une augmentation de la pratique du golf était déjà observable depuis quelques étés, mais celle-ci était moins marquée. Un retour massif des joueurs âgés de 18 à 35 ans explique le bond énorme réalisé à l’été 2020 et qui se poursuit cette année.
Les jeunes adultes avaient effectivement pris l’habitude de délaisser les allés et les verts au fil des années, que ce soit par manque de temps, pour la famille ou les coûts rattachés au golf.
«Il y a toujours eu un trou entre les joueurs d’âge junior et les adultes dans la quarantaine, explique Patrick Demers, directeur et professionnel en titre au club de golf Saint-François. Certains n’ont pas travaillé pendant la pandémie et ont eu plus de temps. On a donc vu un retour assez important des jeunes adultes.»
Cela coïncide aussi avec le lancement de la campagne Sortez, Golfez il y a cinq ans. Celle-ci avait pour objectif de «dynamiser le golf en le présentant autrement et mettant de côté le côté plus traditionnaliste du facteur d’handicap», explique M. Roy.
L’autre bonne nouvelle réside dans l’achat d’équipement qui a connu une hausse considérable.
«Habituellement, un golfeur ne s’équipe pas seulement pour une saison, car il investit des centaines de dollars, ajoute le directeur général adjoint de Golf Québec. Les manufacturiers nous disent que l’an passé et cette année sont des années records. Ça nous dit que les gens ont un intérêt à revenir et poursuivre la pratique du golf.»
Le nombre de golfeuses connaît également un bel essor, ce qui permet de démocratiser le sport, ainsi qu’attirer de nouveaux et nouvelles adeptes.
La relève
Les jeunes âgés de 12 à 17 ans sont un autre groupe d’âge important pour les clubs, car ceux-ci représentent l’avenir du sport. Tous les intervenants contactés assurent que le golf était déjà en hausse de popularité auprès de ceux-ci, et ce, même avant la pandémie.
Par exemple, le club de golf de Laval-sur-le-Lac offre des camps de jour réservés aux enfants de leurs membres. Ce sont 47 jeunes qui prennent présentement part à ceux-ci dans la tranche d’âge des 6 à 10 ans. Une autre trentaine de jeunes font partie du groupe des 11 à 18 ans.
La création de programmes de golf en milieu scolaire a aussi favorisé cette croissance, tout comme les cours offerts directement dans les clubs.
«Une nouvelle génération, allumée par la découverte du golf dans les écoles primaires et secondaires au tournant des années 2010, est aujourd’hui dans la vingtaine et a retrouvé cette passion du golf durant la dernière année.»
– François Roy, Golf Québec
«Ce n’est pas rare de voir un couple avec deux enfants sur un terrain golf, souligne Steven Brosseau, directeur du Club Laval-sur-le-Lac qui a occupé le poste de président de l’Association des golfeurs professionnels [PGA] du Québec pendant trois ans. C’est super appréciable de voir ça. Je crois que le développement du sport passe par là. Les enfants vont vieillir et continuer de vouloir pratiquer le golf en famille.»
Joué de façon plus familiale, ce sport permet d’ailleurs de diversifier les possibilités, que ce soit en comptabilisant le pointage habituel ou en réalisant de petites confrontations en groupes selon la meilleure balle frappée.
Le futur
Même si le sport se porte bien, le défi sera de conserver les acquis des deux dernières années à la suite de la pandémie. Pour Louis-Philippe Desjardins, cela passe particulièrement par des terrains de qualité et une offre de prix intéressante pour toute la population.
Le club de golf de Saint-François fait partie de ceux qui se sont adaptés au fil des années. Patrick Demers note qu’ils offrent maintenant des passes de membre de deux jours pour «permettre aux gens de choisir leurs journées et réduire le coût de l’abonnement».
«Nous devons bâtir sur l’intérêt créé durant la pandémie, conclut Steven Brosseau. Les gens ont maintenant accès à plus d’activités, que ce soit le vélo, le hiking ou autres. Notre défi est de mettre dans la tête des golfeurs que ça demeure le sport à pratiquer et qu’ils reviennent sur les différents parcours le plus souvent possible.»