Le maire Stéphane Boyer n’exclut pas l’implantation d’une école primaire dans le boisé du Trait-Carré.
Situé au cœur du centre-ville, ce milieu naturel de 12 hectares avait échappé in extremis à un développement immobilier en août 2018. En pleine crise politique qui avait laissé le maire Marc Demers minoritaire au conseil municipal, le conseiller de l’opposition officielle, Claude Larochelle, avait réussi – avec l’aide des 10 élus dissidents du parti au pouvoir – à bloquer la vente de 55 % du boisé au Groupe immobilier FTQ.
Cela dit, la résolution adoptée il y a quatre ans prévoyait d’«évaluer la possibilité» d’implanter une école en bordure du boisé, n’a pas manqué de rappeler le maire Boyer à la dernière assemblée du conseil, le 4 octobre.
Anthian en mission
Depuis quelques mois, l’ex-conseiller municipal du quartier Pierre Anthian a repris son bâton du pèlerin, déterminé plus que jamais à préserver l’intégralité de cet espace naturel pour lequel il s’est toujours battu.
À l’origine d’une pétition de 4300 signatures pour la protection du boisé en 2018, M. Anthian est revenu à la charge, déposant une première pétition de 400 noms à la séance du conseil de septembre, puis une seconde de 310 signatures ce mois-ci.
Le citoyen Anthian a notamment reproché à l’administration Boyer de servir à la population des «demi-vérités» lorsqu’elle affirme que le Centre de services scolaire (CSS) de Laval a identifié «le secteur du Trait-Carré» pour y établir une nouvelle école.
«[…] une demande a notamment été effectuée pour la construction d’une nouvelle école dans le secteur de Laval-des-Rapides, à l’est du boulevard Laval et au sud du boulevard Saint-Martin», écrit le CSS dans une lettre adressée à Pierre Anthian en réponse à une demande d’accès à l’information. «Le boisé du Trait-Carré est à l’ouest [du boulevard Laval]», précise Pierre Anthian.
Consultation publique
Le maire Boyer a indiqué que «différentes options sont regardées» et que si le site du boisé du Trait-Carré était retenu, seule une portion serait sacrifiée.
«Mais dans tous les cas, on va faire une consultation publique, a-t-il déclaré quant à l’avenir du boisé et la façon de l’aménager.
Conseiller de Laval-des-Rapides et responsable des dossiers liés à la transition écologique et la participation citoyenne au comité exécutif, Alexandre Warnet a d’ailleurs rappelé son engagement lors de la dernière campagne électorale à tenir une consultation citoyenne pour l’aménagement du boisé. «À cette époque-là, on ne savait qu’il y aurait une école qui arriverait sur le territoire. Ça va faire partie des discussions», a-t-il poursuivi.
À cet égard, M. Warnet y voit «peut-être même une opportunité» dans l’éventualité où des enfants seraient appelés à fréquenter une école dans un milieu naturel. Le cas échéant, l’implantation se ferait dans «le respect des écosystèmes compris dans le bois du Trait-Carré», a ajouté l’élu.
Tout autre son de cloche du côté du chef intérimaire de Parti Laval et conseiller de Fabreville, Claude Larochelle. En évoquant les 14 nouvelles écoles projetées par le CSS dans un horizon de 10 ans, il a déclaré «qu’il faudra s’assurer que [ces] écoles dont celle qui sera éventuellement construite dans le secteur du bois du Trait-Carré ne touchent pas nos milieux naturels», soulignant au passage ce «milieu naturel d’intérêt que des milliers de citoyens nous ont aidé à sauver en 2018».
Boisé non protégé
Farouche défenseure du boisé, Mme Claude Locas a réagi à la période de questions citoyennes, marquant sa surprise d’apprendre que la Ville était prête à céder une partie du boisé qu’elle croyait protégé. «Je ne suis vraiment plus certaine de rien», a-t-elle laissé tomber.
En fait, le boisé n’a jamais été protégé.
Le Programme particulier d’urbanisme (PPU) du Centre-ville, adopté le 12 juillet dernier, y autorise la construction comme en témoigne l’affectation Institutionnelle et publique dont le boisé est frappé.
Incidemment, l’an dernier, le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval, CANOPÉE et Les Amis du Trait-Carré et du Boisé du Souvenir souhaitaient que la Ville reconnaisse le bois du Trait-Carré comme un espace naturel protégé.
Sondage
Dans la foulée d’une éventuelle reconnaissance officielle, les quatre organismes avaient mené au printemps 2021 un vaste sondage auprès de 900 Lavallois.
Trois répondants sur quatre (76 %) réclamaient sa protection alors que 92 % d’entre eux jugeaient pertinent que la Ville acquière les lots contigus au bois du Trait-Carré.
Également, 80 % des personnes sondées se disaient de moyennement à très inquiets quant à la dégradation et la perte de biodiversité que pourrait entraîner l’aménagement de ce milieu naturel.
Enfin, le sondage révélait que 9 Lavallois sur 10 souhaitaient des aménagements à faible impact sur le milieu tandis que 80 % rejetaient l’idée d’y implanter un bâtiment communautaire.