La période de confinement actuelle causée par la pandémie de la COVID-19 peut avoir des effets négatifs sur la santé mentale de nombreux citoyens.
«Tout le monde est à risque, explique Anne-Julie Lafrenaye-Dugas, psychothérapeute au Service populaire de psychothérapie de Laval. Il s’agit d’une grosse période de stress qui peut avoir plusieurs effets négatifs sur les personnes.»
À l’inverse, certains citoyens peuvent se sentir rassurés par le fait d’être seuls, car ils se sentiront en sécurité et auront l’impression de protéger leurs proches. Les personnes étant déjà vulnérables psychologiquement sont quant à elles plus à risque, car il s’agit d’un nouveau stress qui s’ajoutent à ceux qu’ils vivaient avant la crise.
La psychothérapeute note aussi qu’il est possible de percevoir cette période comme un trauma collectif. «La situation actuelle correspond à cette définition, soit un événement marquant ou traumatisant partagé par la société entière. Celui-ci peut susciter des émotions et réactions collectives, ainsi qu’entraîner des changements dans la culture et les façons de faire de la société.»
Stress additionnel
L’arrivée du confinement est un nouveau facteur d’angoisse pour de nombreuses personnes. Toutefois, après quelques jours, il est possible de le maîtriser en s’habituant à la nouvelle réalité.
Le plus difficile sera l’ajout d’un nouveau stress, tel qu’une perte d’emploi ou des enfants qui se chicanent à la maison. «Les gens ont tendance à s’habituer au stress créé par la crise sanitaire, décrit Mme Lafrenaye-Dugas. Toutefois, la gestion des stress supplémentaires, qui étaient habituellement plus faciles à gérer, pourrait devenir plus ardue.»
Elle donne l’exemple du caractère imprévisible des nouvelles mesures d’urgence qui pourraient être décrétées dans la région métropolitaine. Le fait de ne pas savoir ce qui s’en vient donne l’impression de n’avoir aucun contrôle sur son environnement et mener vers de la détresse psychologique.
Tranches d’âge
Les personnes âgées sont à risque de vivre une période de grande tension, notamment en raison du manque de communication avec l’extérieur qui réduit leur capacité d’exutoire face aux répercussions psychologiques de cette crise sanitaire.
«Elles peuvent avoir des difficultés avec les nouvelles technologies, rappelle celle qui travaille à la clinique lavalloise depuis quatre ans. Par exemple, certains ne sont pas en mesure de faire des appels vidéo. C’est pourquoi il est conseillé de les appeler au téléphone. Il s’agit d’une bonne façon de rassurer et de briser l’isolement.»
Les enfants évoluant dans des contextes de précarité et vulnérabilité vivent aussi des moments difficiles.
«Delphine Collin-Vézina [chercheuse au sein du département de travail social de l’Université McGill] a récemment écrit un papier à ce sujet, souligne Anne-Julie Lafrenaye-Dugas. Pour eux, l’école est une structure. Il ne s’agit pas seulement d’un lieu d’apprentissage, mais aussi de quelque chose de réconfortant.»
Équilibre
Parmi les conseils offerts par la psychothérapeute, notons l’importance d’avoir une vie équilibrée pendant cette période de confinement. «Il faut bien manger, faire de l’exercice et trouver des choses qui permettent de se sentir bien.»
Elle croit également qu’il ne faut pas nécessairement utiliser les temps libres pour rattraper des tâches qu’on avait mis de côté ces derniers temps.
«Si on s’entête à faire ces tâches simplement pour faire comme son voisin, cela n’aidera pas en cette période de crise, conclut-elle. Il faut s’assurer qu’elle nous permet de se sentir mieux et non pas, au contraire, mener à l’ajout de stress.»