Après un parcours semé d’embuches débuté en 2015, la Maison Marie-Marguerite, première maison d’hébergement lavalloise dédiée aux femmes violentées vivant des problématiques multiples, est presque prête à ouvrir ses portes.
Le jeudi 16 mars, l’équipe de la Maison Marie-Marguerite, représentants politiques et partenaires étaient réunis pour visiter les locaux de l’organisme tant attendu.
Le seul enjeu empêchant l’ouverture immédiate d’une partie de la maison d’hébergement: le financement.
Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, a annoncé la réception d’une lettre du ministère de la Santé et des Services sociaux mentionnant qu’en raison de manque de fonds, le projet ne pourra pas être supporté cette année.
«Ce rêve-là, on le porte et on va continuer de le porter, exprime Marie-Ève Surprenant, coordonnatrice de la Table de concertation de Laval en condition féminine (TCLCF) et administratrice de la Maison Marie-Marguerite. Je vous invite à continuer de porter le flambeau, car quand on connaît les refus quotidiens à Laval, de savoir qu’on a cette magnifique bâtisse à notre disposition où il y a des chambres qui sont prêtes à accueillir des femmes, où on a une équipe d’intervention déjà présente sur le terrain… Moi, ça me crève le cœur de savoir qu’après autant d’années, on est prêtes et que c’est pour une question de financement qu’on attend. Les ressources sont là. D’habitude, c’est le contraire, on n’a pas le lieu ou l’équipe, mais là, nous avons tout ça.»
Depuis son incorporation en 2021, la Maison Marie-Marguerite a sécurisé un prêt du Fonds de solidarité FTQ nécessaire pour l’acquisition du bâtiment en 2021 ainsi qu’un soutien financier du Centre intégré de santé et de services sociaux de Laval (CISSS de Laval), des Caisses Desjardins et du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH).
La Ville de Laval, représentée par Sandra El-Helou, conseillère municipale de Souvenir-Labelle et responsable du dossier de la condition féminine, et Cecilia Macedo, conseillère municipale de Marigot, a remis officiellement lors du rassemblement un chèque de 29 000$ qui aidera l’organisme à assumer les frais de fonctionnement de l’initiative.
«Une maison comme ça, ça peut changer des vies, soutient la conseillère municipale de Souvenir-Labelle. En tant que municipalité, je pense qu’on a un devoir de supporter un tel projet.»
Capacité
Le lumineux bâtiment comporte déjà quelques chambres meublées avec salles d’eau ou salles de bain privées aménagées.
En plus des chambres, une cuisine, une salle à manger, deux salons ainsi qu’une salle d’ateliers sont aussi des espaces prêts à recevoir la clientèle.
«Nous, on a hâte d’ouvrir, affirme Lise Beaudoin-Roy, directrice générale de la Maison. Une partie du bâtiment est plus récente. Il y a de belles chambres déjà prêtes, donc on aimerait ouvrir dès que possible cet espace.»
À l’heure actuelle, la maison aurait la capacité d’ouvrir sept chambres à la population féminine de Laval ainsi qu’à leurs enfants.
Cette partie de la Maison serait utilisée pour de l’hébergement d’urgence temporaire, soit une clientèle desservie sur place pendant trois mois et moins.
Lorsque les rénovations seront complétées et que le financement sera confirmé, la Maison comprendra 20 chambres: 10 pour de l’hébergement d’urgence temporaire et 10 autres pour de l’hébergement à moyen et long termes (de 3 mois jusqu’à 2 ans).
L’ouverture complète de l’établissement est prévue d’ici la fin de l’année 2024.
Services
Même sans lieu physique ouvert au public, l’équipe de trois employées de la Maison Marie-Marguerite est déjà active sur le terrain.
En effet, elle offre des services d’intervention individuelle aux femmes afin de les aider à définir leurs besoins et objectifs et de les soutenir dans leur cheminement. Elles se déplacent aussi dans les organismes pour animer des ateliers thématiques visant à sensibiliser, outiller et favoriser la reprise de pouvoir des femmes.
Ces services sont gratuits.
Lors de l’ouverture totale, les intervenantes assureront des services 24h sur 24, 7 jours sur 7.
En plus de l’hébergement, des interventions, rencontres de groupes, ateliers thématiques, formations, de l’accompagnement individuel et un suivi-post-hébergement sont offerts. L’équipe promet également un répit pour les mamans, un soutien en cuisine ainsi qu’une offre de produits essentiels.
Avec sa mission inclusive et son approche féministe intersectionnelle, la Maison Marie-Marguerite entend servir les femmes violentées, avec ou sans enfants, vivant des problématiques multiples, comme des enjeux de consommation, santé mentale, d’itinérance, etc.
Solution parmi d’autres
La Maison Marie-Marguerite répond à un besoin criant d’hébergement à Laval. Des besoins qui ont été démontrés et sont en hausse depuis de nombreuses années.
Plus qu’un enjeu régional, ce sont les maisons d’hébergement de toute la province qui peinent à répondre aux demandes.
Le taux d’occupation des maisons est présentement de 120 à 130%. Des femmes se voient refusées leurs demandes par milliers chaque année et certaines sont envoyées dans des régions éloignées afin de recevoir des services.
Même si la Maison Marie-Marguerite apportera un coup de main, il est certain que d’autres actions devront être posées afin d’améliorer la qualité des services offerts aux femmes victimes de violence conjugale et d’autres problématiques aliénantes.