Exerçant la profession depuis 1993 et sans antécédent disciplinaire, la professionnelle lavalloise a négligé trop longtemps de se rendre au chevet d’une patiente ayant subi une fracture complexe du genou à risque de complications, préférant entreprendre une démarche administrative visant le transfert de celle-ci.
Fil des événements
Le jugement du Conseil de discipline rapporte qu’en début de soirée du 30 décembre 2010, la patiente est transportée par ambulance à l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé.
Après les procédures d’usage, elle est installée dans une salle à l’urgence en attente de rencontrer un orthopédiste pour une fracture du genou diagnostiquée quelques heures auparavant au centre hospitalier de Mont-Laurier.
Le lendemain, Nathalie Hamel se présente à l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé vers 8h30. Dans les minutes qui suivent, une infirmière lui remet une demande de consultation préparée la veille par l’urgentologue de garde. La chirurgienne communique avec l’urgentologue de jour et lui mentionne qu’elle n’évaluera pas la patiente, car il y a eu une erreur dans son orientation, selon son adresse domiciliaire. En effet, son hôpital d’appartenance serait celui de Pierre-Le Gardeur et non la Cité-de-la-Santé.
L’urgentologue se rend au chevet de la patiente pour lui annoncer son transfert. Difficilement soulagée par les doses de narcotiques, celle-ci est souffrante et son membre inférieur est immobilisé avec une attelle plâtrée. Au cours d’un examen neurovasculaire, la patiente lui exprime qu’elle trouve inhumain de se faire transférer dans un tel état.
L’urgentologue avise alors Mme Hamel de l’état de la patiente et, suivant la demande de cette dernière, communique avec l’orthopédiste de l’Hôpital Pierre-Le Gardeur.Ce dernier lui suggère de convaincre la chirurgienne d’évaluer la patiente afin d’éviter un autre trajet ambulancier et des délais supplémentaires.
Pendant ce temps, la frustration et le mécontentement montent chez la famille de la blessée. Rien n’y fait. Pour l’orthopédiste, il n’est pas question de prendre en charge une erreur de transfert.
Aggravation
Peu après, le Directeur des services professionnels mentionne à l’intimée de l’affaire (Dre Hamel) que la patiente doit demeurer à la Cité-de-la-Santé. Celle-ci consulte alors le scan de la patiente dans l’ordinateur et considère qu’elle n’a pas les compétences pour cette opération. Une discussion avec un collègue orthopédiste de la Cité-de-la-Santé rend nécessaire un transfert à l’Hôpital du Sacré-Cœur.
Nathalie Hamel procède enfin à un examen, juge la coloration du pied adéquate et la patiente non souffrante, n’envisageant pas qu’elle puisse présenter un syndrome du compartiment en évolution.
Par la suite, l’urgentologue est informée que la patiente refuse le transfert car elle a appris que la chirurgie, dont elle a peur, sera pratiquée à l’Hôpital Jean-Talon et non à l’Hôpital du Sacré-Coeur.
En début d’après-midi, la patiente est toujours à l’urgence, mais quittera bientôt la Cité-de-la-santé pour se faire opérer à Montréal.
Analyse et décision
L’orthopédiste Nicholas M. Newman a servi d’expert dans cette plainte, concluant que la conduite de la chirurgienne n’a pas été conforme avec une bonne pratique orthopédique.
De son côté, Nathalie Hamel a indiqué avoir été grandement ébranlée par les événements et continue toujours de l’être, confirmant que depuis ce jour de Saint-Sylvestre, elle ne vérifie plus les questions d’appartenance. Elle convient qu’il aurait été préférable de défaire l’attelle de la patiente dès son arrivée pour procéder à un examen immédiat et plus complet.