Cinq personnes aînées, dont Mme Rita, âgée de 104 ans, ont partagé des lettres relatant des moments marquants de leur vie. En réponse, des élèves de secondaire 4 et 5 de l’école Mont-de-La Salle ont rédigé des lettres, poèmes ou bandes dessinées.
Cette correspondance unique entre deux générations de Lavallois a été célébrée le mardi 24 septembre à la bibliothèque de l’école Mont-de-La Salle.
Marie-France Boivin, responsable des bibliothèques Émile-Nelligan et Germaine-Guèvremont, est à l’origine de ce projet intergénérationnel.
«C’était une manière de briser l’isolement des aînés avec qui je travaille souvent, tout en permettant aux jeunes de se confronter à une autre génération. Souvent, on ne les associe pas naturellement, mais leurs parcours de vie se rejoignent plus qu’on ne le pense», explique-t-elle.
Ce projet d’écriture a permis de créer un lien entre des générations qui, a priori, n’ont que peu en commun.
Les défis étaient nombreux.
«Il a fallu surmonter les questions de logistique, notamment en ce qui concerne la mobilité des aînés, et coordonner les horaires des élèves», ajoute Marie-France Boivin. Toutefois, l’expérience a révélé une profondeur d’échanges inattendue.
«Les jeunes ont réalisé qu’ils se reconnaissent dans les récits de vie des aînés, malgré l’écart d’âge. Cela les a aidés à comprendre que chaque génération a des leçons précieuses à offrir.»
René Sanfaçon, témoin du passé
René Sanfaçon, 81 ans, fait partie des aînés qui ont participé à cette correspondance. «La leçon la plus importante que je peux transmettre, c’est de savoir s’exprimer. J’ai rencontré pas mal de gens et mêmes des Premiers ministres qui avaient du mal à parler en public, alors que moi, sans formation universitaire, j’ai appris à le faire. Savoir parler sans complexe, c’est un atout inestimable», partage-t-il.
Lui qui a vu tant de changements au fil des décennies, notamment dans la manière de communiquer, évoque l’adaptation à la technologie.
«Je n’ai pas grandi avec l’Internet ou les réseaux sociaux, mais on apprend vite. Les jeunes d’aujourd’hui ont tous les moyens de rester connectés, partager leurs idées et contribuer à la société, d’une manière qui n’était pas possible à mon époque.»
Pour René Sanfaçon, cette capacité d’adaptation est la clé d’une longue vie épanouie.
En parlant de ses souvenirs de jeunesse, il évoque un moment marquant où il racontait des histoires grivoises avec des amis, ce qui lui a appris à comprendre la force des récits au fil des années. «Ces moments, même anodins, ont façonné ma façon de voir la vie.»
Jeunes, espoirs de l’avenir
Kenee Ochoa-Sully et Mikaël Boileau, élèves en secondaire 5, ont également pris part à l’aventure.
Lorsqu’on leur demande quelles leçons ils souhaiteraient apprendre de la génération plus vieille, Kenee répond sans hésiter: «La famille, c’est un pilier dans la vie. C’est ce qui vous soutient.»
Pour Mikaël, l’entraide est une valeur clé: «Quand on s’entraide, on peut aller loin ensemble», lance-t-il avec assurance.
Face aux défis futurs comme la technologie ou les changements climatiques, Mikaël voit l’avenir devenir encore plus technologique.
«Nous devons nous adapter à ces changements, mais cela demande aussi de ne pas perdre de vue les valeurs humaines que nos aînés nous ont transmises.»
Les deux élèves partagent aussi leur désir de renouer avec des traditions que la génération précédente leur a léguées.
«Passer moins de temps sur nos téléphones et plus de temps ensemble, comme nos grands-parents le faisaient, cela renforce les liens familiaux», souligne Mikaël.
Pour Kenee, il est crucial de maintenir un équilibre entre la modernité et les liens humains qui transcendent le temps.
«Ces jeunes ont compris que l’expérience des aînés est une richesse inestimable. Ils en sortent grandis, tout comme les aînés qui se voient, à travers ces échanges, offrir une nouvelle place dans notre société», de conclure Marie-France Boivin, pour qui les relations intergénérationnelles sont prometteuses.
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