L’élu de L’Abord-à-Plouffe, Vasilios Karidogiannis, s’est retrouvé au cœur d’une controverse après avoir partagé une publication sur la page Facebook d’un groupe de cyclistes montréalais, demandant leur «aide pour mettre à sa place [un] conseiller municipal régressif de Laval».
En fait, M. Karidogiannis lançait un appel à «une contre-manifestation» pour faire échec à la marche de protestation que le conseiller de Vimont, Michel Poissant, tiendra ce samedi 11 mai sur la voie cyclable du boulevard Saint-Elzéar dont il souhaite le retrait pour des raisons de sécurité.
L’affaire a rebondi au conseil municipal du 7 mai lorsque M. Poissant et ses collègues du parti Action Laval eurent dénoncé ce qu’ils qualifient de «tentative d’intimidation» et d’«appel à la violence».
En épinglant à son commentaire le lien de la publication originale de l’événement, l’élu Karidogiannis a déclenché un flot de «140 messages» dont plusieurs qualifiés d’«injurieux, haineux et violents» par le conseiller visé.
Ce dernier a indiqué que ce n’est pas aux résidents du Plateau Mont-Royal de décider de l’aménagement des pistes cyclables à Laval, rappelant au passage que le boulevard Saint-Elzéar est un «ancien rang de campagne» qui ne se prête pas à un tel aménagement.
Poissant voit dans ce geste un affront au droit démocratique de manifester pacifiquement. «Le but d’une contre-manifestation est d’en faire taire une autre, souvent par l’intimidation. Je tiens à rassurer la population, notre marche sera pacifique, familiale et encadrée comme il se doit par les policiers de Laval», a-t-il fait valoir par voie de communiqué.
Réactions
Vasilios Karidogiannis s’est défendu, affirmant que les allégations à son endroit étaient fausses et non fondées. «Je n’ai pas incité [à] la violence. Ce n’est pas mon but […] Une contre-manifestation n’est pas un grave problème, c’est la démocratie. Et tout le monde a le droit de s’exprimer», a-t-il réagi en accusant ses adversaires de chercher à se faire du capital politique à ses dépens.
Le maire Marc Demers et chef du Mouvement lavallois s’est porté à la défense de son élu, rejetant l’interprétation d’appel à la violence qu’en font ses anciens conseillers municipaux siégeant aujourd’hui sous les couleurs de la seconde opposition.
«Peut-être que les propos haineux» dont a été la cible le conseiller à l’origine de la marche de protestation «sont dus à la position prise par M. Poissant» dans le cas de la bande cyclable du boulevard Saint-Elzéar, a suggéré le maire. Ce dernier a aussi fait valoir que les manifestations ne sont pas la chasse gardée de l’opposition et qu’il est légitime de vouloir faire contre-poids à une manifestation.
Pour sa part, le conseiller de l’opposition officielle, Claude Larochelle, n’était pas prêt à qualifier de «violents» les propos tenus par Vasilios Karidogiannis, ajoutant d’un même souffle qu’il s’agit toutefois de «propos qui ne sont vraiment pas dignes d’un élu». «C’est un appel à l’intimidation […] et je suis très déçu que monsieur le maire n’ait pas rappelé à l’ordre son conseiller».
Plainte formelle
Critique en matière d’éthique pour Action Laval, David De Cotis a indiqué qu’il déposera une plainte formelle à la Commission municipale du Québec, au Bureau
d’intégrité et d’éthique de Laval (BIEL) ainsi qu’au Service de police de Laval. «Nous n’avons aucune tolérance pour l’intimidation!»
Particulièrement actif sur les réseaux sociaux, M. Karidogiannis n’en est pas à sa première controverse. À l’été 2015, dans un statut Facebook qu’il adressait, selon toute vraisemblance, à un dirigeant du restaurant Buonanotte, à Montréal, l’élu lavallois avait offert son aide relativement à ses démêlés avec la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ). «Dis à la Régie que je suis un politicien […] Tout ce que nous pouvons faire pour t’appuyer, nous le ferons!» lui écrivait-il en anglais, le 1er août 2015.
Saisie de l’affaire à l’époque, la Commission municipale du Québec (CMQ) l’avait exonéré de tout blâme, affirmant que M. Karidogiannis ne s’était pas prévalu de sa fonction pour influencer une décision de la RACJ.
Dans sa décision rendue à l’automne 2016, la CMQ invitait tout conseiller municipal à la prudence lorsqu’il tient des propos dans lesquels il fait référence, même de manière indirecte, à ses fonctions d’élu.