En plein climat d’instabilité pour les intervenantes en petite enfance, leurs familles et leur clientèle, les membres de l’Association Québécoise des CPE (AQCPE) dénoncent deux enjeux majeurs du domaine ayant été soulignés à Laval: la pénurie de main-d’œuvre et la gestion financière.
Alors que les intervenantes en petite enfance négocient leurs conventions collectives, l’AQCPE est allé à la rencontre de ses membres aux quatre coins du Québec afin de les sonder à propos des enjeux prioritaires de leur région.
Le lundi 30 octobre, l’Association était en sol lavallois, au Grand Times Hotel, à Chomedey, pour écouter les gens du milieu de la petite enfance lavallois.
«On a de gros enjeux d’attraction, parce qu’il n’y en a pas d’éducatrices qualifiées qui sont disponibles au travail, témoigne Marie-Claude Plante, directrice générale du CPE/BC Le Hêtre, à Laval-des-Rapides. Ç’a une incidence sur notre quotidien et le quotidien des enfants.»
Deux autres intervenant.e.s ont abondé dans le même sens. Pour Marie-Claude Lemieux, directrice générale affaires publiques et gouvernementales à l’AQCPE, l’une des raisons qui expliquent cette situation est le manque d’intérêt des étudiant.e.s envers la Technique d’éducation à l’enfance.
L’autre, plus significative selon elle, demeure les conditions de travail déficientes.
«L’une des raisons, c’est 21,60$, martèle Marie-Claude Lemieux, soulignant d’un même souffle qu’il s’agit d’une profession majoritairement féminine. 21,60$, c’est le tarif horaire du premier échelon, l’échelon d’entrée d’une éducatrice qualifiée qui vient de terminer son DEC. Donc, évidement, quand on compare avec certains secteurs qui requièrent beaucoup moins de qualifications, […] pas besoin de vous dire que dans une région où l’économie est vraiment en très bon état, comme celle de Laval, c’est très difficile de recruter une main d’œuvre qualifiée.»
Au Collège Montmorency, le nombre d’étudiant.e.s en Technique d’éducation à l’enfance est passé de 172 en 2018 à 137 en 2024. Cela représente une baisse d’environ 20% en 7 ans.
Le Collège a également confirmé que le niveau d’abandon est plus élevé au sein de cette technique que dans les autres programmes du même type.
Parent lavallois client d’un CPE et membre sur le conseil d’administration de celui-ci, Martin Gariépy a remarqué un roulement assez important de personnel dans les multiples services de garde que ses enfants ont fréquenté au fil des années.
De plus, les stagiaires semblent de moins en moins présentes. À son avis, ç’a un impact notable sur sa famille, puisque ses enfants s’attachent rapidement aux intervenantes.
«Pour le bien-être de nos enfants, ça prend de la stabilité, des éducatrices qui sont passionnées, affirme le père de famille résidant à Laval-des-Rapides. La plupart, elles le sont, mais [il faut aussi] qu’elles ne soient pas épuisées et qu’elles aient les ressources pour faire ce qu’elles souhaitent.»
Gestion financière
En plus des services aux familles, la pénurie de main-d’œuvre a également un impact sur la santé financière des CPE.
Puisque les responsables ne parviennent pas à combler les postes d’éducatrices, elles doivent avoir recours aux agences de placement. En résulte une facture salée ainsi qu’une baisse de la qualité des services, selon les gestionnaires interrogées.
L’augmentation des enfants à besoins particuliers représente aussi un enjeu financier pour les CPE.
«Il y a beaucoup d’enfants avec des besoins particuliers qui ont besoin de soutien [supplémentaire], souligne Martin Gariépy. Il faut que les éducatrices soient qualifiées. Ce n’est pas facile. On le voit au jour le jour: s’il y a de l’épuisement ou un remplacement, le fardeau tombe sur les épaules des autres. Les autres compensent, mais ultimement, on ne veut pas que l’équipe soit brûlée. C’est un écosystème assez fragile.»
«Dans tout le Québec […], on entend les mêmes histoires, énonce Marie-Claude Lemieux. Que le réseau scolaire cannibalise celui des CPE, que les directeurs de CPE n’ont pas les moyens financiers d’accueillir les enfants qui ont des besoins de soutien particulier… c’est vraiment d’une tristesse incroyable. À notre avis, le déficit que connaît le gouvernement du Québec ne peut pas être une excuse. […] Quand on veut, on peut. On demande au gouvernement de vouloir investir dans l’avenir du Québec, c’est-à-dire les jeunes enfants.»
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