Des rumeurs circulent à l’effet que l’Établissement Leclerc, dont l’éventuelle fermeture a été annoncée au printemps 2012, pourrait être converti en centre de détention provincial.
Pour le président national du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ), Stéphane Lemaire, une telle conversion insufflerait un peu d’oxygène à un réseau carcéral québécois qu’il dit surpeuplé.
«Bien que cela serait nettement insuffisant, ça donnerait de l’air au réseau», déclarait-il en évoquant la capacité d’accueil de quelque 500 détenus à l’Établissement Leclerc, lors d’une entrevue réalisée à la mi-novembre.
Le problème de surpopulation carcérale observé à Bordeaux, qui a défrayé la manchette la semaine dernière, se faisait déjà sentir «à Montréal comme partout au Québec», insistait alors M. Lemaire.
Il en donnait notamment pour preuve la prison de Bordeaux, qui accueille des détenus provenant des quatre coins de la province que l’on couche «partout où on peut mettre un matelas», dénonçait-il à l’automne.
Population en hausse
Députée fédérale d’Alfred-Pellan et critique adjointe de l’opposition officielle en matière de sécurité publique, Rosane Doré Lefebvre verrait également d’un bon œil que Québec acquiert d’Ottawa l’établissement de la montée Saint-François, tel que le veut la rumeur.
D’autant qu’elle est convaincue que la réforme du Code criminel adoptée par les conservateurs aura inévitablement pour effet d’accroître la population carcérale au Québec.
«Les instances provinciales vont devoir trouver des solutions (…) sinon on va assister à des débordements qui pourraient être dangereux pour la sécurité de ceux qui travaillent dans les prisons et des prisonniers», affirmait la députée en entrevue, le 18 janvier.
«Visite officielle»
Soucieuse du sort que l’on réservera aux travailleurs affectés au Leclerc, dont l’établissement est implanté dans son comté, Mme Doré Lefebvre suit le dossier de très près.
«Ce que mes sources m’ont dit, c’est que le sous-ministre [de la Sécurité publique] a fait une visite officielle [à l’Établissement Leclerc]. Je n’en sais pas plus; je ne connais pas leur intention», précise-t-elle.
Au ministère de la Sécurité publique comme au cabinet du ministre Stéphane Bergeron, nos demandes d’information à cet égard sont restées lettre morte.
Idem au Syndicat des agents correctionnels du Canada, où le président syndical pour le Québec, Pierre Dumont, n’a pas retourné notre appel.
À la Direction des relations avec les médias du Service correctionnel du Canada (SCC), organisme chargé de la gestion des 57 établissements carcéraux fédéraux, on se limite à dire qu’«aucune décision n’a encore été prise au sujet de plans futurs possibles pour les bâtiments et les terrains» de l’Établissement Leclerc.
Fermeture en 2013 ou 2015?
Au Service correctionnel du Canada (SCC), on précise que le transfert des détenus vers d’autres établissements est amorcé et que la fermeture définitive du centre de détention de la montée Saint-François est prévue en 2015.
«La désaffectation de l’Établissement Leclerc sera terminée d’ici 2014-2015», écrit-on dans un courriel en réponse à notre demande d’information.
Tout autre son de cloche du côté de la députée Rosane Doré Lefebvre, qui maintient que l’échéancier quant à la fermeture du pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul a toujours été fixé au 27 septembre 2013.
«Ç’a pas changé», confirmait-t-elle en fin d’après-midi, le lundi 21 janvier.
Elle venait tout juste de valider l’information auprès du président du Syndicat des agents correctionnels du Canada, pour le Québec, Pierre Dumont.
Trois jours plus tôt, Mme Doré Lefebvre indiquait que «quatre ailes sur huit» avaient déjà été vidées.
En date du 18 janvier 2013, elle chiffrait à 173 le nombre de détenus incarcérés à l’intérieur des murs de ce pénitencier pouvant en accueillir jusqu’à 481.
L’Établissement Leclerc a ouvert ses portes en 1961.