Cinq agents d’intervention du département de psychiatrie de l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé sont suspendus depuis plus d’un mois en raison de leur refus d’effectuer certaines tâches demandées par leur employeur.
Les agents dénoncent ce traitement, jugeant que ces mêmes tâches ne font pas partie des ententes mises en place avec le syndicat.
«Les tâches ont été modifiées au mois de février sans notre approbation, mentionne Jean-François Houle, vice-président du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS de Laval. Ils défont maintenant la triade, soit le principe selon lequel les agents doivent intervenir à trois lors d’un code blanc [appel au renfort dans un contexte de violence].»
Ceux-ci soutiennent qu’il s’agit de tâches qui étaient auparavant effectuées par des préposées aux bénéficiaires, telles que la surveillance de patients.
«Ça vient en conflit avec mon travail initial qui est d’être prêt en situation d’urgence, note Windy Lauriston, qui est l’un des agents suspendus. Les interventions durent parfois quelques minutes, donc nous n’avons pas le temps de trouver quelqu’un pour nous remplacer auprès de l’usager afin d’aller aider nos collègues.»
Une plainte a ainsi été déposée auprès de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Elle a été entendue le 1er avril, mais aucune décision n’a été rendue une semaine plus tard. Comme la situation perdure depuis déjà un certain temps, cela signifie que les agents d’intervention ont déjà perdu plusieurs semaines de salaire.
Le CISSS de Laval se défend en mentionnant que «les tâches d’agents d’intervention avaient été déterminées lors du comité paritaire» et que «cinq agents d’intervention ont refusé d’effectuer des tâches associées, comme de surveiller la clientèle hospitalisée aux 15 minutes ou aux 30 minutes selon le besoin clinique des usagers ou de procéder une fois par semaine à l’inspection des chambres en présence de l’usager».
Soutien
Plusieurs professionnels du département de psychiatrie ont témoigné leur soutien envers les agents d’intervention suspendus.
Une pétition signée par des infirmières, préposées aux bénéficiaires et psychiatres de l’établissement a été envoyée au CISSS de Laval. Celle-ci mentionne qu’il «est impossible pour les agents d’intervention d’assurer la sécurité des gens et des lieux, car il leur est demandé d’exécuter deux rôles à la fois».
«L’employeur a décidé de couper en préposées aux bénéficiaires, ce qui fait en sorte qu’il y a un manque à combler», note Déreck Cyr, vice-président et responsable santé et sécurité au travail pour le Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires de Laval.
Il ajoute que la relation entre les usagers et les agents d’intervention n’est pas la même que celle des préposées habituelles.
«Un agent est vu comme étant plus autoritaire, tandis que les préposées et infirmières offrent plutôt de l’aide pour des services, poursuit-il. Si le rôle est changé, le patient ne comprend plus. Une journée il est autoritaire, l’autre il joue avec lui. Le lien de confiance s’établit davantage avec l’intervenant de soin que d’intervention.»
Déreck Cyr souligne également l’importance de ce rôle autoritaire dans le département en rappelant que les cas d’agression ont augmenté de 30 % depuis le début de la pandémie de la COVID-19.
Notons que des agents de sécurité ayant une formation Oméga ou d’intervention thérapeutique lors de conduites agressives ont été embauchés temporairement d’une firme externe pour pallier le manque lié aux suspensions.
Ouverture
Selon M. Lauriston, le plus gros problème de cette suspension réside dans le fait que les tâches n’avaient pas été préalablement approuvées par le syndicat et que le CISSS de Laval n’ait pas attendu l’approbation de la CNESST pour les mettre en place. Il affirme qu’il sera prêt à les faire si la décision rendue prochainement allait en ce sens.
«Nos agents ont même proposé de faire les tâches, mais à condition d’être quatre à la fois sur le plancher pour pouvoir agir en triade si une intervention est nécessaire, ajoute Jean-François Houle. C’est comme ça que cela fonctionne au Centre de la protection de l’enfance et de la jeunesse, mais ils ont toujours refusé.»
Il soutient également que les agents dissidents ont été victimes de représailles: lettres au dossier, rencontres sans syndicat à tous les matins et, finalement, la suspension sans solde.
«Nous souhaitions que le tout se règle avant la rencontre prévue, mais l’employeur ne semblait pas ouvert à l’idée, conclut le vice-président du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS de Laval. Nous allons avoir des audiences. Les agents ont exercé un droit et ils ont été intimidés.»