Établi selon le principe d’une contribution à parts égales de Québec, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et la Ville de Laval, le montant de 21 M$ s’est avéré nettement insuffisant pour acquérir les îles aux Vaches, Saint-Pierre et Saint-Joseph.
D’un côté, Sauvons nos trois grandes îles reproche à Québec d’avoir piégé la Ville en l’obligeant en 2016 à dévoiler sa mise la première, alors que le gouvernement avait entrepris dès 2012 l’évaluation de leur valeur marchande dans la foulée du décret de la mise en réserve.
De l’autre côté, la ministre régionale, Francine Charbonneau, affirme plutôt que c’est le maire Marc Demers qui a approché le gouvernement en suggérant qu’il pourrait acquérir les trois îles de l’archipel Saint-François au coût de 21 M$.
Décision du ministre
La question a été posée au maire Demers.
Celui qui a toujours fait preuve d’une grande discrétion entourant cette négociation qui a avorté en juin est formel: le montant avait été fixé par le ministre David Heurtel au moment où il était à l’Environnement.
Dans la foulée du décret qu’il avait renouvelé en 2014, le ministre Heurtel était venu rencontrer le maire à l’hôtel de ville. «Dans la salle du comité exécutif, il m’a clairement dit: « Je travaille sur un montage financier de 21 M$ pour l’acquisition des trois grandes îles, en totalité ou en partie’’» se rappelle le principal intéressé dont on sollicitait la participation à hauteur de 7 M$.
Le ministre avait alors avancé la possibilité que l’enveloppe soit portée à 28 M$ à la faveur d’une éventuelle contribution du fédéral qui n’est jamais venue.
Demers a accepté sur-le-champ de contribuer à la création d’un parc régional de conservation. «On le faisait par conviction», dit-il, sachant pertinemment que le parc national des Îles-de-Boucherville avait été créé et financé exclusivement par le gouvernement provincial.
90 M$
Au départ, les propriétaires exigeaient du Ministère dix fois la valeur foncière des îles, soit 90 M$, mentionne le maire.
Puis, un haut fonctionnaire de la Ville a eu l’idée de relancer les négociations, qui étaient alors au point mort, en proposant un échange de terrains avec le propriétaire des îles aux Vaches et Saint-Pierre, Alex Kotler, ce dernier possédant des lots enclavés dans l’est de l’île Jésus qu’il ne peut actuellement développer.
À l’été 2017, la Ville obtient finalement une entente de principe de 21 M$ pour ses deux îles, lesquelles représentent 82 % de la superficie totale de l’archipel Saint-François.
Peu de temps après, M. Demers sent le tapis lui glisser sous les pieds. «Avant les élections 2017, j’avais l’impression que des membres de la CMM voulaient retirer leur mise», confie celui qui en a aussitôt avisé la ministre régionale, lui rappelant l’entente de financement impliquant les trois partenaires.
On connaît la suite: la CMM a mandaté la firme Ernst & Young, dont le rapport d’évaluation déposé en janvier 2018 établissait la juste valeur des îles aux Vaches et Saint-Pierre à 11,5 M$.
À la lumière de ce rapport que le maire dit n’avoir jamais vu, les partenaires financiers de la Ville réduisaient leur contribution de 14 à 7,6 M$, soit les deux tiers du montant de l’évaluation, faisant ainsi avorter l’entente.
Au début de la présente campagne, Marc Demers a fait de l’acquisition de ces deux îles totalisant 152 hectares un enjeu électoral, demandant au prochain gouvernement de compléter la transaction.
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