Les deux parties impliquées, en 2008, dans la transaction d’un terrain qui est présentement sous enquête à la Sûreté du Québec affirment haut et fort avoir agi de bonne foi et n’avoir rien à se reprocher.
Contrairement à la Direction des communications, à l’Hôtel de Ville, qui n’a jamais dérogé à la consigne de ne pas commenter cette vente controversée, afin de ne pas nuire à l’enquête en cours, le maire Alexandre Duplessis a accepté d’aborder la question, lorsque qu’interpellé, le 26 novembre, à l’occasion du passage de Geoff Molson, à Laval.
Conforme à la valeur marchande
Le successeur de Gilles Vaillancourt affirmait que le prix de vente, alors fixé à 463 000 $, correspondait à la valeur marchande qui prévalait au moment de la transaction.
Ayant lui-même proposé au conseil de ville, le 4 février 2008, d’avaliser la vente du lot à Placements Rizzuto, M. Duplessis a dit s’en être remis, à l’époque, à un rapport émanant du Service d’évaluation de la municipalité produit «dans les règles de l’art», selon ses propres termes.
Ce rapport avait pris en considération les «valeurs au compte de taxes et les transactions autour», n’a pas manqué de préciser Alexandre Duplessis.
Dans un tel cas, pourquoi avoir refilé le dossier à la Sûreté du Québec ?
Selon le maire, de récentes vérifications tendent à confirmer que l’acheteur n’aurait jamais eu l’intention de réaliser son projet immobilier, tel que soumis au comité exécutif de la Ville dont M. Duplessis était membre.
«Avoir su qu’il était pour vendre le terrain à un tiers, on ne l’aurait jamais vendu à ce prix-là», a indiqué le maire, précisant qu’une vente de terrain à la Ville est «normalement attaché à un projet».
Du bout des lèvres, il n’a pas exclu une possible erreur administrative.
Admission
Précisons que cet entretien avec le maire Duplessis a eu lieu avant que le Courrier Laval ne découvre que la Ville avait cédé ce terrain, en bordure de l’avenue Jean-Béraud, à un prix 35 % inférieur à sa valeur foncière.
M. Duplessis a décliné notre seconde demande d’entrevue.
Par contre, devant ce fait, son porte-parole, Pierre Desjardins, concédait lors d’un entretien téléphonique, le 7 décembre: «C’est pour ça qu’on a confié le dossier à la SQ. Je pense que ça explique la démarche.»
Version de l’acheteur
Du côté de Placements Rizzuto, on évoque les seules forces du marché pour expliquer le pactole dont s’est avéré le terrain acquis de la Ville, en 2008.
Secrétaire de la société et fille de l’ex-sénateur libéral aujourd’hui décédé, Pietro Rizzuto, Melina Rizzuto n’avait pas d’explication pour expliquer l’aubaine que représentait le prix de vente bien inférieur à la valeur au rôle.
«Vous me l’apprenez!», a-t-elle indiqué, soutenant n’avoir jamais obtenu de traitement de faveur et n’avoir jamais versé de commission à qui que ce soit lors de l’achat du terrain.
«Nous avons fait une offre à la Ville de Laval et cette dernière l’a acceptée. Notre offre correspondait à ce que nous étions prêts à payer pour l’acquérir en fonction de l’usage que nous entendions en faire», a rappelé Mme Rizzuto ce qu’elle avait déclaré à l’Agence QMI.
Ce terrain devait permettre l’ajout de deux tours d’habitation à un développement domiciliaire mixte que projetait mettre en chantier Placements Rizzuto sur le lot contigu, leur appartenant depuis plus de 40 ans.
D’après les plans de Giasson Farregut architectes, datés du 24 janvier 2008, le projet s’en trouvait bonifié de 30 %, le nombre d’unités passant de 1036 à 1356.
C’était avant que le concessionnaire BMW et le promoteur immobilier Monsap ne présentent d’alléchantes offres d’achat pour ces deux terrains, en 2010 et 2011.
Ils leur ont finalement été vendus respectivement au coût de 1,7 M$ et 12 M$.
Jean Rizzuto derrière la famille
Présent lors de la rencontre avec Melina Rizzuto, son oncle Jean, qui a brigué la mairie de Laval en 1993, n’a plus d’intérêt dans cette société familiale depuis 1991.
Ce dernier avait retiré ses billes de Placements Rizzuto, qui détenait notamment l’entreprise de construction Corival, deux ans avant les élections municipales de 1993.
Malgré tout, Jean Rizzuto demeure derrière la famille, dont il défend la probité. «Je les connais; ils ont toujours agi honnêtement.»
Le conjoint de Mme Rizzuto et leur avocat assistaient également à la rencontre.
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