Afin de lutter notamment contre le profilage racial, la Ville de Laval lance un nouveau projet visant à revoir les relations de l’ensemble de ses institutions, et plus particulièrement le Service de police de Laval (SPL), avec les personnes issues des minorités ethniques.
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Cette annonce arrive après qu’une intervention policière controversée, survenue le 25 mai dernier, eut enflammé les réseaux sociaux et fait la manchette de nombreux médias dont le Courrier Laval.
«Selon mon point de vue personnel, le profilage racial existe encore à Laval, commente le maire Marc Demers. Nous avons la responsabilité d’assurer un milieu de vie sécuritaire et inclusif à nos citoyens, sans distinction de leur origine ethnique ou statut social.»
Le maire de Laval, qui a été policier pendant plus de 30 ans, a reconnu avoir été témoin de profilage racial au sein de la police durant ses années de service.
Ce plan intitulé «Nouveau regard sur le Service de police de Laval», produit conjointement par la Ville de Laval et le SPL, a été dévoilé le lundi 22 juin.
Dans ce document, la Ville exprime son désir «de revisiter certains modes de fonctionnement à la lumière des récents événements qui ont marqué l’actualité tant à l’étranger que sur son territoire.»
Formation obligatoire
La Ville de Laval mettra en place un programme de formation continue en relations interculturelles et gestion de la diversité pour l’ensemble des policiers et cadres de tous ses services municipaux.
La formation des policiers sur les relations interculturelles sera rendue obligatoire afin d’assurer la qualité des rapports qu’ils entretiennent avec l’ensemble des citoyens.
Elle sera également obligatoire pour les cadres de la Ville, dont la formation inclura dorénavant le volet de la gestion de la diversité.
Ces formations visent à aider tous les employés à acquérir une meilleure connaissance et compréhension de la diversité ethnoculturelle du territoire, de ses enjeux et des modes d’intervention.
Embauche de policiers issus des minorités
Le Service de police établira, de concert avec les ressources humaines, des objectifs à atteindre en termes d’embauche de candidats provenant de groupes sous-représentés en son sein actuellement.
Elle mettra aussi en place une campagne axée sur l’inclusion et la diversité.
Au SPL, seulement 6,14 % des policiers sont issus de minorités visibles alors que plus du quart de la population de Laval (28,5 %) est constituée de personnes immigrantes.
Trois bourses d’études seront offertes à des jeunes issus des groupes sous-représentés et intéressés à joindre le SPL afin d’y faire carrière.
La Ville n’a pas spécifié de délai précis, mais espère atteindre rapidement un objectif de 10% d’effectifs issus des minorités dans son corps policier.
Interpellations policières
Une politique sur les interpellations policières sera aussi mise en place par une révision en profondeur des pratiques en cette matière, particulièrement en contexte interculturel.
Un système de collecte de données sera ainsi mis en place d’ici avril 2021.
«Il rendra possible une analyse fine, éclairée et transparente de l’enjeu du profilage racial, qui permettra d’en mesurer l’étendue et d’y apporter, en fonction des constats obtenus, les correctifs appropriés», a commenté Jacques A. Ulysse, directeur général de la Ville de Laval. On a demandé à l’Ombudsman de la Ville de faire un suivi détaillé de chacune des mesures proposées, en donnant un rapport annuel au conseil municipal.»
Administration municipale
Le maire Marc Demers a également mis l’emphase sur l’importance d’appliquer ce genre de pratiques partout au sein de l’administration municipale.
Il a rassuré les médias quant à la collaboration étroite du SPL, alors que de nombreuses questions portaient sur l’absence de la police durant l’annonce officielle du projet.
Au cours des prochaines semaines, la police de Laval, en collaboration avec ses partenaires, mettra en place les bases d’un grand dialogue avec les citoyens sur les facteurs favorisant la création d’un climat de sécurité, les efforts qui doivent être consentis pour améliorer leur confiance envers la police.
«On ne prévoit pas installer de caméras portatives sur les policiers, car on n’a pas le budget pour un tel projet, a précisé Jacques A. Ulysse. Cependant, la culture d’inclusion passe aussi par des pratiques policières professionnelles renouvelées.»
Rappelons qu’au cours des dernières années, Laval a accédé au 2e rang des villes du Québec qui accueillent le plus grand nombre de nouveaux arrivants.