Malgré une première séquence de grève il y a déjà plus d’un mois, les négociations s’étirent toujours pour les travailleurs du secteur public et, pour la deuxième fois en deux semaines, plus de 20 000 Lavallois.es sont en grève depuis le vendredi 8 décembre.
Le vendredi 8 décembre, le Front commun a rejoint la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) dans son mouvement de grève.
En l’espace de deux semaines, cela fait deux fois que des dizaines de milliers d’employés de la région sont en grève.
Actions lavalloises
Depuis le 21 novembre, à tous les jours, les travailleurs sortent dans les rues et militent pour de meilleures conditions de travail.
Le vendredi 1er décembre, les enseignant.e.s de Laval ont envahi les rues en scandant leurs slogans à l’occasion d’une marche.
«Nous continuerons notre lutte parce que nos conditions de travail sont les conditions de réussite des élèves dans nos classes, nous en sommes convaincus!» affirmait avec ardeur à la foule Pierre Morin, premier vice-président du Syndicat de l’enseignement de la région de Laval (SERL).
Le lundi 4 décembre, les travailleurs en éducation bravaient la neige et militaient devant les bureaux des députés caquistes de la région, dont certains n’étaient pas présents pour les entendre.
L’ironie de la situation n’a pas échappé aux enseignant.e.s étant donné qu’ils se battent présentement pour le droit au télétravail.
«Je pense que ça démontre certaines absurdités du système, a lâché Christine Ménard, enseignante à l’école Léon-Guilbault. […] Je pense que toute la population sait que la majorité des enseignant.e.s ne respectent pas leur temps de travail, mais ce n’est pas à la baisse. On en fait pas mal plus que ce pour quoi on est payé, mais sans jamais avoir aucune rétribution.»
Le vendredi 8 décembre, le SERL a participé à une marche intersyndicale en compagnie du Syndicat des cols bleus du Centre de services scolaires de Laval.
La question qui tue: est-ce que les revendications des Lavallois.es arrivent aux oreilles du gouvernement et contribuent à un règlement rapide des conventions collectives?
Négociations
Selon André Arsenault, président du SERL, les négociations se sont accélérées en éducation depuis le déclenchement de la grève générale illimitée (GGI).
La multiplication du nombre de tables de négociations ainsi que la longueur de ces dernières semblent lui donner raison.
Le mardi 28 novembre, le patronat déposait une nouvelle proposition à laquelle la FAE a répondu le samedi 2 décembre. Le lundi 4 décembre, le patronat revenait de nouveau avec une proposition et la contre-proposition de la FAE a été déposée le jeudi 7 décembre.
Trois enjeux principaux sont toujours sources de conflits: la flexibilité demandée aux enseignant.e.s de la formation professionnelle et de l’éducation des adultes sans contrepartie, la composition des classes ainsi que l’échelle salariale.
Le mardi 5 décembre, le gouvernement a lancé une nouvelle proposition salariale de 12,7% sur 5 ans, ce qui représente une augmentation de 3,7% par rapport à sa dernière offre.
«Il y a un progrès, mais ce n’est toujours pas suffisant, a déclaré le président du SERL, dans une capsule vidéo adressée à ses membres. Dans nos demandes, on veut au moins atteindre l’Indice des prix à la consommation (IPC) et retravailler l’échelle salariale pour aller chercher la moyenne canadienne.»
Quelques points positifs: le retrait du gouvernement des demandes en lien avec les régimes de retraites et la réduction du temps minimum à l’obtention d’un contrat à temps partiel pour les nouveaux enseignant.e.s.
Du côté du Front commun, les négociations s’étirent toujours, tant au niveau national qu’au sectoriel.
À venir
Une accélération des négociations était prévue dès le vendredi 8 décembre en raison de l’union des grèves des deux mouvements syndicaux.
Rappelons qu’il s’agit de l’ultime mouvement avant de le déclenchement d’une GGI pour le Front commun.
Les travailleurs lavallois continueront leurs piquets de grève au cours de la semaine prochaine en croisant toujours les doigts pour un règlement avant les Fêtes.
«Rappelez-vous que nous sommes tous et toutes dans la même lutte: celle de services publics de qualité, d’une école publique qui répond mieux aux besoins de nos élèves jeunes et adultes et de tout le monde qui veut avoir les moyens de faire son travail correctement», a déclaré Mélanie Hubert, présidente de la FAE, lors d’une mise au point sur l’état des négociations, le vendredi 1er décembre.