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    Home - Politique municipale - Maire suppléant: un titre utilisé à des fins électorales?

    Maire suppléant: un titre utilisé à des fins électorales?

    Stéphane St-Amour | Initiative de journalisme localPar Stéphane St-Amour | Initiative de journalisme local16 septembre 2021
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    Mis à jour le 20 avril 2023 à 16h44

    À Laval, le titre de maire suppléant désignant le chef du Mouvement lavallois et candidat à la mairie, Stéphane Boyer, se trouve au coeur d’une bataille juridique à saveur électorale.

    Leader de l’opposition officielle et chef de Parti Laval convoitant également la mairie, Michel Trottier reproche à son vis-à-vis d’usurper ce titre à des fins partisanes en faisant son autopromotion via les communications de la Ville.

    Stéphane Boyer est plutôt d’avis que ce sont ses opposants qui «jouent une game électorale».

    «Ils n’ont rien dit l’hiver dernier durant les mois où j’ai remplacé le maire. Je ne vois pas d’enjeu-là.»

    Rappelons que le 5 janvier 2021, le maire Marc Demers annonçait sur sa page Facebook qu’il allait réduire sensiblement ses activités afin d’être présent aux côtés de sa conjointe qui éprouvait de sérieux ennuis de santé. C’est là qu’il a présenté pour la première fois son vice-président du comité exécutif à titre de maire suppléant. Rapidement, M. Boyer remplace au pied levé le maire lors de la première assemblée du conseil de l’année. Il récidivera en février.

    À la dernière assemblée, M. Demers saluait le travail «colossal» abattu par son bras droit à qui il délègue «peut-être 50 %» de sa tâche de maire, disait-il.

    Moment charnière

    Le hic, c’est que pendant les trois premiers mois où il a suppléé le maire, il était rarement cité dans les communications de la Ville. Et quand il l’était, à une exception près, c’était toujours comme vice-président du comité exécutif, jamais comme maire suppléant.

    Puis, en avril, tout a changé.

    Un changement radical qui coïncide avec son couronnement à la chefferie du Mouvement lavallois où il devient officiellement, le 7 avril, candidat à la mairie de Laval.

    Depuis le 9 avril, M. Boyer est systématiquement identifié comme maire suppléant et vice-président du comité exécutif dans la cinquantaine de communiqués émanant du Service des communications de la Ville où il est cité. Seule exception, ce communiqué publié hier, mercredi 15 septembre, annonçant la transformation du parc Dufresne dans le district de Duvernay-Pont-Viau dont il est le conseiller élu.

    Explication

    «Tout ce que je peux vous dire, c’est que je n’ai pas demandé d’être traité ou appelé différemment», a réagi M. Boyer, précisant que le remplacement qu’il assumait à la mairie devait être temporaire. Il ne voit pas d’autres explications qu’un concours de circonstances. «J’imagine que l’administration y a vu une situation qui devenait de plus en plus régulière où je remplaçais le maire», ajoute-t-il, ce qui justifierait ce décalage de trois mois au niveau de la dénomination officielle.

    Directeur des communications au cabinet du maire, Alexandre Banville renchérit, soulignant que les absences du maire Demers ont été plus marquées de la mi-février jusqu’à la fin du mois de juillet, période correspondant aux interventions chirurgicales et séances de chimiothérapie que subissait sa conjointe. Par ailleurs, M. Banville indique que dès les premières semaines de janvier, Stéphane Boyer a surtout remplacé le maire dans ses rencontres institutionnelles.

    «M. Boyer y agissait formellement comme maire suppléant, et ce, pour la première fois depuis sa nomination comme vice-président du comité exécutif de la Ville de Laval […] À la suite des nombreuses prises de paroles et de sa participation répétée comme maire suppléant au conseil municipal, l’utilisation du titre [maire suppléant] s’est rapidement elle-même imposée», écrit-il dans un échange de courriels, le 16 septembre.

    Quant à la bataille juridique entourant la légitimité de son statut de maire suppléant, la Ville affirme que sa Charte confère de facto le titre de «maire suppléant» au vice-président du comité exécutif. Or, considérant qu’il a été nommé à ce poste en juin 2018, comment expliquer qu’il s’est écoulé plus de deux ans et demi avant qu’on lui accole le titre pour la première fois?

    «Le besoin n’y était pas, répond tout simplement Stéphane Boyer, le maire ayant toujours été présent jusque-là. C’est vraiment à partir de janvier où la situation a commencé à changer».

    Chronologie des événements

    Pour mieux s’y retrouver, voici un bref récapitulatif et quelques dates importantes à retenir.

    20 novembre 2017

    Stéphane Boyer est désigné membre du comité exécutif par le maire Marc Demers.

    7 juin 2018

    Le maire Demers nomme Stéphane Boyer à la vice-présidence du comité exécutif en remplacement de David De Cotis, destitué la veille pour bris de confiance.

    5 janvier 2021

    Dans une publication mise en ligne sur sa page Facebook, le maire Demers annonce qu’il réduira sensiblement ses activités afin d’être présent aux côtés de sa conjointe qui éprouve de sérieux ennuis de santé. S’il dit conserver ses «responsabilités essentielles», M. Demers déclare: «J’ai cependant demandé à Stéphane Boyer, vice-président du comité exécutif et maire suppléant, d’assumer certaines autres de mes fonctions.»

    25 février 2021

    Une première communication officielle publiée par le cabinet du maire présente Stéphane Boyer comme «le maire suppléant» de Laval. On y apprend que M. Demers mandate son vice-président du comité exécutif pour préparer la relance de Laval post-pandémie.

    24 mars 2021

    Pour la première fois dans une communication officielle émanant cette fois du Service des communications et du marketing de la Ville de Laval, Stéphane Boyer est présenté comme maire suppléant. Dans un communiqué annonçant le dépôt d’un premier rapport d’étape relativement à une vaste consultation visant la relance post-COVID-19 que le maire Demers lui confiait un mois plus tôt, Stéphane Boyer est identifié comme «maire suppléant et vice-président du comité exécutif», et ce, trois fois plutôt qu’une.

    6 avril 2021

    En remplacement de Marc Demers, qui ne sollicitera pas de renouvellement de mandat, Stéphane Boyer est couronné chef du Mouvement lavallois et candidat à la mairie de Laval à sept mois des élections municipales.

    9 avril 2021

    Depuis ce jour, chaque fois qu’il est cité dans les communiqués publiés conjointement par la Ville et le cabinet du maire, Stéphane Boyer est systématiquement identifié comme maire suppléant et vice-président du comité exécutif.

    23 août 2021

    Le Mouvement lavallois lance sa campagne électorale sous le slogan «Stéphane Boyer: un maire d’expérience»

    13 septembre 2021

    Stéphane Boyer est mis en demeure de cesser d’utiliser «sans droit» le titre de maire suppléant.

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