Le maire Stéphane Boyer demande au gouvernement du Québec d’appuyer la Ville de Laval dans sa volonté de valoriser et d’optimiser l’utilisation de son territoire agricole.
À travers cette démarche, le premier citoyen lavallois avance même la possibilité d’étendre davantage la zone agricole permanente, laquelle protège près du tiers du territoire de l’île Jésus depuis le décret gouvernemental de 1990.
«Avec une meilleure protection et mise en valeur de la zone agricole permanente, nous souhaitons favoriser l’essor de ce vecteur économique et social important pour Laval. Cela pourrait impliquer d’agrandir le territoire agricole protégé et faciliter le remembrement des terres morcelées par les spéculateurs», a déclaré M. Boyer dans un communiqué publié le 23 janvier.
Cette sortie publique s’inscrivait dans la foulée de la consultation nationale visant à moderniser le régime de protection du territoire agricole qui avait lieu le jour même à Laval.
«Aujourd’hui, nous annonçons notre volonté d’aller encore plus loin. J’ai la conviction que nous pouvons mieux protéger nos terres agricoles sans sacrifier la construction de logements et le développement économique», a ajouté le maire qui dit vouloir «conserver l’unicité du territoire lavallois par des nouvelles façons d’urbaniser».
Le CRE entendu
Dans un mémoire déposé le 12 janvier dans le cadre de la consultation publique entourant le mégaprojet de développement Trudel Studios sur d’anciennes terres cultivées dans l’est de l’île, le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval suggérait justement de tirer profit de la présente révision de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles pour agrandir la zone agricole permanente.
L’organisme y signale les 141 hectares d’inclusions agricoles situées dans le périmètre urbain, lesquels sont protégés par la Loi, mais surtout les quelque 200 hectares de terres encore cultivées dans Saint-François qui ne jouissent d’aucune protection des usages agricoles et, conséquemment, menacés de disparaître. «La Ville de Laval doit clairement signifier son intention de mieux protéger son territoire agricole et militer auprès des instances décisionnelles en ce sens», écrivent les co-auteurs Élodie Morandini et Alexandre Choquet.
«[…] l’agrandissement de la superficie agricole protégée représente un leg audacieux et important pour les générations futures qui doit être porté par la classe politique de notre ville, en plus des organismes actifs sur le territoire et de la population qui l’habite. Il constitue aussi un projet de société qui a le potentiel de faire prendre conscience à la population lavalloise de la chance qu’elle dispose de vivre sur une île où les tissus urbain et agricole sont aussi bien imbriqués, en plus d’assurer la résilience de nos communautés face aux effets des changements climatiques et face aux aléas des chaînes mondiales d’approvisionnement», concluent-ils.
En chiffres
La zone agricole permanente couvre précisément 7053,3 hectares, soit très exactement 29,1 % de l’ensemble du territoire lavallois.
Avec ses 5885,2 hectares, le secteur Est occupe à lui seul 83 % de la zone permanente agricole.
Les trois autres secteurs sont Sainte-Dorothée (1012,6 ha), Sainte-Rose (118,3 ha) et Sainte-Dorothée Sud (37,2 ha).
En 2022, la Ville estimait à 47 % les terres de la zone agricole permanente qui sont en culture.
Laval compte par ailleurs 225 entreprises dans le secteur agroalimentaire, dont 119 exploitants agricoles.
Ce secteur d’activité a généré en 2022 un chiffre d’affaires de 1,3 milliard de dollars, dont 92 millions provenant de la culture de fruits et légumes et de produits d’horticulture ornementale.