L’ouverture de la nouvelle école secondaire de Pont-Viau/Laval-des-Rapides, initialement prévue à la rentrée 2023, est repoussée d’une année.
Les travaux de construction de cette nouvelle école très attendue ont débuté en janvier 2021 alors que le projet avait été amorcé à l’automne 2020.
Rappelons que la Société québécoise des infrastructures (SQI) est gestionnaire de ce projet nécessitant un investissement de 230 millions de dollars.
Alors que le processus d’inscriptions au nouvel établissement était en cours, les parents du secteur ont reçu une communication électronique du Centre de services scolaires de Laval (CSSL) à la fin du mois de mars qui leur annonçait la mauvaise nouvelle: l’école n’ouvrira pas avant septembre 2024.
Le CSSL, quant à lui, a appris la nouvelle de la SQI à la mi-mars.
Explications
Dans sa première annonce, le CSSL justifiait le report d’échéance en précisant que «différents obstacles hors du contrôle de la SQI sont venus perturber le cours des travaux».
Le CSSL a par la suite organisé deux rencontres virtuelles d’information destinées aux parents lors desquelles ces derniers ont pu en savoir un peu plus sur ce retard qui s’expliquerait par des bris de conduits électriques névralgiques, une surchauffe du marché, la pénurie de main-d’œuvre ainsi que des difficultés d’approvisionnement.
De son côté, la SQI s’est rangée derrière le CSSL en affirmant que sa réponse «représente également la perspective de la SQI».
Le CSSL affirme qu’un processus d’analyse est en cours afin d’évaluer le nouvel échéancier de livraison de l’école et pour s’assurer que tout soit fin prêt pour l’accueil des 1300 élèves qui y étaient inscrits à la rentrée 2024-2025.
Plusieurs parents affectés par ce retard doutent des explications apportées par les deux organisations.
«Je suis déçu, mais le sentiment principal que j’ai, c’est la trahison, témoigne avec émotion Tewfik Baba Aissa, père de Laval-des-Rapides. J’ai le sentiment d’avoir été floué. On nous a vendu le projet, on nous a présenté le programme. On était vraiment enthousiastes. Les enfants ont fait leur inscription, ils ont choisi leurs options. Tout roulait comme sur des roulettes jusqu’à l’annonce. Comment ça se fait que personne n’a réalisé avant le mois de mars qu’il y avait un problème?»
«Je comprends que c’est hors de leur contrôle, mais c’est hors de notre contrôle aussi, affirme Véronique Ouimet (nom fictif), mère d’un enfant ayant fait un choix d’école. Moi, je me sens prise dans un système scolaire qui n’est déjà pas à son plein potentiel et, en plus, je me bats avec un centre de services scolaire qui est très peu réceptif dans la situation exceptionnelle qu’elle-même a créé.»
D’autres parents optent pour une approche plus tempérée, tel Brigitte Auclair, présidente du conseil d’établissement de l’école Mont-de-La Salle et mère de deux enfants demeurant à Pont-Viau.
«J’aime être pondérée, voir le bon côté des choses, explique la professeure. Certaines choses sont hors de notre contrôle. Honnêtement, je me doutais que tout ne serait pas tout à fait prêt à l’automne 2023, mais je pensais que les élèves pourraient tout de même faire leur rentrée à la nouvelle école.»
Inscriptions
Le plus gros enjeu pour les citoyens touchés est l’annonce tardive tardif du report de cette ouverture. Ce sont 1300 élèves qui étaient déjà inscrits à la nouvelle école secondaire. On a dû réagir rapidement afin d’ajuster leur situation scolaire.
Le CSSL aurait contacté chaque famille de l’aire de desserte de l’école Mont-de-La Salle afin de modifier les choix de cours selon la volonté de l’enfant et des parents. Or, pour les enfants dont ce n’est pas l’école de quartier régulière, cela ne semble pas être le cas. Mme Ouimet (nom fictif) et son fils, qui est présentement en secondaire 1 à l’école Leblanc, ont sélectionné cet établissement en attendant avec impatience son arrivée. Après l’annonce du report, personne n’a contacté son fils afin de l’aider à faire ses choix scolaires pour l’année 2023-2024.
«Est-ce que les enfants se sentent respectés là-dedans? s’interroge la mère. Moi, mon fils est vraiment en colère. Il ne se sent pas respecté, pas écouté. Ce n’est pas avec lui qu’on a discuté, c’est avec les parents. Il doit vivre avec les conséquences de ce que les adultes ont décidé. Ce n’est pas agréable.»
La famille est toujours en attente d’approbation de l’inscription de l’enfant à l’école Leblanc pour la prochaine année, même si, malheureusement, l’espoir est peu présent quant à la possibilité de choisir une concentration particulière pour l’élève en raison de la date tardive.
Certains parents ressentent plutôt le besoin d’inscrire leur enfant à l’école privée, comme M Aissa qui indique avoir «voulu donner une chance au système public», mais qui a maintenant perdu confiance envers celui-ci.
Il reste que les options sont minces pour ces parents alors que la période des inscriptions scolaires est déjà bien entamée.
Plan d’urgence
Un comité de travail composé d’une équipe multidisciplinaire du CSSL a mis en place un plan temporaire d’un an qui devrait permettre aux élèves inscrits à la nouvelle école de poursuivre leur scolarité.
La majorité des élèves de 6e année seront redirigés vers l’école Mont-de-La Salle. Les élèves résidant dans l’aire de desserte de l’école Saint-Norbert, qui devaient fréquenter l’école Mont-de-La Salle à la rentrée 2023, seront temporairement scolarisés aux écoles Saint-Martin ou Saint-Maxime.
Rappelons que l’école Mont-de-La Salle rencontre déjà depuis des années des enjeux d’espace, car plus de 2000 élèves la fréquentent alors que ses locaux sont conçus pour en accueillir 1800.
«Dans les corridors, c’est surchargé, c’est difficile de circuler, déplore Tewfik Baba Aissa. Les conditions d’apprentissage ne sont pas idéales. Imaginez les professeurs dans quelle situation ils sont! Ils doivent être découragés eux aussi de la situation.»
Selon la présidente du conseil d’établissement de l’école Mont-de-La Salle, le nombre d’élèves supplémentaires dans l’école secondaire à la rentrée 2023-2024, en raison de ce report d’échéance, est estimé à 70.
Des classes extérieures seraient ajoutées autour de l’école secondaire afin de pallier le manque d’espace.