Mais qu’en pensent les experts? Le Courrier Laval en a fait réagir quelques-uns.
«Souvent, on dénigre les friches, lance d’entrée de jeu le directeur du Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval, Guy Garand. Pourtant, ce sont des écosystèmes très riches en termes de diversité biologique.»
Cela est d’autant plus vrai lorsqu’un secteur en friche est le prolongement d’une forêt ou d’un boisé, souligne-t-il, précisant que sa valeur écologique tient notamment du fait que les oiseaux de proie y chassent le petit gibier.
S’il n’en tenait qu’à Guy Garand, le boisé du Trait-Carré et sa friche seraient conservés, entre autres, pour apporter «un peu de fraîcheur et douceur à un secteur déjà très minéralisé qui en fait un important îlot de chaleur.»
Un enjeu
Même son de cloche du côté de Luc Leblanc, président de la Corporation pour la mise en valeur du Bois de l’Équerre et de CANOPÉE, un nouvel organisme régional qui veille à la mise en valeur des bois d’intérêt et orphelins de Laval.
«Les friches sont les grands mal aimés dans la communauté, dit-il. Les gens y voient un endroit un peu à l’abandon qui n’est ni champ ni forêt, alors que les friches ont un rôle fondamental dans l’écosystème. En périphérie des forêts, elles présentent une biodiversité animale et floristique qui fait partie de la chaîne alimentaire.»
Il en veut pour preuve la forêt de 200 hectares du Bois de l’Équerre au cœur de laquelle se trouve une friche. «On fait de la coupe à l’occasion pour qu’elle demeure à l’état de friche. Ça permet d’assurer un équilibre dans l’écosystème. Plusieurs espèces ont besoin de ces espaces ouverts pour pouvoir chasser et survivre […] Elles occupent une place importante dans l’écosystème.»
Aux yeux de celui qui fut membre du comité scientifique de la Conférence canadienne sur la Forêt urbaine que Laval a accueillie en 2017, le bois du Trait-Carré représente un enjeu majeur.
«C’est clair que dans le centre-ville de Laval, il ne reste plus beaucoup de verdure. On est plusieurs à être interpelés, à se poser des questions, fait-il valoir. D’emblée, on s’entend qu’il faut préserver ce qui nous reste de milieux naturels et non les faire disparaître.»
Cela dit, il est conscient que les Villes tirent leurs revenus de l’impôt foncier et que la pression de l’urbanisation est forte.
«On finit par perdre de vue l’importance des milieux naturels sur la santé», enchaîne M. Leblanc en évoquant ces études qui établissent un lien direct entre la disparition des forêts et la hausse des taux de maladies cardiopulmonaires et de mortalité en milieu urbain.
Projet touristique
Toutefois, le président de CANOPÉE croit que le projet récréotouristique de promenade hautement végétalisée dont rêve Tourisme Laval pour le centre-ville pourrait changer la donne.
«Ce sont des gens d’affaires qui y voient une valeur ajoutée. On voit qu’on peut joindre l’écologie à l’économie, se réjouit-il tout en traçant un parallèle avec le High Line de New-York, cette ancienne voie ferrée aérienne transformée en parc linéaire. Plutôt que de le démolir et de construire des tours à bureaux, ils l’ont bonifié et les immeubles autour ont une plus grande valeur aujourd’hui. Un investissement public qui profite à la communauté et au tourisme.»
Actuellement en étude de préfaisabilité, cette promenade connecterait notamment le bois du Trait-Carré au Boisé du Souvenir, mentionne Daniel Desroches, chercheur en éthique de l’environnement et cofondateur des Amis du Boisé du Souvenir à qui l’on doit la sauvegarde définitive de cet espace vert longtemps menacé par le projet de parachèvement du boulevard du Souvenir.
Un test
«S’il y a la moitié du bois du Trait-Carré qui est amputé au profit d’édifices à hauteur illimitée, ça mettrait un peu en péril le projet de promenade et de connexion écologique», soutient M. Desroches, dont le groupe a déposé les plans d’un concept semblable lors des audiences publiques liées à la révision du schéma d’aménagement en 2015.
«La friche comme telle permettrait d’y aménager la promenade en offrant deux types d’écosystème, poursuit-il. Il y a une richesse-là. Le boisé seul, c’est bien de le garder, mais il y a un potentiel plus grand avec la friche, surtout dans la perspective d’un grand parc urbain au centre-ville.»
S’il garde espoir, Daniel Desroches convient que cela exige «une vision à plus long terme qui va au-delà des simples considérations financières des promoteurs. Souvent, il faut encourager la Ville à être cohérente. On a vu qu’elle était capable d’incarner une vision, mais là elle rencontre un test. Avec le projet de Tourisme Laval, les autorités municipales ont une occasion en or d’aller dans ce sens-là.»
Éco-Nature
Par ailleurs, dans son mémoire déposé au printemps 2017 dans la foulée du second projet de schéma d’aménagement et développement révisé, l’organisme Éco-Nature demandait à la Ville, entre autres, d’inclure des friches dans sa cible de conservation.
«Les superficies envisagées par la Ville sont essentiellement boisées et elles contribuent notamment à lutter contre les îlots de chaleur, peut-on y lire en page 4. Cependant, des milieux naturels tout aussi importants à protéger ont été omis: les milieux humides, les cours d’eau intérieurs, les deux rivières, les rives et les friches. Ces milieux devraient également être soustraits au développement, ne serait-ce que pour leurs rôles essentiels sur la santé et la sécurité publique.»
Au moment de mettre sous presse, la biologiste et directrice des programmes de protection et conservation à Éco-Nature, Anaïs Boutin, n’avait pas retourné nos appels.
Mais qu’en pensent les experts? Le Courrier Laval en a fait réagir quelques-uns.
«Souvent, on dénigre les friches, lance d’entrée de jeu le directeur du Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval, Guy Garand. Pourtant, ce sont des écosystèmes très riches en termes de diversité biologique.»
Cela est d’autant plus vrai lorsqu’un secteur en friche est le prolongement d’une forêt ou d’un boisé, souligne-t-il, précisant que sa valeur écologique tient notamment du fait que les oiseaux de proie y chassent le petit gibier.
S’il n’en tenait qu’à Guy Garand, le boisé du Trait-Carré et sa friche seraient conservés, entre autres, pour apporter «un peu de fraîcheur et douceur à un secteur déjà très minéralisé qui en fait un important îlot de chaleur.»
Un enjeu
Même son de cloche du côté de Luc Leblanc, président de la Corporation pour la mise en valeur du Bois de l’Équerre et de CANOPÉE, un nouvel organisme régional qui veille à la mise en valeur des bois d’intérêt et orphelins de Laval.
«Les friches sont les grands mal aimés dans la communauté, dit-il. Les gens y voient un endroit un peu à l’abandon qui n’est ni champ ni forêt, alors que les friches ont un rôle fondamental dans l’écosystème. En périphérie des forêts, elles présentent une biodiversité animale et floristique qui fait partie de la chaîne alimentaire.»
Il en veut pour preuve la forêt de 200 hectares du Bois de l’Équerre au cœur de laquelle se trouve une friche. «On fait de la coupe à l’occasion pour qu’elle demeure à l’état de friche. Ça permet d’assurer un équilibre dans l’écosystème. Plusieurs espèces ont besoin de ces espaces ouverts pour pouvoir chasser et survivre […] Elles occupent une place importante dans l’écosystème.»
Aux yeux de celui qui fut membre du comité scientifique de la Conférence canadienne sur la Forêt urbaine que Laval a accueillie en 2017, le bois du Trait-Carré représente un enjeu majeur.
«C’est clair que dans le centre-ville de Laval, il ne reste plus beaucoup de verdure. On est plusieurs à être interpelés, à se poser des questions, fait-il valoir. D’emblée, on s’entend qu’il faut préserver ce qui nous reste de milieux naturels et non les faire disparaître.»
Cela dit, il est conscient que les Villes tirent leurs revenus de l’impôt foncier et que la pression de l’urbanisation est forte.
«On finit par perdre de vue l’importance des milieux naturels sur la santé», enchaîne M. Leblanc en évoquant ces études qui établissent un lien direct entre la disparition des forêts et la hausse des taux de maladies cardiopulmonaires et de mortalité en milieu urbain.
Projet touristique
Toutefois, le président de CANOPÉE croit que le projet récréotouristique de promenade hautement végétalisée dont rêve Tourisme Laval pour le centre-ville pourrait changer la donne.
«Ce sont des gens d’affaires qui y voient une valeur ajoutée. On voit qu’on peut joindre l’écologie à l’économie, se réjouit-il tout en traçant un parallèle avec le High Line de New-York, cette ancienne voie ferrée aérienne transformée en parc linéaire. Plutôt que de le démolir et de construire des tours à bureaux, ils l’ont bonifié et les immeubles autour ont une plus grande valeur aujourd’hui. Un investissement public qui profite à la communauté et au tourisme.»
Actuellement en étude de préfaisabilité, cette promenade connecterait notamment le bois du Trait-Carré au Boisé du Souvenir, mentionne Daniel Desroches, chercheur en éthique de l’environnement et cofondateur des Amis du Boisé du Souvenir à qui l’on doit la sauvegarde définitive de cet espace vert longtemps menacé par le projet de parachèvement du boulevard du Souvenir.
Un test
«S’il y a la moitié du bois du Trait-Carré qui est amputé au profit d’édifices à hauteur illimitée, ça mettrait un peu en péril le projet de promenade et de connexion écologique», soutient M. Desroches, dont le groupe a déposé les plans d’un concept semblable lors des audiences publiques liées à la révision du schéma d’aménagement en 2015.
«La friche comme telle permettrait d’y aménager la promenade en offrant deux types d’écosystème, poursuit-il. Il y a une richesse-là. Le boisé seul, c’est bien de le garder, mais il y a un potentiel plus grand avec la friche, surtout dans la perspective d’un grand parc urbain au centre-ville.»
S’il garde espoir, Daniel Desroches convient que cela exige «une vision à plus long terme qui va au-delà des simples considérations financières des promoteurs. Souvent, il faut encourager la Ville à être cohérente. On a vu qu’elle était capable d’incarner une vision, mais là elle rencontre un test. Avec le projet de Tourisme Laval, les autorités municipales ont une occasion en or d’aller dans ce sens-là.»
Éco-Nature
Par ailleurs, dans son mémoire déposé au printemps 2017 dans la foulée du second projet de schéma d’aménagement et développement révisé, l’organisme Éco-Nature demandait à la Ville, entre autres, d’inclure des friches dans sa cible de conservation.
«Les superficies envisagées par la Ville sont essentiellement boisées et elles contribuent notamment à lutter contre les îlots de chaleur, peut-on y lire en page 4. Cependant, des milieux naturels tout aussi importants à protéger ont été omis: les milieux humides, les cours d’eau intérieurs, les deux rivières, les rives et les friches. Ces milieux devraient également être soustraits au développement, ne serait-ce que pour leurs rôles essentiels sur la santé et la sécurité publique.»
Au moment de mettre sous presse, la biologiste et directrice des programmes de protection et conservation à Éco-Nature, Anaïs Boutin, n’avait pas retourné nos appels.